DOCTEUR JEKYLL ET MISTER HYDE (1931)

L'une des meilleures adaptations du classique de Stevenson, avec une double interprétation mémorable de Frederic March

DR JEKYLL AND MR HYDE

1931 – USA

Réalisé par Rouben Mamoulian 

Avec Frederic March, Myriam Hopkins, Rose Hobart, Homes Herbert, Edgar Norton, Halliwell Hobbes, Arnold Lucy

THEMA JEKYLL & HYDE

Première adaptation parlante du roman de Stevenson, ce Dr Jekyll et Mr Hyde s’est aussitôt érigé en classique indémodable, et l’on peut sans conteste affirmer qu’il s’agit d’une des meilleures versions de ce célèbre récit schizophrène. Les premières séquences nous familiarisent avec un Henry Jekyll amateur de musique classique. Epaulé par un majordome servile et bienveillant, le savant exprime ses idées révolutionnaires à l’occasion des cours passionnants mais controversés qu’il donne à l’université de médecine. Enflammé, il déclame à son auditoire : « L’homme n’est pas un mais deux. Celui qui tend vers tout ce que la vie a de noble, c’est le moi bon. L’autre cherche à exprimer les pulsions nées de la relation qui le lie viscéralement à la terre. C’est le moi mauvais. Au sein de la nature humaine, ces deux moi luttent sans fin. » 

Son projet consiste à séparer ces deux identités, dans le but d’annihiler la répression que subit le mal et les remords dont souffre le bien. En somme, il souhaite les libérer afin qu’ils puissent s’accomplir indépendamment. Mais ces réflexions ne dépassent pas le cadre de la théorie dans un premier temps, car Jekyll occupe ses journées à soigner dans la salle commune de l’hôpital des patients jugés indigents par la haute société qu’il côtoie. Notamment le père de sa fiancée Muriel, un général rigide qui repousse sans cesse la date de leur mariage. Frustré, Jekyll est attiré malgré lui par Ivy, une danseuse de cabaret, et juge qu’il est temps de mettre en pratique ses idées. Après absorption d’une potion savamment composée, le jeune homme se mue en être hideux, par le biais d’un maquillage de Wally Westmore. Celui-ci se laisse inspirer par le faciès des hommes de Néanderthal, et livre une création digne de Lon Chaney. 

« Quiconque bafoue son espèce est voué à la damnation. »

Dans un double rôle étonnant, Frederic March adopte dès lors les mimiques et la gestuelle d’un singe, d’autant que chaque nouvelle métamorphose semble accentuer sa bestialité. Si la Toccata de Bach employée au cours du générique de début nous renvoit au Lac des Cygnes de Tchaïkovsky dans le Dracula de Tod Browning, et si la plongée frénétique de Jekyll dans ses travaux évoque celle du héros éponyme du Frankenstein de James Whale, la comparaison avec les classiques d’Universal s’arrête là. Mammoulian préfère en effet au gothisme folklorique un réalisme brut implanté dans un Londres de début de siècle magnifiquement éclairé en noir et blanc. Les tabous sont ici brisés avec plus d’impact, dans la mesure où la sexualité refoulée demeure l’un des motifs principaux du film. D’où une première séquence avec Ivy, nimbée d’un érotisme polisson de fort bon aloi. La mise en scène elle-même surprend par son dynamisme et sa modernité. Les plans-séquence, les caméras subjectives, les mouvements de caméra et les split-screen y sont employés avec beaucoup d’inventivité. Quant aux transformations, elles donnent souvent l’impression de se dérouler en temps réel, grâce à des jeux de lumières ingénieux et des jump-cut discrets. Fidèle au texte initial, le final cède le pas à la moralité, justifiant les propos prophétiques du docteur Lanyon qui affirme en guise d’épitaphe : « quiconque bafoue son espèce est voué à la damnation ».
 
© Gilles Penso

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BUG (2006)

En adaptant une pièce de Tracy Letts, le réalisateur de L'Exorciste nous plonge dans un huis-clos cauchemardesque

BUG

2006 – USA

Réalisé par William Friedkin

Avec Lorem Ashley Judd, Michael Shannon, Lynn Collins, Brian F. O’Byrne, Harry Connick Jr

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

Bug est une œuvre déroutante, atypique et résolument originale, mais pour en apprécier les qualités, il faut absolument éviter de la placer dans le prolongement de pièces maîtresses du cinéma d’épouvante dont elle semble pourtant à priori se rattacher, comme Les Insectes de Feu, Phase IV ou encore La Mouche. Même Kafka et sa cafardeuse « Métamorphose » sont éloignés des propos de Bug, qui adapte une pièce de théâtre new-yorkaise créée en 2004 par Tracy Letts, lequel fut sollicité par William Friedkin pour écrire lui-même le scénario du film. On ne s’étonne pas outre mesure, dès lors, de constater que les protagonistes se comptent sur les doigts d’une main et que leur espace de jeu se résume essentiellement à l’intérieur exigu d’un motel décrépi. 

Dans un rôle en rupture nette avec sa filmographie précédente, Ashley Judd (Le Collectionneur) incarne Agnes, une serveuse qui ne s’est jamais remise de la disparition de son jeune fils quelques années plus tôt. Solitaire et quelque peu dépressive, elle est en outre tourmentée par son violent ex-mari Jerry tout juste sorti de prison (Harry Connick Jr). Les coups de fils anonymes qu’elle reçoit régulièrement ne font que menacer son équilibre déjà fort instable. Aussi, lorsque son amie R.C. (Lynn Collins) lui présente Peter (Michael Shannon), un homme étrange et taciturne, Agnes s’attache à lui comme à une bouée de sauvetage. Ancien soldat posté en Irak, Peter semble être revenu de la guerre avec bon nombre de fêlures. La paranoïa est désormais intrinsèquement liée à tous ses faits et gestes. Lorsqu’il commence à voir grouiller un peu partout dans la chambre d’Agnes des insectes minuscules, son comportement obsessionnel prend une tournure franchement inquiétante. Persuadé que des centaines d’aphides rampent sous sa peau pour y pondre leurs œufs, il en vient à se demander si ce n’est pas le gouvernement américain lui-même qui les a injectés dans son épiderme pour quelque expérience secrète… Sans doute son état nécessite-t-il l’intervention urgente d’un psychiatre. Mais dans ce cas, comment se fait-il qu’Agnes aussi puisse voir ces insectes ? Sont-ils réels ou le fruit d’une hallucination collective ? Et si la paranoïa était contagieuse ? 

Une mise en scène brute et rugueuse

Les questions soulevées par le scénario tourmenté de Tracy Letts sont pour le moins intrigantes, et la justesse des comédiens sert admirablement le propos. Friedkin lui-même réfrène les effets de style trop marqués pour revenir à la mise en scène brute et rugueuse d’œuvres telles que French Connection ou Le Convoi de la Peur. Mais le film finit rapidement par tourner à vide, hésitant entre plusieurs genres sans parvenir à se décider :  l’horreur, la romance, l’humour noir, le drame, le thriller… L’exercice semble finalement un peu vain, d’autant que son austérité et sa théâtralisation passent difficilement le cap de la scène à l’écran. Et puis, sans aller jusqu’aux excès gore du final de Creepshow, William Friedkin aurait quand même pu nous laisser entrer furtivement dans la subjectivité de ses personnages tourmentés et nous  offrir quelques visions insectoïdes dignes de ce nom. Or ici, aucun invertébré ne montre jamais le bout de ses mandibules, si l’on excepte quelques fractions de secondes empruntées à des films d’archives en macro. Pour un film qui s’appelle Bug, c’est tout de même un comble !
 
© Gilles Penso

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L’HOMME INVISIBLE CONTRE LA GESTAPO (1942)

Dans cette aventure rocambolesque, l'homme invisible se transforme en agent secret et lutte contre les nazis !

INVISIBLE AGENT

1942 – USA

Réalisé par Edwin L. Marin

Avec Jon Hall, Ilona Massey, Peter Lorre, cedric Hardwicke, J. Edward Bromberg, Albert Bassermann, John Litel

THEMA HOMMES INVISIBLES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Si l’on accepte d’oublier le roman d’H.G. Wells et L’Homme Invisible de James Whale, auprès duquel cette séquelle feuilletonesque fait forcément pâle figure, L’Homme Invisible contre la Gestapo offre l’intérêt d’être extrêmement divertissant. Après Claude Rains, Vincent Price et Virginia Bruce, c’est au comédien Jon Hall que revient l’honneur d’être le nouvel homme invisible. Cette fois-ci, le scénario de Curt Siodmak s’efforce de retracer le lien avec Jack Griffin, puisque notre héros se nomme Frank Griffin et n’est autre que le petit-fils du célèbre savant. Ayant précieusement conservé le sérum de son ancêtre, il décide de le mettre à profit après l’attaque de Pearl Harbor et se mue en agent secret aux pouvoirs de dissimulation uniques au monde. 

Cette quatrième variante des studios Universal sur la thématique de l’invisibilité s’inscrit ainsi dans la vogue des comic books des années 40 où les super-héros comme Captain America, Wonder Woman ou Superman cassaient volontiers du nazi pour remonter le moral des troupes. Notre agent invisible est parachuté en Allemagne, fait équipe avec la belle espionne Maria Sorenson (Ilona Massey) qui œuvre dans le dos de son petit ami, et se heurte à un espion japonais qui répond au nom de Baron Ikito. Incarné par Peter Lorre, dont le visage inquiétant et les lunettes rondes inspireront l’un des méchants des Aventuriers de l’Arche Perdue, cet archétype du péril jaune nous offre quelques improbables répliques comme : « le déclin de l’Occident n’est jamais plus apparent que dans ce sentimentalisme puéril qu’éprouvent les hommes blancs pour leurs femmes » ! 

Un émule de Captain America, Wonder Woman et Superman

L’aventure mouvementée, sur fond de guerre et d’espionnage alors en pleine actualité, a complètement supplanté le drame humain du premier film et de sa séquelle, le scénario n’hésitant jamais à saupoudrer les péripéties d’humour et à cultiver le comique de situation. D’ailleurs, sans doute en référence au final du Retour de l’Homme Invisible, tous les fâcheux effets secondaires de la formule d’invisibilité de Jack Griffin se sont ici évaporés. La monocaïne n’engendre plus aucun trouble psychologique, et l’invisibilité n’est plus irréversible. Nous sommes finalement plus proches, dans le ton, de La Femme Invisible qu’Edward Sutherland réalisa l’année précédente. Avec L’Homme Invisible contre la Gestapo, la porte s’ouvrait donc aux séries télévisées qui allaient à leur tour exploiter le filon sous le mode de l’aventure teintée de comédie. Les effets spéciaux de John P. Fulton n’offrent plus l’effet de surprise (d’autant que quelques fils sont visibles à l’écran, notamment celui qui soulève le téléphone), mais nous avons tout de même droit à quelques scènes étonnantes, comme le déshabillage en plein saut à parachute, le bain moussant ou la scène de maquillage à base de crème pour le visage. A l’avenant de la prestation caricaturale de Peter Lorre, Sir Cedric Hardwicke est savoureux sous l’uniforme du chef de la gestapo, le réalisateur Edward L. Marin s’amusant de surcroît à parodier le salut nazi tout au long du métrage.
 
© Gilles Penso

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HUNDRA (1983)

Laurene Landon promène sa silhouette athlétique dans cette aventure d'heroïc-fantasy mouvementée et féministe

HUNDRA

1983 – ITALIE / ESPAGNE

Réalisé par Matt Cimber

Avec Lauren Landon, John Ghaffari, Marisa Casel, Ramiro Oliveros, Luis Lorenzo, Victor Gans, Cristina Torres

THEMA HEROIC FANTASY

A une époque indéterminée qu’on imagine à mi-chemin entre l’antiquité et le monde barbare, une tribu d’Amazones recluse dans la forêt est décimée par une armée de guerriers sanguinaires. Seule Hundra la chasseresse, partie en quête de gibier, échappe au massacre. Prise en chasse par la horde sauvage, elle s’enfuit à travers les montagnes, au cours d’une longue chevauchée éreintante. Alors qu’elle est acculée, elle lutte seule contre ses poursuivants et les élimine tous à coup d’épée. Désormais, sa lourde tâche sera de repeupler la tribu des Amazones en se laissant féconder par un homme robuste. Mais trouver le mâle idéal pour « planter la graine » n’est pas si simple. Lors de sa quête, elle doit encore affronter quelques nains agressifs, une brute quasi-préhistorique et surtout les gardiens d’une cité antique dont le dieu est un buffle. 

Si Hundra vaut le détour, c’est incontestablement grâce à la performance de Laurene Landon, sorte de pendant féminin de Conan le barbare et de Spartacus. Parfaitement crédible en Amazone, la vigoureuse comédienne effectue elle-même la grande majorité des cascades. Certes, ce péplum revisité à la sauce héroïc fantasy et fortement influencé par l’esprit des comic books est anecdotique d’un point de vue narratif, mais il présente tout de même l’originalité de défendre une cause féministe prônant l’émancipation de la femme, ce qui s’avère un peu surprenant dans un univers généralement dominé par une masculinité gorgée de testostérone. Notre héroïne délivre ainsi un groupe d’esclaves asservies par un colosse néanderthalien, puis s’oppose à des prêtres qui kidnappent les femmes pour les livrer aux appétits des guerriers du village. De fait, Hundra dresse un portrait peu reluisant du mâle ici volontiers barbare, rustre et primitif. « Les hommes ne sont pas supérieurs », explique-t-elle à une jeune fille soumise. « Et si tu veux survivre, tu dois te battre ». 

« SI tu veux survivre, tu dois te battre ! »

Le cœur de la belle amazone va tout de même chavirer lorsqu’en milieu de métrage elle rencontre le guérisseur d’un village qu’elle regarde avec des yeux énamourés, aux accents d’une mélopée romantique écrite par Ennio Morricone, avant de lui dire sans détour : « je veux que tu me fasses un enfant ». Le compositeur italien se laisse d’ailleurs emporter par l’emphase du film, n’hésitant pas à tutoyer le Carmina Burana de Carl Orff pour les grandes scènes de batailles qui ne trahissent pas trop le budget extrêmement étriqué du film, les combats s’avérant brutaux et plutôt bien chorégraphiés. Quant à la mise à mort finale du chef des prêtres du Temple du Buffle, elle ne manque pas d’ironie, ce dernier périssant étouffé sous le corps des femmes qu’il n’eut de cesse, jusqu’alors, de transformer en objets sexuels. Drôle, distrayant, mouvementé, Hundra est un plaisir simple qui se déguste candidement. Sans doute s’agit-il d’ailleurs d’une des variantes les plus réjouissantes générées par le succès de Conan le Barbare. On regrettera tout de même l’utilisation d’une voix off redondante et inutile qui ne cesse d’accompagner les événements (d’autant que dans la version française, ladite voix est truffée de fautes d’accord !). Dommage aussi que le film ne bascule jamais ouvertement dans le Fantastique, malgré une atmosphère propice à la magie et aux monstres.
 
© Gilles Penso

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SOLDIER (1998)

Le réalisateur de Event Horizon transforme Kurt Russell en soldat du futur à la recherche de ses dernières bribes d'humanité

SOLDIER

1998 – USA

Réalisé par Paul W.S. Anderson

Avec Kurt Russell, Jason Scott Lee, Connie Nielsen, Sean Pertwee, Gary Busey, Jason Isaacs, Jared Thorne, Taylor Thorne

THEMA FUTUR 

Futur réalisateur de Resident Evil et Alien vs. Predator, Paul W.S. Anderson signait probablement avec Soldier son meilleur film. Non pas que cette fable futuriste soit un chef d’œuvre, loin s’en faut, mais elle a le double mérite de l’originalité et de l’humilité, qualités totalement absentes des œuvres sus-citées. Gonflé à la testostérone et affublé d’un scénario extrêmement basique, Soldier pourrait presque être comparé à l’inénarrable Commando de Mark Lester, si ce n’est que l’intrigue se situe ici dans un avenir extrêmement noir, et que l’humour n’y pointe jamais le bout de son nez. 

Nous sommes dans un univers très militarisé, où les soldats sont sélectionnés et entraînés dès leur naissance à devenir des machines de combat sans pitié, la survie du plus fort étant devenue le maître mot. Vétéran de nombreuses guerres intergalactiques (qui sont évoquées via des flash-back furtifs mais fort efficaces), le sergent Todd 3465 (Kurt Russell) est un de ces soldats que rien n’arrête. Jusqu’au jour où une nouvelle génération de soldats biogénétiques fait son apparition, destinée à remplacer l’ancienne garde. Suite à un combat avec l’une de ces nouvelles machines de guerre au cours d’un entraînement, Todd est laissé pour mort. Pour éviter les traces gênantes, on le transporte dans un vaisseau à marchandises et on l’abandonne sur une planète poubelle, dans le système Arcadie. Mais Todd a survécu à ses blessures, et il s’éveille au beau milieu de cette colossale décharge publique. Là, le film nous gratifie de quelques visions surréalistes et fort spectaculaires, comme ce porte-avions couché sur le flanc parmi d’innombrables détritus, ou cette colossale tempête de sable. Mais Todd n’est pas abandonné à son triste sort, car cette planète abrite une communauté de naufragés et de réfugiés. Peu liant, il va progressivement intégrer le groupe, tout en s’efforçant de réfréner ses instincts guerriers et agressifs. Jusqu’au jour où l’armée décide d’entraîner ses nouveaux militaires modifiés génétiquement sur cette planète poubelle, quitte à se servir des réfugiés comme cibles vivantes. Dès lors, schéma connu, Todd va former ses compagnons d’infortune à la guerre, et va lever une révolte contre l’oppresseur. Si le scénario suit ainsi un fil conducteur convenu et prévisible, Soldier regorge d’idées visuelles étonnantes, et le traitement de ses personnages échappe aux lieux communs. 

La guerre des soldats biogénétiques

Kurt Russell trouve là son rôle le plus monolithique, à tel point qu’en comparaison, le soldat morose qu’il interprète dans Stargate ressemblerait presque à Jim Carrey. A ses côtés, on retrouve quelques trognes familières, comme Gary Busey (le méchant de L’Arme Fatale) en militaire inflexible, Jason Scott Lee (Mowgli dans Le Livre de la Jungle de Stephen Sommers) en soldat lobotomisé et surgonflé, Jason Isaacs (Lord Felton dans Cœur de Dragon) dans le rôle d’un détestable colonel dégoulinant de duplicité, et la belle Connie Nielsen (future héroïne de Gladiator) en pacifiste pas tout à fait insensible au charme de Todd. Le film se pare en outre d’une série d’effets spéciaux très réussis, réalisés en grande partie à l’aide de maquettes et de perspectives forcées du plus bel effet. Bref un bon petit film de SF nerveux à souhait, directement sorti en vidéo en France.
 
© Gilles Penso

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FRANKENSTEIN : LA VÉRITABLE HISTOIRE (1974)

Jack Smight nous propose un retour aux sources du roman de Mary Shelley à travers un luxueux téléfilm de trois heures

FRANKENSTEIN, THE TRUE STORY

1974 – GB

Réalisé par Jack Smight 

Avec James Mason, Leonard Whiting, David McCallum, Jane Seymour, Nicola Pagett, Michael Sarrazin

THEMA FRANKENSTEIN

Tandis que Mel Brooks rendait un vibrant et hilarant hommage aux classiques des années 30, le réalisateur Jack Smight s’efforça, à travers ce long téléfilm très soigné, de jouer la carte de la fidélité au texte original de Mary Shelley, même si le titre de « véritable histoire » est un peu usurpé, dans la mesure où le scénario se permet tout de même quelques libertés, la plus grande étant d’attribuer la paternité des expériences de Frankenstein (un Leonard Withing un peu fade) à Henri Clerval (David McCallum, habité par son personnage), alors que dans le roman Clerval est un ami de Victor qui n’est jamais au courant de ses travaux. « Tu as peur. J’avais peur moi aussi au début. C’est de cette manière que nous avons été éduqués. Nous avons été éduqués pour avoir peur ! Peur de la punition des dieux. Mais Prométhée les a défiés. » C’est en ces termes illuminés que s’exprime Clerval dans le film, ce à quoi Frankenstein se contente de répondre : « Et ils l’ont puni ! » Une réaction sage et prémonitoire, mais qui n’empêchera évidemment pas le drame de se nouer. 

La seconde grosse dérogation au roman provient du monstre (assez émouvant sous les traits de Michael Sarrazin), qui s’avère très réussi au début, mais dont la peau se flétrit ensuite peu à peu. Ni Frankenstein ni Clerval ne savent comment enrayer le processus de dégénérescence de sa chair. On trouve également dans le film John Polidori (l’immense James Mason), qui fut dans la réalité le médecin de Lord Byron, et qui devient ici un excentrique hypnotiseur concurrent de Frankenstein. Emule du Docteur Pretorius de La Fiancée de Frankenstein, Polidori demande aux deux hommes de donner naissance à une femelle pour la créature. Et pour les convaincre, cet homme arrogant et ambitieux n’hésite pas à titiller leur mauvaise conscience. « Quels parents modèles vous êtes ! », lâche-t-il. « Vous aimiez votre créature tant qu’elle était belle, mais lorsqu’elle s’est mise à changer d’aspect… Ah ! C’est une autre histoire ! »

Jane Seymour : la fiancée du Monstre

Ralliés à la cause de Polidori, nos savants utilisent alors la tête du véritable amour de la créature, une fermière, et donnent vie à Prima (incarnée par la délicieuse Jane Seymour). Celle-ci, une grande réussite, est présentée comme une jeune fille de la haute société dans une réception mondaine. Mais au cours d’une scène choc mémorable, la créature mâle, en pleine dégénérescence, surgit parmi les invités – à la manière de la créature en pleine régression de La Revanche de Frankenstein – et arrache la tête de Prima ! Tous ces écarts au matériau littéraire ne nuisent pas au film, qui se permet quelques séquences spectaculaires comme la naissance successive des deux créatures ou l’affrontement final dans les glaces. Notons qu’ici, l’énergie solaire a remplacé l’électricité comme puissance naturelle à la base des travaux de Frankenstein. Bien que destiné au petit écran, Frankenstein la Véritable Histoire, diffusé tour à tour en deux parties de deux heures chacune ou dans une version unitaire de trois heures, sortit en salles sur le continent Européen, ramené cette fois ci à une durée de 120 minutes.
 
© Gilles Penso

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APPARENCES (2000)

Robert Zemeckis plonge Michelle Pfeiffer et Harrison Ford dans un suspense hitchcockien et surnaturel…

WHAT LIES BENEATH

2000 – USA

Réalisé par Robert Zemeckis

Avec Michelle Pfeiffer, Harrison Ford, Diana Scarwid, Joe Morton, James Remar, Miranda Otto, Amber Valletta, Katharine Towne

THEMA FANTÔMES

Pendant qu’il réalisait Seul au Monde, Robert Zemeckis dut interrompre son tournage pendant près d’un an, le temps de laisser le comédien Tom Hanks subir un régime draconien le délestant de vingt-cinq kilos. Dans l’intervalle, pris d’une hyperactivité digne de son père spirituel Steven Spielberg, le cinéaste conserva la même équipe et tourna Apparences (dont le titre original joue sur le double sens du verbe « lie », qui signifie à la fois « reposer » et « mentir »). Fragilisée par un accident de voiture duquel elle est sortie indemne, Claire (Michelle Pfeiffer) a abandonné une carrière de musicienne après son mariage avec Norman Spencer (Harrison Ford), brillant chercheur en génétique. Les failles de la belle quadragénaire se rouvrent un an plus tard lorsque sa fille Caitlin (Katharine Towne) part pour l’Université. Souvent seule dans sa grande maison du Vermont, dans la mesure où Norman consacre beaucoup de temps à son travail, Claire ressent un vide irrépressible. Un jour, le curieux comportement de ses voisins attire son attention et laisse son imagination concevoir les pires choses. Presque simultanément, d’inquiétantes manifestations paranormales surviennent dans sa maison : les portes s’ouvrent seules, les objets se déplacent, une voix et un visage inconnus se font subrepticement percevoir, des mots s’écrivent sur la buée d’un miroir… La maison serait-elle hantée ? Et si oui, par qui ?

D’inspiration résolument hitchcockienne, Apparences évoque tour à tour Fenêtre sur Cour (l’héroïne observe son voisin qu’elle soupçonne d’avoir tué sa femme), Sueurs Froides (Claire semble hantée par l’esprit d’une défunte et se jette à l’eau sous les yeux de Norman) et Psychose (le rideau déchiré dans la douche), tandis que la partition d’Alan Silvestri puise directement son inspiration dans les travaux les plus connus de Bernard Herrmann. Fort de son casting extraordinaire (la beauté fragile de Michelle Pfeiffer et le charisme imperturbable d’Harrison Ford sont ici à leur apogée), Robert Zemeckis cisèle sa mise en scène avec l’exceptionnel sens du détail qui caractérise son œuvre. Si certains rebondissements scénaristiques ne font pas dans la dentelle, la subtilité de la direction d’acteurs reste exemplaire, notamment au sein des séquences les plus anodines comme la conversation croisée au restaurant où le jeu des comédiens en dit beaucoup plus que leurs simples dialogues. D’ailleurs, plus loin dans le film, un des personnages montre un soap opera sur un écran et affirme : « pas besoin du son, on peut comprendre en regardant les visages ». 

« Pas besoin de son, on peut comprendre en regardant les visages. »

Apparences met également les nerfs des spectateurs à rude épreuve, en particulier dans la salle de bains de la maison, lieu récurrent des apparitions spectrales, qui devient au cours du climax le théâtre d’une scène de suspense d’anthologie. Au cours de la dernière demi-heure du métrage, la caméra se lance dans de folles acrobaties, adoptant des points de vue impossibles grâce à des mouvements de grue surprenants, des faux planchers en verre et des effets numériques hyperréalistes. Dommage que les derniers rebondissements d’Apparence frisent le ridicule, closant le récit sur une note un peu caricaturale.
 
© Gilles Penso

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THE FACULTY (1999)

Le réalisateur d'Une Nuit en Enfer et le scénariste de Scream revisitent L'Invasion des Profanateurs de Sépultures

THE FACULTY

1999 – USA

Réalisé par Robert Rodriguez

Avec Jordana Brewster, Clea Duvall, Laura Harris, Josh Hartnett, Elijah Wood, Famke Janssen, Piper Laurie, Robert Patrick

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Après avoir gentiment pillé La Nuit des MasquesVendredi 13 et Le Bal de l’Horreur pour écrire les scénarios des trois Scream, des deux Souviens-toi l’été dernier et de Halloween 20 ans après, Kevin Williamson a décidé d’élargir un peu ses références pour éviter un essoufflement très prévisible. Cette fois-ci, ce sont donc quelques classiques de la science-fiction qui servent de base au récit. Les héros sont toujours des adolescents interprétés par des valeurs montantes du petit écran, le cadre est une nouvelle fois celui d’une université américaine, mais le tueur en série est ici remplacé par une entité extra-terrestre. Cette créature investit peu à peu le corps de tous les enseignants, avant de s’attaquer aux parents, puis aux étudiants. Les survivants, en proie à une paranoïa grandissante, organisent peu à peu la résistance face à l’envahisseur. 

Le refrain est connu, et même si Williamson cite ses sources, notamment L’Invasion des Profanateurs de Sépultures de Don Siegel (1955), la frontière entre l’hommage et le plagiat est difficile à déterminer. Les emprunts à The Thing de John Carpenter, notamment, s’étalent servilement sur des séquences entières. « Il y avait dans ce script tout ce que j’aime au cinéma », nous avoue avec enthousiasme Robert Rodriguez. « J’ai toujours été un fan de films d’horreur et de science-fiction. Faculty, c’est un mélange de Breakfast Club et de L’Invasion des Profanateurs de Sépultures. Pendant le générique de début, j’ai fait des arrêts sur image sur les personnages en écrivant leur nom à l’écran. C’était un hommage au Bon, la Brute et le Truand et à La Horde Sauvage. » (1) On le voit, difficile de parler de ce film sans en citer d’autres, tant son identité propre semble subordonnée à celle de ses aînés. Ce qui n’empêche pas Williamson de concocter quelques dialogues savoureusement cyniques, comme lorsque Stokely (Clea DuVall) déclare : « “L’Invasion des Profanateurs de Sépultures“ est une histoire que quelqu’un a inventée. Il est rangé dans la section fiction de la bibliothèque ! ». Ce à quoi Casey (Elijah Wood) rétorque : « “La Liste de Schindler“ aussi ! » 

Le jeu des influences

Ce jeu des influences se lit aussi dans le casting, notamment du côté des enseignants, chez qui on retrouve plusieurs visages familiers. Parmi eux, on note Robert Patrick (le T-1000 de Terminator 2), Famke Janssen (la méchante de Goldeneye), Piper Laurie (la mère de Carrie), Salma Hayek (reine des vampires dans Une Nuit en Enfer) et même Harry Knowles, créateur du légendaire site Internet « Ain’t it cool news », dans le rôle d’un professeur… de cinéma ! Rompu aux effets spéciaux depuis Une Nuit en Enfer, Robert Rodriguez laisse libre cours aux visions les plus fantastiques : un poisson mutant qui se hérisse d’épines et se dédouble, une tête décapitée qui se déplace sur des tentacules (merci The Thing), ou encore la « mère » de tous les extra-terrestres, un monstre géant qui suit un schéma classique établi depuis Aliens. Malgré son humour et une poignée de séquences réussies, force est donc de constater que ce patchwork science-fictionnel à la sauce sitcom tombe un peu à plat, fixant les limites de la formule établie par Williamson depuis Scream.
 
(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1999.
 
© Gilles Penso

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RRRrrrr !!! (2004)

La vie quotidienne de nos ancêtres les hommes des cavernes selon Alain Chabat et les Robins des Bois

RRRRRRR !!!

2004 – FRANCE

Réalisé par Alain Chabat

Avec Pierre-François Martin-Laval, Maurice Barthélémy, Marina Foïs, Jean-Paul Rouve, Alain Chabat, Gérard Depardieu

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE 

On a beau adorer la troupe des Robins des Bois, la voix fluette de Pierre-François Martin-Laval, les moues enfantines de Marina Foïs, le faux sérieux de Jean-Paul Rouve, les gesticulations de Maurice Barthélémy, les grimaces d’Elise Larnicol, les sourires en coin de Pascal Vincent, bref leur humour absurde et déjanté à mi-chemin entre le dessinateur Edika et les Monty Pythons, il faut bien avouer que leur passage du petit au grand écran est un sacré ratage. La faute en incombe principalement à un scénario qui se contente de deux idées plutôt drôles, certes, mais tout juste suffisantes à alimenter un sketch, certainement pas un long-métrage digne de ce nom. Première idée : 35 000 ans avant notre ère, aux temps préhistoriques, deux tribus s’opposent, celle des cheveux propres qui possède le secret du shampoing, et celle des cheveux sales, qui le convoite. Deuxième idée : deux hommes de la tribu des cheveux propres enquêtent sur le premier meurtre de l’histoire de l’humanité. C’est tout. Difficile donc de tenir la longueur sur une heure et demie, même pour un bon public. Certes, quelques gags font mouche, notamment tous ces animaux dont le nom se termine en « mouth » et dont la mâchoire arbore des défenses de mammouth (les poulmpouths, hippopotamouths et autres vermouths), l’incapacité des protagonistes à prononcer le prénom Guy, ou encore le rêve d’un de nos hommes des cavernes qui le transporte au rayon machines à laver d’un supermarché. Mais RRRrrr !!! témoigne surtout d’une grande paresse scénaristique doublée d’une auto-satisfaction embarrassante. 

Pour s’assurer une garantie de succès, les Robins des Bois ont tout naturellement demandé à leur vieux complice Alain Chabat de passer derrière la caméra, de jouer à leurs côtés et même de produire le film. Hélas, l’ex-Nul semble avoir perdu toute la virtuosité et le perfectionnisme d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, tant sa mise en scène est ici ampoulée et anonyme, hésitant entre l’emphase d’une superproduction et la modicité d’un sketch télévisé. Les effets spéciaux qui scandent le récit sont à l’avenant, tour à tour excellents (l’insecte préhistorique gobé par Elise) ou médiocres (le dinosaure qui surgit à la toute fin du film). Chabat ayant participé à l’écriture, on y retrouve son goût de la parodie, notamment à travers des clins d’œil à Apocalypse Now et Souviens-toi l’été dernier qui, comme le reste, tombent à plat. 

L'idée la plus drôle du film ? Son titre !

Quelques guest stars apparaissent au détour du film, du plus prestigieux (Jean Rochefort) au plus navrant (Joey Starr) en passant par les incontournables (Dominique Farrugia et Gérard Depardieu). L’idée la plus drôle, en fin de compte, est celle du titre : fou rire assuré dans les salles de cinéma au moment où les spectateurs annoncent au guichet le film qu’ils veulent voir. Conscient de l’échec du film, Alain Chabat ne le mentionne que très peu dans ses interviews, ce qui ne l’empêche pas de relativiser les ratages en matière de comédie. « Ça n’est pas si grave de se planter », déclare-t-il. « Ce n’est que du cinéma. On essaie de donner du plaisir, et parfois on rate notre coup. On ne va pas non plus nous faire un procès ! Après tout, ça part d’une bonne intention. Il faut juste tirer les leçons d’un bide pour s’améliorer. » (1)
 
(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2007.
 
© Gilles Penso

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LE DOUBLE MALÉFIQUE (1993)

Oubliez la gentille fillette de E.T. : désormais, Drew Barrymore est un être démoniaque à double personnalité

DOPPELGANGER

1993 – USA

Réalisé par Avi Nesher

Avec Drew Barrymore, Dennis Christopher, George Newbern, Leslie Hope, Sally Kellerman, George Maharis, Danny Trejo

THEMA DOUBLES

 
Coupable d’un calamiteux She en 1983, le réalisateur américain d’origine israélienne Avi Nesher nous livre avec Le Double Maléfique un étrange conte fantastique hésitant entre plusieurs styles tout en développant des prémisses plutôt originales. Au cours d’une scène d’introduction intrigante, Drew Barrymore, engoncée dans un manteau noir, les cheveux serrés sous un foulard et les yeux cachés par des lunettes de soleil, arpente les rues de la ville, croise ce qui semble être son sosie, est hantée par un souvenir érotique (en tenue de collégienne, elle est lutinée par un jeune homme entreprenant), puis pénètre chez sa mère, un couteau à la main, et la massacre sans retenue. Est-ce la même jeune femme que nous retrouvons à Los Angeles quelques jours plus tard ? Difficile à croire, car la sympathique Holly Gooding, toujours incarnée par Drew Barrymore, n’a visiblement rien d’une tueuse psychopathe. Patrick Highsmith (George Newbern), un jeune scénariste, la prend comme colocataire pour que tous deux partagent les frais d’un appartement. Tout semble aller pour le mieux, mais les nuits de Holly sont agitées par des cauchemars, y compris sous sa douche (au cours d’une scène topless, l’eau devient rouge sang et recouvre la jeune fille des pieds à la tête). 

Un soir de tempête, Holly saute littéralement sur Patrick et fait sauvagement l’amour avec lui. Mais au petit matin, elle ne se souvient de rien. « Nous n’avons rien fait vous et moi », affirme-t-elle. « Vous devez me confondre avec “elle“ ». “Elle“, autrement dit son « doppelganger ». S’interrogeant sur le sens de ce mot étrange, le jeune homme en trouve une définition dans un dictionnaire allemand : « double fantomatique d’une personne vivante qui hante son esprit et sa chair à tout moment ». Pris lui aussi d’inquiétants cauchemars, il voit Holly crucifiée contre un mur de la chambre. Alors qu’il essaie de la libérer, il est poignardé par le double maléfique. Alors que le trouble commence à s’immiscer sérieusement chez nos protagonistes, un agent du FBI absolument pas crédible fait subitement son apparition pour apprendre à Patrick que sa colocataire « souffre du syndrome de la personnalité à facettes multiples ». 

Les démons siamois

Ne sachant pas s’il doit opter pour le dédoublement de personnalités à la Psychose, la supercherie faussement surnaturelle façon Les Diaboliques ou la possession démoniaque héritée de L’Exorciste, le scénario d’Avi Nesher et Donald Borchers opte finalement pour les trois explications simultanées, au cours d’un climax bizarroïde qui enchaîne sans logique les retournements de situation. Paradoxalement, c’est aussi sans doute la séquence la plus intéressante du film, car l’atelier KNB concocte pour les besoins de ce dénouement des maquillages horrifiques particulièrement efficaces, dont l’apogée est une métamorphose douloureuse et dégoulinante s’achevant par l’émergence de deux démons siamois et squelettiques à la morphologie inédite. Mais ce dénouement couronne trop tard un film handicapé par son scénario erratique, sa mise en scène approximative, ses comédiens pas vraiment dirigés et sa musique de supermarché.
 
© Gilles Penso

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