GODZILLA RESURGENCE (2016)

Oubliez tout ce que vous pensiez connaître : ce Godzilla redéfinit de fond en comble le mythe le plus célèbre du cinéma japonais

SHIN GOJIRA

2016 – JAPON

Réalisé par Hideaki Anno et Shinji Higuchi 

Avec Hiroki Hasagewa, Yutaka Takenouchi, Satomi Ishihara, Ren Osugi, Akira Emoto, Kengo Kôra, Mikako Ichikawa

THEMA DINOSAURES I SAGA GODZILLA

Comme si elle était elle-même en mutation perpétuelle, la saga Godzilla n’en finit plus de se réinventer, comme en témoigne Godzilla Résurgence qui ignore effrontément tous les films précédents, y compris l’œuvre originale d’Inoshiro Honda. Le scénario s’attarde sur les autorités politiques et militaires, montrant leur incapacité à gérer la situation de crise que constitue le surgissement d’un monstre inconnu en plein Tokyo. Les palabres n’en finissent plus, chacun se contredit, les luttes de pouvoir et la quête désespérée d’une bonne image prennent le pas sur le bien-être des citoyens. La mise en scène elle-même cherche une certaine singularité, alternant les plans larges au grand-angle qu’on croirait issus d’un film de Stanley Kubrick et les gros plans insistant sur les regards perplexes, incrédules ou impuissants. Le montage est parfois très nerveux, les angles de vue souvent insolites, et la réalisation emprunte parfois ses effets au « found footage » lorsque les événements sont vus à travers les téléphones portables des passants. 

La créature qui surgit initialement ne ressemble que de loin au Godzilla que nous connaissons. C’est un être pataud, aux membres antérieurs atrophiés, qui rampe pathétiquement entre les immeubles en arborant un faciès amphibien affublé de deux énormes yeux immobiles. La bête étant en métamorphose permanente, elle ressurgit plus tard sous forme d’un dinosaure bipède à la mâchoire gigantesque garnie d’une multitude de dents acérées, aux yeux noirs et enfoncés, aux pattes avant rigides, aux membres postérieurs disproportionnés et à la queue immensément longue. Alors que les protagonistes humains nagent en pleine confusion, le scénario révèle que cette créature marine préhistorique a été réveillée et s’est mise à muter à cause d’un stock de produits radioactifs abandonnés au fond des océans.

« C'est vraiment l'incarnation d'un dieu ! »

Chacun désirant s’approprier sa découverte, les Américains et les Japonais lui donnent chacun un nom : Godzilla pour les uns, Gojira pour les autres. Cette rivalité entre les deux nations s’accroit lorsque les bombardements de l’US Air Force, au lieu d’affaiblir Godzilla, le dotent de son redoutable rayon radioactif, lequel se déploie de manière incroyablement destructrice, la bouche du monstre s’ouvrant démesurément pour vomir des torrents d’énergie incandescente. Le film n’hésite ainsi pas à transfigurer la morphologie de cette figure iconique pour mieux l’élever au rang de divinité, ce que confirment une bande originale soudain muée en opéra tragique et la réplique d’un officiel abasourdi déclarant : « c’est vraiment l’incarnation d’un Dieu ! » Godzilla Résurgence se pare du coup d’images apocalyptiques, comme ces dizaines de trains lancés à vive allure sur le monstre qui se crashent en se déployant comme les tentacules désordonnés de quelque céphalopode mécanique. Le film prend une tournure tragique lorsque le Japon, désemparé, accepte que les États-Unis bombardent Tokyo avec une bombe nucléaire. Ainsi Godzilla Résurgence ravive-t-il le fantôme du traumatisme d’Hiroshima, celui qui avait justement donné naissance au tout premier film de la saga, et nous offre-t-il la vision inédite d’un monstre qu’on croyait pourtant connaître sur le bout des doigts.
 
© Gilles Penso

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JEEPERS CREEPERS (2001)

Victor Salva invente un nouveau croquemitaine dont l'enveloppe humaine cache une entité démaoniaque

JEEPERS CREEPERS

2001 – USA/ALLEMAGNE

Réalisé par Victor Salva

Avec Gina Philips, Justin Long, Jonathan Breck, Eileen Brennan, Patricia Belcher, Brandon Smith, Peggy Sheffield, Patrick Cherry

THEMA DIABLES ET DÉMONS I SAGA JEEPERS CREEPERS

Produit par Francis Coppola et érigé en petit classique du cinéma d’horreur dès sa sortie sur les écrans, Jeepers Creepers démarre littéralement sur des chapeaux de roue. Au cours d’un prologue calqué sur celui de Duel, Darry Jenner et sa sœur aînée Trish, sur la route pour regagner la maison de leurs parents, se font poursuivre par un vieux camion tout rouillé particulièrement menaçant. L’impact de cette première séquence repose non seulement sur la mise en scène de Victor Salva, redoutablement efficace et immersive, mais aussi sur ses deux personnages dont la profondeur, le naturel et la crédibilité tranchent avec les teenagers transparents habituellement de mise en pareil contexte. Une fois leur poursuivant semé, Darry et Trish se remettent de leurs émotions, mais ils aperçoivent plus loin sur la route le même camion garé près d’une église en ruine. Et en y regardant de près, ils jureraient voir son occupant balancer un cadavre au fond d’un puits avant de prendre la poudre d’escampette. 

En attendant de pouvoir prévenir la police, Darry décide contre l’avis de sa sœur d’aller jeter un coup d’œil dans le puits, histoire d’en avoir le cœur net. Ce qu’il y découvre le terrifie et le traumatise au plus haut point. Car dans le souterrain sous l’église gisent des centaines de corps mutilés puis recousus à la hâte. Cette macabre découverte, particulièrement éprouvante, éloigne définitivement le film de l’influence du thriller routier spielbergien pour nous plonger dans l’atmosphère d’un survival moite façon Massacre à la TronçonneuseMais le scénario prend alors une nouvelle tournure, bringuebalant dans une sorte de train fantôme imprévisible un spectateur qui n’en demandait pas tant. Car plus l’intrigue se développe, plus il devient évident que nous n’avons affaire ni à un routier psychopathe, ni à un vulgaire tueur qui collectionne les corps humains. La menace qui plane désormais sur Darry et Trish est un monstrueux démon venu du fond des âges pour se repaître de chair humaine et suivant ses victimes grâce à un flair surdéveloppé. Son aspect humain n’est donc qu’apparent, et ses pouvoirs surnaturels se dévoilent peu à peu. 

Le point de départ d'une petite franchise

Jeepers Creepers démarre si fort, et promet une telle descente aux enfers, que l’effet crescendo est fatalement brisé par un troisième acte un peu faible. La faute en incombe au monstre lui-même, dont la nature et les motivations nous échappent en grande partie, mais aussi à un personnage de médium qui sait tout et se sent obligé d’expliquer aux héros et aux spectateurs les règles du jeu. Ce procédé facile, hérité de la vieille Bohémienne du Loup-Garou et repris notamment par le croque-mort de Destination Finale, sent tellement l’artifice qu’il nuit à la cohésion de l’ensemble. D’autant que la fameuse chanson « Jeepers Creepers », sensée annoncer la venue du monstre, est une idée évasive qui semble abandonnée en cours de route. Au titre des réserves, on peut aussi citer un final abrupt et confus qui s’avère un tantinet frustrant. Jeepers Creepers vaut pourtant largement le détour grâce à son atmosphère oppressante et à ses étonnantes séquences d’échauffourées entre le monstre et les policiers locaux. Le film connut suffisamment de succès pour initier une petite franchise.
 
© Gilles Penso

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LE PUITS ET LE PENDULE (1991)

Le réalisateur de Re-Animator s'empare d'une nouvelle d'Edgar Poe pour y injecter son sens de l'horreur… et de l'humour

THE PIT AND THE PENDULUM

1991 – USA

Réalisé par Stuart Gordon

Avec Lance Henriksen, Rona de Ricci, Jonathan Fuller, Frances Bay, Mark Margolis, Stephen Lee, Jeffrey Combs, Oliver Reed

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND

Au milieu des années 80, Stuart Gordon s’était frotté avec succès à l’univers de l’écrivain H.P. Lovecraft, via Re-Animator et From Beyond. Pour varier les plaisirs, il s’attaque ici à un autre géant de la littérature fantastique : Edgar Allan Poe. En jetant son dévolu sur la nouvelle « Le Puits et le Pendule », il ne se simplifie guère la tache, dans la mesure où cette dernière, située dans un lieu clos et racontée à la première personne, se déroule intégralement dans l’obscurité. Ce que résume assez bien cette phrase issue du texte initial : « l’univers ne fut plus que nuit, silence, immobilité. » Roger Corman lui-même avait dû imaginer de toutes pièces un scénario s’inspirant vaguement de la nouvelle pour sa Chambre des torturesGordon fait de même, avec l’aide de son fidèle scénariste Dennis Paoli, tout en s’efforçant de conserver le contexte historique évoqué par Poe. Mais le projet connaît une énorme déconvenue qui manque de l’annuler purement et simplement. Conçu initialement pour la star Peter O’Toole, avec un budget de six millions de dollars et des décors somptueux édifiés aux studios britanniques Elstree, Le Puits et le pendule est au départ un film ambitieux que le producteur Charles Band porte à bout de bras. Mais le plus gros du budget est censé être fourni par la compagnie de distribution Vestron qui fait finalement faillite. Band ne se démonte pas pour autant. Il relocalise le tournage en Italie, plus précisément dans le château qu’il possède à Rome, rebudgète le film autour d’un million de dollars et change de casting.
Le Puits et le pendule se déroule en 1692, dans la ville de Tolède, siège des exactions du célèbre inquisiteur espagnol Torquemada, que Mel Brooks avait pastiché avec panache dans sa Folle histoire du mondeIlluminé, obsessionnel et saisi régulièrement de pulsions sado-masochistes, ce redoutable tortionnaire n’est donc pas incarné par Peter O’Toole mais par Lance Henriksen, qui tourna en tout début de carrière avec Charles Band à l’occasion de Massacre Mansion. Le film n’y perd pas au change, tant l’acteur buriné semble habité par son personnage. Pour se rappeler que le cours du destin est immuable et imprévisible, il vit sous une épée de Damoclès – au sens propre – qui menace à tout moment de lui tomber sur la tête. Mais lorsque ses geôles se referment sur la belle Maria Alvarez, une jeune boulangère accusée arbitrairement de sorcellerie, notre homme est consommé par des sentiments nouveaux, qu’il s’efforce coûte que coûte de refouler. En ce sens, le Torquemada de Stuart Gordon n’est pas sans nous évoquer le Frodo de Victor Hugo, la filiation s’avérant quasiment assumée lorsque nous découvrons la compagne de cellule de Maria, une vieille sorcière répondant aux doux nom de… Esmeralda !

Entre noirceur malsaine et second degré potache

Le puits et le pendule qui donnent un peu abusivement son titre au film interviennent dans une séquence de suspense plutôt réussie, même si nous sommes à mille lieues des terreurs primales décrites par Poe. On y voit l’époux de l’infortunée boulangère ligoté au sol. Tandis qu’une lame effilée descend inexorablement vers son torse en se balançant, un puits hérissé de pics acérés menace de s’ouvrir sous lui. Et pour couronner le tout, des rats affamés se mettent à le grignoter joyeusement.  Chez Gordon, l’horreur se partage d’ailleurs souvent entre le second degré un peu potache (comme en témoigne ce prologue où un squelette est exhumé pour être fouetté et réduit en poussière) et la noirceur volontiers malsaine (l’éprouvante séquence de la langue coupée). Au passage, le scénario se permet d’autres allusions à l’univers d’Edgar Poe, notamment une dégustation de vin italien (« La Barrique d’Amontillado »), l’enterrement d’une jeune fille encore vivante (« La Chute de la maison Usher ») et l’emmurement d’un indésirable (« Le Chat noir »). Malgré ses bonnes intentions, Le Puits et le pendule passa quelque peu inaperçu, incitant le cinéaste à retrouver son écrivain fétiche à l’occasion de Dagon.
 
© Gilles Penso

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VIDEODROME (1983)

Chez David Cronenberg, la télévision devient le vecteur de métamorphoses biomécaniques particulièrement perturbantes

VIDEODROME

1983 – USA / CANADA

Réalisé par David Cronenberg

Avec James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry, Peter Dvorsky, Leslie Carlson, Jack Creley, Lynne Gormann

THEMA CINEMA ET TELEVISION 

« Ma vie quotidienne est plutôt paisible, et la plupart des images violentes que j’ai dans la tête viennent de la télévision. Cette violence existe chez chaque être humain, et en tant qu’artiste, je m’efforce de la combattre. » (1) Ces quelques mots de David Cronenberg, permettent de mieux appréhender son projet Videodrome, un film d’horreur expérimental dans lequel la télévision ne se contente pas de manipuler ceux qui la regardent mais finit par détruire leur esprit tout en provoquant d’abominables mutations physiques. Le personnage central du film est Max Renn (James Woods), directeur d’une chaîne câblée qui découvre un jour des snuff movie malsains constitués de tortures et de meurtres diffusés en direct sur le programme « Videodrome ». Les téléspectateurs soumis à ce programme sont d’abord victimes d’hallucinations, puis voient se développer une tumeur cervicale, avènement de « la nouvelle chair ». L’homme se mue alors en véritable magnétoscope vivant, dans le ventre duquel on peut insérer des cassettes vidéo, et que l’on peut programmer à loisir. Ces idées folles donnent lieu à des séquences d’effets spéciaux hallucinantes, œuvres de Rick Baker alors auréolé du succès de son travail prodigieux sur Le Loup-garou de Londres : tête absorbée par un écran, bras enfoncé dans un estomac, téléviseurs qui enflent en laissant apparaître de grosses veines… Pour abattre cette colossale somme de travail, Baker se fait épauler par des artistes de la trempe de Bill Sturgeon, Doug Beswick et Steve Johnson. 

L’une des images les plus iconiques du film est le pistolet qui se greffe à la main de Max Renn pour faire partie intégrante de son anatomie devenue hybride, en une vision surréaliste digne des créations biomécaniques de Giger. Le point culminant de ces délires organiques est la décomposition peu ragoûtante de Barry Convex (Leslie Carlson), propriétaire du programme « Videodrome », après que Max Renn lui ait tiré dessus avec sa main pistolet en criant « longue vie à la nouvelle chair ! ». Les effets spéciaux de Videodrome sont toujours aussi déstabilisants aujourd’hui, et l’une des raisons de leur atemporalité réside probablement dans le fait qu’ils aient tous été réalisés « physiquement », autrement dit en direct sur le plateau de tournage, sans recours à la post-production. 

L'avènement de la « nouvelle chair »

Encore plus que dans ses œuvres précédentes, Cronenberg mêle l’horreur à la sexualité, comme si phobie et plaisir étaient amenés à fusionner. « Il y a plusieurs éléments qui m’intéressent dans la mise en scène de la sexualité », dit-il. « L’un d’entre elles est le fait qu’au moment de l’acte lui-même, chaque individu atteint souvent des instants de grande vulnérabilité émotionnelle. Je trouve ça fascinant. » (2) Il faut bien sûr saluer la performance de James Woods, qui incarne avec beaucoup de conviction le héros malgré-lui de cette aventure, amené à devenir le premier cobaye humain du programme. Même si Videodrome a été conçu pour le grand écran, son visionnage à la télévision procure un sentiment encore plus éprouvant, comme si les téléspectateurs réels du film s’apprêtaient à subir les mêmes mutations que ceux – fictifs – mis en scène par Cronenberg.
 
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2005.
 
© Gilles Penso

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BONE TOMAHAWK (2015)

Un western lent et contemplatif qui bascule sans préavis dans l'horreur la plus brutale et la plus extrême…

BONE TOMAHAWK

ANNEE – PAYS

Réalisé par S. Craig Zahler

Avec Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins, Lili Simmons, David Arquette, Sid Haig

THEMA CANNIBALES 

A mi-chemin entre le western contemplatif, le survival brutal et le film d’horreur extrême, Bone Tomahawk est une œuvre déroutante et inclassable, portée par un casting de premier ordre. S. Craig Zahler, scénariste et réalisateur du film, s’était distingué par le passé en écrivant des pièces de théâtre, des romans et le scénario du film d’horreur The IncidentBone Tomahawk s’inspire d’un roman que Zahler écrivit quelques années plus tôt, « Race of the Broken Land », dont les péripéties ont été considérablement ramenées à la baisse pour que ce premier long-métrage puisse entrer dans un budget raisonnable : 1,8 millions de dollars et un tournage de 21 jours. Nous sommes en 1850, dans la petite ville tranquille de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique. Après qu’un duo de bandits (David Arquette et Sid Haig) ait osé profaner leur sanctuaire, une horde de créatures troglodytes et anthropophages, en quête de vengeance, s’introduit parmi les habitations pour kidnapper l’un des adjoints du shérif et la femme médecin de la ville. Pour tenter de sauver les captifs, le shérif (Kurt Russell), accompagné de trois hommes (Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins), se lance à leur poursuite. La longue traversée qu’ils entreprennent va forger leurs liens et mettre à jour leurs personnalités. Mais au bout du chemin, c’est l’horreur absolue qui les attend… 

Le film part sous les meilleurs auspices, grâce à ses personnages attachants campés par d’excellents comédiens, mais le voyage initiatique attendu se mue en promenade répétitive, besogneuse et interminable. Car il ne se passe pratiquement rien pendant une heure et demi de métrage, et la patience du spectateur y est mise à très rude épreuve. D’autant que soudain, à vingt minutes de la fin, le film opère un virage à 180° pour basculer dans une violence qui ferait presque passer Cannibal Holocaust pour un épisode de Dora l’exploratrice. L’horreur y est crue, inattendue et très explicite. « J’ai grandi en regardant des films d’horreur et j’ai l’habitude des scènes extrêmes », nous confie le réalisateur. « Pour réussir à me choquer, il faut aller très loin. C’est ce que j’ai essayé de faire. » (1) 

La moustache de Kurt Russell

Le film nous laisse forcément une impression mitigée, tant les intentions de son réalisateur nous échappent… Trop lent, trop contemplatif, Bone Tomahawk noie ainsi une poignée d’excellentes séquences dans un océan d’ennui qui viendra sans doute à bout de la patience de bien des spectateurs. Mais le talent de Zahler est indéniable et sa carrière est à suivre de très près. Pour l’anecdote, si Kurt Russell arbore ici le même look que dans Les Huit Salopards de Quentin Tarantino, ce n’est pas totalement le fruit du hasard. « Dans le scénario, je décris le personnage avec une barbe bien taillée, parce que je voulais avoir une adéquation entre son caractère très strict et son apparence physique », explique Zahler. « Mais Kurt était en train de tourner Les Huit Salopards, avec cette énorme paire de moustaches, et il était très à l’aise avec cet attribut physique. Les deux tournages ont quasiment eu lieu simultanément. Du coup, le look qu’il a dans Bone Tomahawk est un juste milieu entre celui que j’avais en tête et celui qu’il a dans chez Tarantino. » (2)
 
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2016
 
© Gilles Penso

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ALERTE ! (1995)

Dustin Hoffman, Renée Russo et Morgan Freeman luttent contre un virus qui menace la planète toute entière…

OUTBREAK

1995 – USA

Réalisé par Wolfgang Petersen

Avec Dustin Hoffman, René Russo, Morgan Freeman, Donald Sutherland, Kevin Spacey, Cuba Gooding Jr, Patrick Dempsey

THEMA CATASTROPHES

Wolfgang Petersen a souvent flirté avec le genre fantastique en y injectant toujours une certaine gravité, qu’il s’agisse de paraboles sociales métaphoriques telles qu’Enemy ou de contes de fées plus sombres qu’ils n’y paraissent comme L’Histoire sans Fin. Avec Alerte !, il s’attaque au genre catastrophe nimbé d’une pincée de science-fiction (ou plutôt de spéculation scientifique, tant les faits narrés évoquent une réalité bien tangible) qu’il aborde volontairement sous l’angle du drame réaliste. Et s’il sacrifie aux conventions du genre, héritées des années 70, qui favorisent la multiplication de têtes d’affiches, son casting s’éloigne des clichés habituels. 

Au lieu d’opter pour des ex-star de cinéma d’action ou d’aventure sur le retour, il choisit des anti-héros parfaits (Dustin Hoffman, Renée Russo, Morgan Freeman) et les plonge dans la tourmente, le doute et la remise en question. Certes, le rôle tenu par Hoffman était initialement prévu pour Harrison Ford. Mais ce contre-emploi s’avère finalement très heureux (et Petersen retrouvera Ford deux ans plus tard dans Air Force One). L’ancien Marathon Man incarne donc le colonel Sam Daniels, de l’Institut de Recherche sur les Maladies Infectieuses. Dépêché au Zaïre par le général Ford (Freeman), il enquête sur une épidémie survenue dans un petit village isolé de la vallée de Motaba. Sur place, Sam découvre que la contamination dévastatrice s’est propagée en quelques heures à cause d’un virus inconnu et mortel. De retour aux États-Unis, il s’efforce de déterminer l’origine de la maladie, mais ses efforts sont freinés par Ford et par le général McClintock (Donald Sutherland), qui désirent cacher l’existence du virus Motaba… 

Une caméra qui adopte le point de vue des microbes

Les descriptions de l’épidémie et de la maladie sont assez éprouvantes, parce que montrées crûment, même si Wolfgang Petersen ne réussit pas toujours à éviter de petites parenthèses mélodramatiques un peu artificielles, comme cette scène où une femme contaminée pleure à chaudes larmes en quittant son époux et ses deux enfants avant d’être embarquée par l’armée. La mise en scène adopte parfois des angles de vue très surprenants, comme ces microbes suivis par la caméra à l’intérieur d’une salle de cinéma, ou ce plan-séquence le long d’un conduit d’air. « J’ai beaucoup aimé tourner ces plans étranges et vertigineux », nous raconte le réalisateur, « car c’était pour moi une manière de traiter le virus comme le méchant de l’histoire, en adoptant directement son point de vue. Cela dit, plus l’histoire avance, plus on en vient à se demander si le méchant n’est pas l’homme lui-même, capable de créer d’abominables armes bactériologiques. C’est surtout ce questionnement qui m’intéressait dans Alerte ! » (1). Soucieux de contrebalancer la noirceur du propos par quelques séquences d’action nerveuses, Petersen se permet un prologue explosif, qui fait démarrer le film sur des chapeaux de roue, et une poursuite finale échevelée, au cours de laquelle l’hélicoptère de Donald Sutherland (le méchant parfait) menace d’exploser à tout moment. Mais la force d’Alerte ! reste sa narration à échelle humaine, qui permet d’autant mieux de mesurer l’ampleur d’un fléau qui menace la planète toute entière.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1995.

 

© Gilles Penso

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FIDO (2007)

Dans un monde parallèle qui se serait arrêté dans les années 50, les zombies sont devenus des compagnons fidèles…

FIDO

2007 – CANADA

Réalisé par Andrew Currie

Avec Carrie-Anne Moss, Billy Connolly, Dylan Baker, K’Sun Ray, henry Czerny, Tim Blake Nelson, Sonia Bennett, Jennifer Clement

THEMA ZOMBIES I POLITIQUE-FICTION 

Fido est une excellente surprise, dans la mesure où Andrew Currie se réapproprie le thème archi galvaudé du zombie pour l’inscrire dans un contexte uchronique particulièrement original. Dans cette Amérique parallèle, la seconde guerre mondiale a bel et bien eu lieu, mais elle opposait humains et morts-vivants. Un nuage stellaire de poussière radioactive déclencha en effet un effroyable appétit de chair humaine auprès d’une bonne partie de la population muée en horde de cadavres ambulants anthropophages. Le chaos ne s’interrompit que grâce à l’intervention de la multinationale ZomCom, qui mit au point un collier permettant de domestiquer les zombies. Aujourd’hui, toutes les familles respectables possèdent désormais leur zombie. Devenues jardiniers, livreurs de lait ou même animaux de compagnie, ces créatures sont parfaitement intégrées dans la société, et s’affichent même aux yeux de tous comme les signes extérieurs de richesse de leurs propriétaires. Pour le petit Timmy, la possession d’un zombie est l’occasion d’avoir un compagnon de jeu fidèle. Mais lorsque le collier de Fido (tel est son petit nom) tombe en panne, la panique s’apprête à envahir les lieux. 

D’emblée, Fido surprend par sa superbe reconstitutions des années cinquante, époque euphorique sous le vernis de laquelle transparaissent bien vite le racisme, le machisme et l’intolérance. Ainsi l’argument fantastique sert-il ici de miroir déformant de notre propre histoire, Currie prolongeant à sa manière la démarche politique de George Romero. Aux yeux du cinéaste, ces fifties en apparence paisibles offrent une correspondance troublante avec l’Amérique sécuritaire prônée par George Bush Jr au début des années 2000. Pour étayer son propos, il s’arme d’une direction artistique impeccable, tout – décors, costumes, lumières – étant ciselé avec minutie. Du côté des acteurs, rien à redire. Carie Anne Moss s’avère étonnante dans un registre à 180° par rapport à la saga Matrix qui la révéla, et Billy Connolly excelle dans l’exercice difficile du mort-vivant domestique, sous les remarquables maquillages spéciaux de l’atelier de Todd Masters. 

L'amour est-il le propre de l'homme vivant ?

Le concept de Fido témoigne d’un manifeste grain de folie, mais il est assumé jusqu’au bout et offre finalement au spectateur un récit extrêmement prenant, dont l’essence même repose sur une interrogation inédite : l’amour est-il le propre de l’homme – de l’homme vivant tout du moins ? En opposant ce sentiment pur, simple et naturel au régime quasi-totalitaire décrit dans son film, au sein duquel la peur est un outil idéal pour contrôler et maîtriser la population, Andrew Currie brasse des interrogations universelles et atemporelles, dépassant largement le cadre apparent d’une série B d’horreur et de science-fiction. Pour ne rien gâcher, le scénario co-écrit par Currie, Robert Chomiak et Dennis Heaton nous offre quelques répliques savoureuses, comme lorsque le père de Timmy, incarné par Bill Robinson, affirme : « Je pense être un très bon père. Mon père a essayé de me manger. Je ne me souviens pas avoir essayé de manger Timmy » ! Chouchou des festivals, Fido a remporté le Prix Spécial du Jury à Gérardmer, l’Audience Award au Londin Canadian Film festival et le VFCC Award au Vancouver Film Critics Circle.
 
© Gilles Penso

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LA NUIT DES FOUS VIVANTS (1973)

Entre deux films de morts-vivants, George Romero continue à brocarder les militaires et les politiciens face à un nouveau fléau

THE CRAZIES

1973 – USA

Réalisé par George Romero

Avec Lane Carroll, Will MacMillan, Harold Wayne Jones, Lloyd Hollar, Lynn Lowry, Richard Liberty, Richard France

THEMA MUTATIONS 

Après le coup d’éclat de La Nuit des Morts-Vivants, George Romero tentait de varier les plaisirs avec la comédie romantique légère There’s Always Vanilla. Constellé d’intéressantes expérimentations de mise en scène, ce second long-métrage visiblement influencé par la Nouvelle Vague française est hélas très mal distribué et passe complètement inaperçu. Romero retient la leçon et décide de revenir sévir dans le genre fantastique auquel il ne fera quasiment plus jamais d’infidélité. C’est la raison qui le pousse à mettre en scène The Crazies, que des distributeurs français opportunistes affublent d’un titre totalement absurde : La Nuit des fous vivants ! Le scénario s’inspire d’une histoire écrite par Paul McCollough, ami et collaborateur du cinéaste. Le postulat est simple : un médicament expérimental, dont le nom de code est Trixie, a été déversé dans les réserves d’eau d’une petite ville de Pennsylvanie. Dès lors, les habitants semblent pris d’accès de folie très violents. Face à cette menace inattendue et particulièrement contagieuse, les citoyens et les forces de l’ordre tentent de résister, tandis que les scientifiques s’efforcent d’enrayer la contamination. Si les cadavres ambulants ne sont pas ici de la partie, les motifs chers à Romero sont plus que jamais prégnants, notamment l’opposition des scientifiques et de l’armée, le dépassement des autorités politiques et les réactions de la population face à une menace qui vient de l’intérieur. 

« Je me souviens des black-outs, à l’époque où nous craignions que les Russes attaquent les Etats-Unis », raconte Romero. « Cette atmosphère anxiogène et paranoïaque m’a influencé. J’ai grandi dans le Bronx, et la mentalité des gangs m’a également marqué. C’était vraiment West Side Story. Voilà d’où viennent mes peurs et mes thèmes. » (1) L’originalité de The Crazies consiste à adopter tour à tour le point de vue des militaires et des simples habitants, moyen idéal de dénoncer une fois de plus les travers de l’humanité et le surgissement des instincts les plus bas lorsque la survie est en jeu. On sent bien que le traumatisme de la guerre du Vietnam est toujours très prégnant. Ce détournement intelligent des codes du genre horrifique ne fait pourtant pas vraiment école auprès des contemporains de Romero, peu portés sur une approche politisée. « Je suis étonné que les cinéastes se servent si rarement du fantastique en guise de métaphore » confirme le cinéaste. « Le cinéma est pourtant le médium idéal pour le rêve et l’illusion. » (2)

Le détournement des codes du genre

Tourné à l’économie (pour un budget de 270 000 dollars de l’époque), The Crazies sollicite de nombreux acteurs locaux non porfessionnels, notamment les soldats en combinaison de décontamination qui sont souvent joués par des étudiants entre deux cours ! Même les effets spéciaux et les cascades sont réalisés en dehors du cadre hollywoodien traditionnel, les pompiers et les artificiers de la région d’Evans, Pennsylvanie, où fut tourné le film, se substituant ainsi aux cascadeurs et aux pyrotechniciens. C’est d’autant plus surprenant que le long-métrage se montre peu avare en fusillades et en explosions. En 2010, La Nuit des fous vivants fera l’objet d’un remake efficace signé Breck Eisner.
 
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2005.
 
© Gilles Penso

 

Pour en savoir plus

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L’AVION DE L’APOCALYPSE (1980)

Spécialiste du film de cannibales, Umberto Lenzi varie plaisirs en dirigeant des zombies particulièrement énergiques

INCUBO SULLA CITTA’CONTAMINATA

1980 – ITALIE / ESPAGNE

Réalisé par Umberto Lenzi

Avec Hugh Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Francisco Rabal, Maria Rosaria Omaggio, Sonia Viviani, Eduardo Fajardo

THEMA ZOMBIES

Entre deux films de cannibales (Au Pays de l’Exorcisme et Cannibal Ferox), Umberto Lenzi se laissa gagner par la vogue des films de zombies, son inspiration venant moins de George Romero que de Lucio Fulci, comme le prouve le titre original Incubo Sulla Citta’Contaminata qui évoque beaucoup celui de Frayeurs (Paura Nella Cita dei Morti Viventi). La scène d’ouverture de L’Avion de l’Apocalypse s’avère assez intrigante, car nous y assistons à l’atterrissage en catastrophe sur un aéroport d’un gros avion militaire non identifié. Personne ne répondant aux appels de la tour de contrôle, l’appareil mystérieux rappelle le bateau fantôme de L’Enfer des Zombies, ce que confirmera la suite des événements. Sauf qu’au lieu d’un zombie déplumé et ventripotent, c’est toute une armée de morts-vivants surexcités qui attaque les agents de sécurité. 

Assistant au carnage, le journaliste Miller et son caméraman battent retraite. Bientôt, les zombies envahissent un plateau télévisé et massacrent à la fois l’équipe technique et une dizaine de danseuses. Leurs prochains forfaits, ils les perpètrent dans un hôpital où tout le monde y passe : malades, docteurs et infirmières. À la différence des cadavres anthropophages de Romero et Fulci, les monstres de L’Avion de l’Apocalypse courent à toute vitesse et fondent sur leurs victimes en hurlant. D’ailleurs, les mots « zombie » ou « morts-vivants » ne sont jamais prononcés dans le film. On parle plutôt de « contaminés », les créatures ayant été métamorphosées suite à une fuite de radiations dans une centrale nucléaire. 

L'ancêtre de 28 jours plus tard ?

D’une certaine manière, L’Avion de l’Apocalypse se positionne donc comme une sorte d’ancêtre du 28 Jours plus Tard de Danny Boyle. Mais la comparaison s’arrête là, les morts-vivants agressant ici les humains avec des machettes, des fusils ou des haches, et leur suçant le sang pour renouveler leurs cellules en décomposition. Du coup, ils se comportent plus comme des mutants vampires que comme les traditionnels zombies. De plus, aux maquillages blafards habituels, Umberto Lenzi préfère ici des bouillies de latex qui semblent appliquées sur le visage des comédiens de manière aléatoire. L’ensemble des effets de maquillage manque d’ailleurs sérieusement de crédibilité, amenuisant le potentiel horrifique du film. Ce qui n’empêche pas le récit de s’agrémenter de quelques scènes choc à la Fulci, comme le zombie qui attaque une fille dans une cave et lui arrache un œil, le militaire obligé d’éclater la cervelle de sa femme contaminée, ou encore le soldat pendu à la cloche d’une église. En vedette invitée, Mel Ferrer passe l’intégralité du film à discuter avec des généraux dans un QG, tandis que le couple de héros n’en finit plus de fuir, nous gratifiant au passage d’un mini-remake de La Nuit des Morts-Vivants dans une maisonnette assaillie par les zombies. Après un climax vertigineux dans un parc d’attractions, le scénariste ne sait visiblement plus comment finir, et use donc sans vergogne du bon vieux « ce n’était qu’un rêve » à la « Alice aux Pays des Merveilles »… jusqu’au faux happy-end de circonstance.
 
© Gilles Penso

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LE MYSTÈRE ANDROMÈDE (1971)

Un film catastrophe glaçant et ultra-réaliste réalisé par l'immense Robert Wise d'après un roman de Michael Crichton

THE ANDROMEDA STRAIN

1971 – USA

Réalisé par Robert Wise

Avec James Olson, David Wayne, Arthur Hill, Kate Reid, Kermit Murdock, Peter Hobbs, Richard O’Brien, George Mitchell

THEMA CATASTROPHES

Plus éclectique que jamais, le réalisateur du Jour où la Terre s’Arrêta et de West Side Story se plonge au début des années 70 dans l’univers de l’écrivain Michael Crichton en adaptant le roman « La Variété Andromède » publié en 1969. A l’époque, Crichton n’est pas encore l’écrivain à succès de « Jurassic Park », « Harcèlement », « Congo » ou « Sphère », mais Universal entrevoit le fort potentiel de son roman et l’optionne alors qu’il n’est pas encore sorti en librairie. Adapté à l’écran par Nelson Gidding, l’auteur de La Maison du Diable, Le Mystère Andromède part du postulat suivant : un satellite d’observation que la NASA a envoyé dans l’espace retombe près d’un village de l’Arizona, Piedmont, et subitement les habitants meurent, frappés d’un mal mystérieux. Une mission héliportée est alors dépêchée sur place pour récupérer l’engin. Elle découvre, au milieu des cadavres, deux survivants : un bébé et un vieillard alcoolique. Quatre savants américains, Jeremy Stone, Mark Hall, Ruth Leavitt et Charles Dutton, enfermés dans un laboratoire souterrain immense et ultra-secret au fin fond du Nevada, vont essayer de découvrir comment tous ces gens ont péri, pourquoi deux d’entre eux ont survécu et de quelle origine est le mal. Au fil de leur enquête, ils découvrent que le satellite a ramené avec lui un micro-organisme extra-terrestre, lequel se développe comme un virus et provoque une mort douloureuse en faisant coaguler le sang de ses victimes. Avec d’extrêmes précautions, les scientifiques décident de cultiver ce virus, la variété Andromède, afin d’en découvrir l’antidote. Mais la science humaine semble impuissante, et le virus extra-terrestre menace de décimer l’humanité toute entière… 

On reconnaît là plusieurs thématiques chères à Michael Crichton, au sein desquelles Robert Wise plaque ses propres préoccupations sociales et politiques. Le film est l’occasion pour lui d’accuser frontalement les praticiens de la guerre biologique. Mixage habile de SF et de film catastrophe (un genre alors en plein essor)Le Mystère Andromède démarre sur les chapeaux de roue, décrivant avec frénésie le branle-bas de combat qui se met en place au sein du gouvernement, et la convocation manu militari de l’équipe de scientifiques sommée de trouver une solution rapide à ce problème inattendu. Wise opte pour une approche réaliste, presque clinique. La description en quasi temps réel de toutes les étapes de décontamination et de la visite du grand centre de contrôle souterrain rappelle ainsi les premières séquences du Voyage Fantastique de Richard Fleischer. 

Un film quasi-expérimental

Le travers de ce parti pris est la relative austérité qui en découle. Certaines séquences particulières, au cours desquelles les savants discutent et pratiquent des expériences dont la teneur nous échappe quelque peu, ne facilitent pas toujours l’implication du spectateur. Mais l’œuvre demeure fascinante, d’autant que Robert Wise ne recule pas devant les effets de style, comme un jeu habile sur les avant-plans filmés à la courte focale ou l’utilisation surprenante du split-screen. La musique de Gil Mellé, quasi-expérimentale, participe grandement à l’atmosphère si particulière du Mystère Andromède.
 
© Gilles Penso

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