SUEURS FROIDES (1958)

Alfred Hitchcock nous entraîne dans les tourments vertigineux d'un de ses plus beaux longs-métrages

VERTIGO

1958 – USA

Réalisé par Alfred Hitchcock

Avec James Stewart, Kim Novak, Barbara Bel Geddes, Tom Helmore, Henry Jones, Raymond Bailey, Ellen Corby

THEMA MORT

Sueurs Froides est l’adaptation du roman « D’entre les morts » que Pierre Boileau et Thomas Narcejac écrivirent spécialement pour Alfred Hitchcock après avoir appris que le prestigieux cinéaste était très intéressé par leur livre précédent, « Celle qui n’était plus », porté à l’écran en 1955 par Henri-Georges Clouzot sous le titre Les Diaboliques. Si le scénario de Sueurs Froides suit assez fidèlement la trame du roman, le contexte de l’intrigue – à l’origine intrinsèquement rattaché au Paris d’après-guerre et à ses fêlures – a été transposé dans le San Francisco des années 50. L’inspecteur de police John Ferguson (James Stewart) est en proie à de violentes crises de vertige qui provoquent accidentellement la mort de son co-équipier. Congédié, il accepte de devenir détective privé pour l’un de ses amis, dont la ravissante épouse Madeleine (Kim Novak) semble possédée par l’esprit d’une de ses ancêtres, l’énigmatique Carlotta Valdes. La mission est en apparence anodine, mais Ferguson commence à tomber amoureux de la fascinante Madeleine.

« Elle ressemblait à un portrait, à l’une de ces femmes que le génie d’un artiste a immortalisées. Elle était toute retirée en elle-même, figée dans quelque contemplation intérieure. ». C’est en ces termes que Boileau et Narcejac décrivaient la jeune femme en adoptant une narration à la première personne. Lorsque le regard des deux protagonistes se croise et qu’une relation naît entre eux, les nerfs et les convictions profondes de l’ex-policier vont être mis à rude épreuve. Car la belle est persuadée que l’esprit de son ancêtre cohabite avec le sien. « Croyez-vous, monsieur, qu’on puisse revivre ? », lui demande-t-elle dans le roman. « Je veux dire… qu’on puisse mourir et ensuite… renaître en quelqu’un d’autre ?… Vous voyez !… Vous n’osez pas me répondre… Vous me prenez pour une folle… » Peu à peu, le récit s’achemine vers un gigantesque coup de théâtre, qu’Hitchcock choisit d’exposer aux spectateurs plus tôt que dans le roman pour mieux profiter des effets du suspense.

« Croyez-vous qu'on puisse mourir et renaître ? »

A la croisée du thriller psychologique, du fantastique onirique et du mélodrame sentimental, Sueurs Froides est une pièce d’orfèvre ciselée comme un joyau. Chaque plan de ce film pourrait être encadré et affiché dans un musée. Mais un tel bijou est difficile à appréhender dans sa plénitude lors d’une unique vision, tant sa structure est atypique, son rythme languissant et sa trame accidentée. Le grand public s’avéra d’ailleurs désarçonné, ne réservant qu’un tiède accueil au film lors de sa première exploitation en 1958. Ce n’est qu’au fil des ans que Sueurs Froides put acquérir son statut de chef d’œuvre absolu, souvent considéré comme le plus beau film d’Alfred Hitchcock. Obsession, Body Double, Basic Instinct, MatrixL’Armée des 12 SingesLes Dents de la Mer, La Mauvaise Education, L’Appartement, Apparences, Mulholland Drive, Le Grand Frisson, Fenêtre Secrète… On ne compte plus les films ayant puisé leur inspiration dans Sueurs Froides, dont l’un des moindres attraits n’est pas la splendide et envoûtante partition de Bernard Herrmann, elle-même influencée par le « Tristan et Iseult » de Wagner.
 
© Gilles Penso

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LA BÊTE AUX CINQ DOIGTS (1946)

Peter Lorre affronte la main coupée d'un cadavre qui se déplace toute seule et commet des meurtres !

THE BEAST WITH FIVE FINGERS

1946 – USA

Réalisé par Robert Florey

Avec Peter Lorre, Robert Alda, Andrea King, Victor Francen, J. Carrol Naish, Charles Dingle, John Alvin, David Hoffman

THEMA MAINS VIVANTES

Adapté de la nouvelle homonyme de William F. Harvey, La Bête aux Cinq Doigts est en quelque sorte la référence en matière de film d’épouvante mettant en scène une main vivante, un mètre étalon au titre délicieusement surréaliste. Paralysé d’une main, le grand pianiste Francis Ingram est très amoureux de son infirmière Julie, elle-même convoitée par son ami Ryler. Mort brutalement, le musicien lègue sa fortune à Julie, mais le testament est contesté par Arlington, le beau-frère, et un notaire retors, Duprex, qui prient Hillary Cummings, le secrétaire du pianiste, de quitter les lieux. Un matin, on retrouve Duprex mort, étranglé par une main comparable à celle d’Ingram. Or la main valide du cadavre a été tranchée… 

L’exposition du film présente ainsi au spectateur d’une manière un peu détournée chacun des protagonistes du drame qui va se nouer. L’élément fantastique n’apparaît que tardivement, et le doute finit par planer quant à son existence véritable. La main coupée du défunt Ingram commet elle réellement des forfaits nocturnes, ou tout se passe-t-il dans la tête du secrétaire Cummings ? Il faudra attendre le dénouement pour en avoir le cœur net. Si le couple vedette Robert Alda & Andrea King ne crève pas vraiment l’écran, on ne peut pas en dire autant de Peter Lorre qui excelle dans son rôle ambigu et tourmenté, en particulier au cours de cette scène terrifiante où ses perceptions semblent décuplées (le feu crépite plus fort que la normale dans la cheminée, l’horloge tic-taque avec un bruit sourd, les cordes d’une guitare cassent l’une après l’autre, des effets visuels qui semblent directement influencés par La Chute de la Maison Usher réalisée en 1927 par Jean Epstein et Luis Buñuel). 

« Une main humaine rampait sur le parquet… »

A l’issue de cet enchaînement de phénomènes insolites apparaît finalement la main coupée et vivante qui rampe à la manière d’une araignée sur le bureau du secrétaire. Telle que décrite dans le texte initial de William Harvey, la séquence était déjà digne d’un pur cauchemar : « A moins de cinq mètres devant lui, une main humaine rampait sur le parquet. Eustace la regarda, sidéré. Elle se mouvait vivement à la façon d’une chenille arpenteuse, ses doigts s’allongeant et se repliant alternativement. Le pouce, tel un crabe, paraissait entraîner le tout. » Dans le film, les trucages qui donnent vie à cette « créature » sont remarquables, même s’ils restent volontairement non spectaculaires – et du coup très réalistes. Au comble de la terreur, Hilary finit par poignarder cette main baladeuse et par l’épingler sur son bureau. Cette Bête aux Cinq Doigts nous évoque aussi fatalement la « chose » qui sévissait depuis cinq ans sur les planches dessinées de Charles Addams, mettant en vedette la famille qui porte son nom. Pour détendre l’atmosphère après tant d’émotions fortes, le film s’achève sur un double gag à la limite du cartoon. Cette note d’humour, ainsi que toutes celles qui émaillent le film, fut dictée par les dirigeants de la Warner, malgré les protestations de Robert Florey, comme si l’aspect purement horrifique du récit ne suffisait guère à rassurer les grands pontes d’un studio alors avare en matière de productions fantastiques.

 
© Gilles Penso

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LA MAIN QUI TUE (1999)

Un serial killer, des zombies et une main vivante sont au programme de cette parodie potache et sanglante

IDLE HANDS

1999 – USA

Réalisé par Roman Flender

Avec Devon Sawa, Elden Henson, Jessica Alba, Seth Green, Christopher Hart, Vivica A. Fox, Jack Noseworthy, Katie Wright

THEMA MAINS VIVANTES I ZOMBIES 

L’idée d’une parodie des films d’horreur à l’ancienne destinée aux adolescents était plutôt amusante, mais encore eut-il fallu concocter un habile mélange de comédie et d’épouvante. Or La Main qui Tue ne fait pas peur, pas plus qu’il ne fait rire, et son intérêt s’avère donc extrêmement limité, d’autant que le scénario semble avoir été écrit sous l’influence de substances douteuses ! Le héros, prénommé Anton, est un adolescent idiot et oisif qui occupe ses journées à fumer et regarder la télé, en compagnie de ses deux meilleurs copains Mick et Pnub. Entre-temps, un serial killer rôde dans la région, assassinant tout le monde à tour de bras, y compris les parents d’Anton. Celui-ci constate alors avec effroi qu’il est l’auteur des meurtres, pour la simple et bonne raison que sa main droite est habitée par une entité diabolique et possède sa volonté propre. 

Le film lorgne alors sans vergogne du côté d’Evil Dead 2, Devon Sawa s’efforçant sans beaucoup de conviction d’imiter l’incroyable performance de Bruce Campbell. Sans le vouloir, il tue ses deux amis. L’un se retrouve avec une bouteille de bière plantée dans le front, l’autre est décapité par une scie circulaire. Mais ils reviennent bientôt d’entre les morts, sous forme de zombies plus stupides encore que de leur vivant, et semblent un peu marcher sur les traces du cadavre ambulant interprété par Griffin Dunne dans Le Loup-Garou de Londres, puisqu’ils jouent auprès de leur ex-compère la carte de la culpabilité. N’y tenant plus, Anton se coupe la main, mais celle-ci, désormais autonome, est plus dangereuse que jamais. Incontrôlable, elle sème bientôt la panique au cours d’une grande soirée dansante organisée le soir d’Halloween. Anton, ses deux copains morts-vivants et une espèce de Van Helsing en jupons vont donc s’efforcer de mettre hors d’état de nuire cette redoutable bête à cinq doigts. 

Un pastiche qu'on aurait aimé plus inspiré

Les effets spéciaux qui donnent vie à la main vivante (« incarnée » par le prestidigitateur Christopher Hart, qui s’était déjà livré à une performance similaire dans La Famille Addams) et visualisent le zombie à la tête coupée sont absolument stupéfiant, mixant avec habileté les maquillages et les trucages numériques. Mais ils constituent à peu près le seul intérêt de ce pastiche guère inspiré, malgré quelques petites idées amusantes comme la main qui s’affûte les ongles avec un taille-crayon de bureau, ou le zombie forcé de fixer sa tête avec du scotch pour passer inaperçu. Autre point positif du film : le charme indiscutable de Jessica Alba, future héroïne de la série Dark Angel, qui incarne ici la fille dont rêve Anton. Pour le reste, le potentiel comique du pastiche tourne court, et les références régulières aux classiques du genre (La Nuit des Morts-VivantsZombieLa Nuit des Masques) n’y changent rien.
 
© Gilles Penso

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THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW (1975)

Le film culte ultime est une relecture très particulière du mythe de Frankenstein et des clichés du cinéma fantastique

THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW

1975 – GB

Réalisé par Jim Sharman

Avec Tim Curry, Susan Sarandon, Richard O’Brien, Peter Hinwood, Barry Bostwick, Patricia Quinn, Charles Gray, Meatlof

THEMA FRANKENSTEIN I EXTRA-TERRESTRES

La pièce « The Rocky Horror Show » de Richard O’Brien ne connut qu’un succès d’estime lors de ses premières représentations à Londres en 1973, ce qui ne réfréna guère le financier Lou Adler dans l’idée d’en tirer une adaptation cinématographique. Le film lui-même ne fit guère d’éclats au box-office, avant de se muer peu à peu en phénomène de société. Rien n’empêche d’ailleurs de penser que le terme « film culte » soit né avec The Rocky Horror Picture ShowLorsque le récit commence, Janet Weiss (Susan Sarandon) et Brad Majors (Barry Bostwick), deux jeunes mariés BCBG, s’égarent en voiture par une nuit d’orage, dans un bois sinistre, tout près du château de l’excentrique docteur Frank N. Furter (Tim Curry). Celui-ci, un travesti exubérant venu de la planète Transsexuelle, compte donner vie à Rocky Horror (Peter Hinwood), une créature masculine artificielle de son invention (le film emploie à cet effet des accessoires créés pour La Revanche de Frankenstein de Terence Fisher). Janet et Brad, au milieu des extra-terrestres réunis dans le château, entrent dans une sorte de transe les libérant bientôt de toutes leurs inhibitions. Tout s’achève par un gigantesque pugilat final, tandis que Frank et Rocky partent en fumée. 

Voici l’exemple parfait d’un objet de culte dont le culte a probablement bien plus d’intérêt que l’objet lui-même. Pris tel quel, le film laisse présager une réjouissante parodie des films d’épouvante et de science-fiction, comme le suggère la chanson du générique aux paroles très référentielles (« Michael Rennie était malade le jour où la Terre s’arrêta » y susurrent d’énormes lèvres féminines rouge sang). Mais bien vite, tout espoir de ce côté s’évapore. Le microscopique scénario, slalomant entre quelques timides allusions à des sujets récurrents du cinéma fantastique (le savant fou, la maison hantée, les vampires, les extra-terrestres, et bien sûr Frankenstein), sert surtout de prétexte à une succession de numéros musicaux exubérants qui semblent s’inscrire dans la même vague pop outrageuse de Phantom of the Paradise. Mais alors que Brian de Palma recyclait avec maestria plusieurs thèmes classiques du fantastique (le Fantôme de l’Opéra, Faust, le Portrait de Dorian Gray) tout en respectant leurs règles et leurs conventions, Jim Sharman n’a apparemment pas d’autre but que de faire porter à l’ensemble de son casting des bas résille. 

Bas résille pour tout le monde !

Du coup, malgré la présence réjouissante de Tim Curry, Susan Sarandon ou Charles Gray (dans le rôle d’un criminologiste très sérieux qui analyse régulièrement les situations présentes dans le film), le pastiche vire à la farce indigeste. Le film est entré dans l’histoire pour avoir battu un record de longévité d’exploitation, dans la mesure où certains cinémas de quartier continuent inlassablement à le projeter depuis sa première sortie en 1975. Les amateurs de séances interactives, au cours desquelles les spectateurs récitent chaque réplique par cœur tout en s’aspergeant de riz, d’eau et de confettis, sont aux anges lorsqu’ils revoient pour la millième fois The Rocky Horror Picture Show. Mais pour ceux qui sont en quête d’une parodie intelligente et sincère du cinéma de genre, Mel Brooks les a déjà comblés avec Frankenstein Junior l’année précédente.
 
© Gilles Penso

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IZNOGOUD (2005)

En adaptant à l'écran la BD de Goscinny et Tabary, Patrick Braoudé tente de marcher sur les traces d'Alain Chabat…

IZNOGOUD

2005 – FRANCE

Réalisé par Patrick Braoudé

Avec Michaël Youn, Jacques Villeret, Olivier Barroux, Kad Merad, Franck Dubosc, Bernard Farcy, Elsa Pataky, Arno Chevrier, Rufus

THEMA MILLE ET UNE NUITS

En écrivant et réalisant Iznogoud, Patrick Braoudé marche manifestement sur les traces d’Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, dont le succès colossal avait de quoi attiser toutes les convoitises. Seulement voilà : l’auteur de Neuf Mois, spécialisé jusqu’alors dans les comédies familiales, n’est guère à l’aise dans un univers déjanté et parodique qui seyait forcément bien mieux à Alain Chabat. Tous les ingrédients semblent avoir été réunis (gags en cascade, somptueux décors, casting privilégiant les « stars » du petit écran, jeux de mot référentiels, anachronismes à foison), mais la mayonnaise ne prend désespérément pas. Il faut dire que Braoudé partait avec un certain handicap. Car si chaque album d’Astérix raconte un récit complet en un album entier, ceux d’Iznogoud sont principalement conçus comme des gags courts concentrés sur une seule planche. Comment, dans ce cas, faire tenir un scénario digne de ce nom sur la durée d’un long-métrage ? 

Tant bien que mal, le cinéaste s’efforce donc de narrer les diaboliques stratagèmes élaborés par le grand vizir Iznogoud pour prendre la place tant convoitée du bienveillant calife Haroun El Poussah. Michaël Youn et Jacques Villeret s’en tirant plutôt bien dans leurs rôles respectifs de vil politicien exhalant la duplicité et de ventripotent souverain bon vivant et naïf, Iznogoud parvient à maintenir un semblant d’intérêt pendant une petite demi-heure. Mais assez rapidement, la lassitude s’installe, d’autant que Braoudé, ne sachant plus trop comment s’en sortir, s’efforce deux fois d’affilée de nous faire croire que le vizir a réussi son coup et que le calife a passé l’arme à gauche. Pour relancer l’intérêt, une intrigue amoureuse est greffée assez tardivement dans le récit, Iznogoud s’éprenant soudain de la belle Prehti-Ohman (Elsa Pataky) promise au harem du calife, au grand dam de son barbare de père incarné avec beaucoup de verve par Bernard Farcy (qui comme par hasard jouait le rôle du chef des pirates dans l’Astérix de Chabat). Mais le scénario n’en ressort guère grandi, chaque gag raté (et ils sont nombreux, hélas !) aggravant le constat d’échec d’un film finalement plus embarrassant qu’amusant.

Jolis effets spéciaux et gags ratés…

Seule petite éclaircie au milieu de ce tableau bien sombre : profitant de son contexte de conte des Mille et Une Nuits, Iznogoud se permet quelques écarts dans le domaine du Fantastique pur et dur, servis par de remarquables effets numériques conçus au sein du laboratoire Eclair. D’où d’assez savoureuses séquences mettant en scène deux génies capricieux interprétés par Kad et Olivier, une étonnante grenouille en 3D prompte à se métamorphoser en prince, un éléphant invisible sur lequel est juché Villeret, ou encore une vertigineuse course-poursuite en tapis volant dans un canyon qui cligne de l’œil vers La Guerre des étoiles et Independence Day. Le reste du film ne réjouit guère, pas plus que les chansons qui le scandent régulièrement et qui semblent conçues dans le double objectif de séduire les fans de Michaël Youn et de faire vendre la bande originale. Bref un ratage en bonne et due forme, dont on ne sait pas trop s’il s’adresse aux adultes ou aux enfants, mais qui n’aura probablement aucune faveur aux yeux des amateurs de la bande dessinée originale.
 
© Gilles Penso

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LES RONGEURS DE L’APOCALYPSE (1972)

Un film catastrophe improbable dans lequel la population est attaquée par une horde de lapins géants !

NIGHT OF THE LEPUS

1972 – USA

Réalisé par William F. Claxton

Avec Stuart Whitman, Janet Leigh, Rory Calhoun, Paul Fix, Christ Morrell, Francesca Jarvis, Robert Hardy, DeForest Kelley

THEMA MAMMIFÈRES

Jusqu’alors spécialisés dans le western, le réalisateur William F. Claxton et le producteur A.C. Lyseland décident au début des années 70 de s’attaquer à un film fantastique s’inspirant à la fois des attaques animales qui fleurissaient sur les écrans dans les années 50 et de la vogue en plein essor du cinéma catastrophe. Ils plantent donc leurs caméras sur un site propice aux chevauchées de cowboys avec lesquelles ils étaient familiers, autrement dit les grandes étendues de l’Arizona, et demandent aux scénaristes Don Holliday et Gene R. Kearney d’adapter le roman « The Year of the Angry Rabbit » de Russell Braddon. La trivialité du titre du livre (qu’on peut traduire par « L’Année du lapin en colère ») en dit déjà assez long et aurait sans doute dû alerter Claxton et Lyseland sur l’improbabilité du concept. 

Le postulat est le suivant : un scientifique effectuant des recherches sur les lapins s’efforce d’enrayer leur croissance galopante pour éviter les ravages dont ces rongeurs sont capables lorsqu’ils sont en surnombre. Il manipule donc l’organisme de quelques spécimens, mais son étourdie de fille, sans le vouloir, en libère un dans la nature. Bientôt, le cobaye se met à atteindre des proportions inquiétantes, et finalement des centaines de lapins gros comme des vaches se mettent à courir la campagne ! Le concept des Rongeurs de l’Apocalypse est donc assez improbable, et le fait que le film décide d’aborder ce sujet au premier degré, avec un sérieux imperturbable, n’arrange pas les choses. Les effets spéciaux font ce qu’ils peuvent pour visualiser l’apocalypse promise par le titre français : transparences, caches et décors miniatures filmés au ralenti pour faire paraître les lapins plus gros, hommes costumés ou accessoires grandeurs nature pour les interactions avec les acteurs. Le montage nerveux sauve un peu la mise, et l’abus d’effets sanglants et de cadavres mutilés renforce l’impact des attaques. Mais rien n’y fait : l’idée de lapins géants battant la campagne fait systématiquement rire. Et les dialogues sont à l’avenant, c’est à dire très drôles au second degré. 

Le film que personne n'assume

Conscients un peu tardivement que l’idée de lapins géants risquait de faire fuir les spectateurs, les distributeurs remplacèrent le titre originalement prévu (Rabbits) par un plus énigmatique Night of the Lepus, et décidèrent de ne pas montrer de rongeurs sur les posters, leur préférant de grands yeux mystérieux surgissant des ténèbres. Selon le principe des grands films catastrophe de l’époque, le film réunit quelques vieilles gloires sur le retour, ce qui donne lieu à un casting surréaliste et un peu fané : Janet Leigh (l’adepte des douches de Psychose), Stuart Whitman (fier soldat du Jour le plus Long)Rory Calhoun (cowboy populaire des années 40 et 50) ou encore DeForest Kelley (le docteur McCoy de Star Trek) ici affublé d’une charmante moustache. Autant dire que tous les membres de ce casting relativement prestigieux ont aussitôt rayé Les Rongeurs de l’Apocalypse de leurs CV respectifs. Janet Leigh, qui aurait accepté le tournage principalement parce qu’il se déroulait près de chez elle, déclara même quelques années plus tard : « J’ai essayé d’oublier tout ce qui avait un rapport avec ce film » !
 
© Gilles Penso

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FOREVER YOUNG (1992)

Une fable de science-fiction nostalgique qui s'interroge sur les vertus de la jeunesse éternelle

FOREVER YOUNG

1992 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Mel Gibson, Jamie Lee Curtis, Elijah Wood, Isabel Glasser, George Wendt, Joe Morton, Nicolas Surovy, David M. Grant

THEMA MEDECINE EN FOLIE

C’est J.J. Abrams, futur créateur des séries Alias et Lost, qui est à l’origine de Forever Young. Son scénario, baptisé initialement « The Rest of Daniel », échut sur le bureau de Mel Gibson qui décida aussitôt de s’y impliquer. Principalement connu à l’époque comme star du cinéma d’action, à travers les sagas Mad Max et L’Arme Fatale, le comédien entrevoyait là la possibilité de changer de registre mais également de lancer sa carrière de producteur, via sa compagnie Icon Entertainment. Et c’est Steve Miner, jusqu’alors spécialisé dans les films d’horreur (Le Tueur du VendrediMeurtres en Trois Dimensions, House, Warlock) qui fut chargé de diriger le film. Cette combinaison de talents à priori peu assortis aboutit à une réjouissante fable de science-fiction mixant astucieusement l’aventure, le drame et la comédie. 

En 1939, la vie de Daniel McCormick (Gibson), pilote de bombardier, vire au cauchemar. Sa fiancée Helen (Isabel Glasser) sombre en effet dans le coma après avoir été renversée par une voiture, alors qu’il s’apprêtait à la demander en mariage. Désespéré, il se porte volontaire pour une expérience de cryogénie top secrète menée par son meilleur ami Harry Finley (George Wendt). Daniel ne le sait pas encore mais l’expérience, qui ne devait durer qu’un an, va mal tourner et le plonger dans un sommeil de cinquante ans. Suite à la maladresse de deux enfants qui jouent dans l’entrepôt de l’armée où est abandonné le caisson, notre homme s’éveille en 1992, à peu près aussi tourneboulé que Bernard Alane à la fin d’Hibernatus. Incapable de trouver un interlocuteur au sein de l’armée susceptible de croire à son histoire, il sympathise avec Nat Cooper (Elijah Wood), l’un des deux gamins qui l’ont accidentellement libéré. Claire (Jamie Lee Curtis), infirmière et mère célibataire de Nat, se laisse séduire par Daniel et accepte de l’héberger. Tandis qu’il s’efforce de retrouver la trace de son ami scientifique et de comprendre pourquoi l’expérience a mal tourné, Daniel découvre qu’il est en train de subir un vieillissement accéléré. Pour couronner le tout, le FBI se lance bientôt à ses trousses…

Une histoire d'amour qui défie le temps

Le rythme enlevé de Forever Young et le naturel de ses comédiens nous rappellent que Steve Miner fut également le réalisateur de Soul Man, une comédie savoureuse des années 80 qui demeure à ce jour son meilleur film. La capacité qu’offre Forever Young de passer du rire aux larmes, ainsi que ses coups de théâtre relançant régulièrement l’intrigue, permettent aux spectateurs d’avaler plus facilement les nombreuses incohérences qui jalonnent son scénario. On note au passage une partition tour à tour énergique et aérienne signée par l’immense Jerry Goldsmith, ainsi que d’habiles maquillages vieillissants conçus par le vétéran Dick Smith et réalisés par Greg Cannom. Bourré d’émotion, le final clôt en beauté cette histoire d’amour qui défie le temps, même si les plus cyniques lui reprocheront probablement sa grande naïveté et son manque de finesse. Grand scuccès du box-office mondial, Forever Young permit à Mel Gibson d’entamer un virage dans sa carrière et de faire dès l’année suivante ses premiers pas dans la mise en scène, mais n’offrit guère à Steve Miner l’opportunité de transformer l’essai.

© Gilles Penso

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DIDIER (1997)

Pour sa première réalisation, Alain Chabat se transforme en chien sous les yeux désabusés de Jean-Pierre Bacri

DIDIER

1997 – FRANCE

Réalisé par Alain Chabat

Avec Alain Chabat, Jean-Pierre Bacri, Isabelle Gélinas, Caroline Cellier, Lionel Abelanski, Chantal Lauby, Josiane Balasko

THEMA MAMMIFÈRES

Premier film d’Alain Chabat après treize ans de télévision et un long-métrage collectif avec ses comparses les Nuls, Didier combine les deux passions de son auteur : la comédie burlesque et le fantastique. « Au départ, j’avais une idée de sketch pour les Nuls, avec un homme qui avait été chien dans une vie antérieure et qui en gardait quelques traces », explique Chabat. « Puis je suis parti de l’idée inverse, c’est-à-dire un chien qui se transforme en homme. Je me suis dit qu’il y avait là matière à un petit court-métrage, et c’est Dominique Farrugia qui m’a convaincu d’en faire un long. » (1) Le scénario raconte donc la métamorphose inexpliquée d’un labrador baptisé Didier en être humain. Rien ne justifie cette transformation aberrante, si ce n’est une étrange lumière bleue venue du ciel au beau milieu de la nuit. Or Didier est provisoirement hébergé par Jean-Pierre (Bacri), manager d’une équipe de foot du sud de la France. Celui-ci a d’autres chats à fouetter, notamment la blessure soudaine d’un de ses joueurs qui risque de lui faire perdre un match décisif et de s’attirer les foudres d’un financier mafieux. De fait, lorsque Didier prend une apparence humaine sans pour autant perdre son comportement de chien, Jean-Pierre est dépassé par les événements. Passée la surprise, il découvre un détail peu négligeable : Didier rapporte très bien la baballe, à tel point qu’avec un peu d’entraînement, on pourrait en faire un joueur de foot exceptionnel… 

Si Didier fonctionne si bien, ce n’est pas tant grâce à ce postulat de départ, pour le moins anecdotique, ni tellement via le comique de situation, finalement assez sous-exploité, mais bien par le biais des relations qui se tissent entre Jean-Pierre et Didier. Car Bacri, habitué à un registre bien plus réaliste, nous fait croire sans réserve à cet extravagant phénomène, par la justesse de son jeu et de ses réactions, et par les dialogues hilarants que l’ex-Nul lui a rédigés sur mesure. « Quand on embarque avec soi quelqu’un qu’on admire autant, on a envie de l’épater », raconte Chabat. « Jean-Pierre Bacri n’est pas quelqu’un qui s’embarrasse de formules et de politesse. S’il vous dit qu’il a rigolé en lisant le script, c’est vrai. » (2) Dans la peau d’un faux égoïste irascible, Bacri dote son personnage d’une humanité qui éloigne définitivement Didier du simple sketch mué en film, travers fréquent chez les comiques du petit écran passés à la réalisation. 

Le meilleur ami de l'homme

Chabat lui-même excelle dans le rôle du chien habitant un corps d’homme, témoignant d’une passion sans borne pour l’expression corporelle grotesque. Ses trottinements incessants, ses regards ahuris et sa propension à flairer l’arrière-train d’autrui déclenchent irrémédiablement le rire. Le climax du film est bien évidemment le match décisif au Parc des Princes, au cours duquel le réalisateur débutant s’amuse à multiplier les effets de style, prouvant une belle maîtrise du matériau filmique malgré des défauts inhérents à un premier long-métrage, notamment un rythme pas toujours soutenu et quelques gags qui passent mal le cap du grand écran. En guest-stars, on retrouve bien sûr Chantal Lauby et Dominique Farrugia, mais aussi Josiane Balasko, qui dirigera elle-même Chabat dans Gazon Maudit.


(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2007

 

© Gilles Penso

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HURLEMENT 2 (1985)

Le classique de Joe Dante a accouché d'une séquelle navrante où se sont échoués Christopher Lee et Sybil Danning

HOWLING 2 : YOUR SISTER IS A WEREWOLF

1985 – USA

Réalisé par Philippe Mora

Avec Christopher Lee, Reb Brown, Annie MacEnroe, Sybil Danning, Marsha A. Hunt, Judd Omen, Ferdy Mayne

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS

Sortie sur les écrans français sous le titre Horror avant d’être rebaptisée plus logiquement Hurlement 2 pour son exploitation vidéo, cette calamiteuse séquelle du chef d’œuvre lupin de Joe Dante est signée Philippe Mora, dont les titres de gloire précédents étaient l’excessif Les Entrailles de l’Enfer et le parodique The Return of Captain Invincible dans lequel Christopher Lee interprétait un truculent super-vilain. Ce dernier a-t-il accepté de participer à Hurlement 2 dans l’espoir que le réalisateur y injecte à nouveau de l’humour et du second degré ? Si c’est le cas, l’ex-comte Dracula de la Hammer a sérieusement dû déchanter. Car le scénario, qui mélange dans l’anarchie la plus totale lycanthropie, vampirisme et sorcellerie, est désespérément simpliste, accumulant les situations grotesques et les dialogues involontairement risibles. 

Hurlements s’achevait par la mort pathétique de la journaliste Karen White, interprétée par Dee Wallace. La suite s’ouvre donc sur son enterrement. Accablés par sa perte, son frère Ben et son amie Jenny sont interpellés par un homme étrange nommé Stefan Crosscoe. Spécialisé dans l’occultisme, ce clone de Van Helsing leur révèle que Karen était un loup-garou, et qu’elle ne trouvera le repos éternel que si on perce son cœur avec un pieu en titane, l’argent n’ayant plus d’effet sur les lycanthropes nouvelle génération. Mais pour éradiquer définitivement le mal à sa racine, il faut se rendre en Transylvanie et affronter Stirba, grande prêtresse satanique, adepte de la magie noire et mère de tous les loups-garous. Ben et Jenny acceptent de suivre Cosscroe dans sa quête, et c’est parti pour une heure et demi de n’importe quoi.

Stirba, la mère des loups-garous

Difficile de départager ce qui nuit le plus au film : ses acteurs patauds, sa bande originale de supermarché vociférée par un Duran-Duran du pauvre ou ses péripéties d’une rare absurdité. Pour apporter une touche d’érotisme à ce cocktail douteux, Sybil Danning, gironde interprète de la maléfique Stirba, se dévêt allègrement et participe à des orgies bizarres au cours desquelles les comédiens, apparemment en roue libre, se trémoussent et tirent la langue sans trop y croire. Les maquillages spéciaux eux-mêmes souffrent évidemment de la comparaison avec les hallucinantes métamorphoses crées quatre ans plus tôt par Rob Bottin, et les loups-garous ne font que de furtives apparitions à l’écran. Ce qui n’empêche pas le film de se permettre quelques écarts gore parfaitement gratuits, comme ce nain dont les yeux explosent ou cet homme dévoré par un sceptre vivant mi-loup mi-chauve-souris. Seul élément un tant soit peu original : le montage de Charles Bornstein qui insère régulièrement en cours de séquence des plans furtifs appartenant à d’autres scènes du film. Si le résultat obtenu est parfois maniéré voire artificiel, il permet toutefois d’obtenir des effets intéressants, comme ce spectacle de marionnette avec un loup et une jeune fille, monté parallèlement à l’agression d’une victime féminine par un lycanthrope. Mais bon, de là à crier au génie… Malgré sa médiocrité globale, Hurlement 2 lancera cinq autres séquelles tout aussi incongrues.
 
© Gilles Penso

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PUPPET MASTER III : LA REVANCHE DE TOULON (1991)

Le troisième et sans doute le meilleur opus de la très longue saga de Charles Band consacrée aux poupées tueuses

PUPPET MASTER III : TOULON’S REVENGE

1991 – USA

Réalisé par David DeCoteau

Avec Guy Rolfe, Richard Lynch, Ian Abercrombie, Kristopher Logan, Aron Eisenberg, Walter Gotell, Sarah Douglas

THEMA JOUETS I SAGA PUPPET MASTER CHARLES BAND

Quand un businessman aussi avisé que Charles Band tient un bon filon, il se garde bien de l’abandonner. Le médiocre Puppet Master II s’achevant sur une fin très ouverte, le pire restait à craindre. Mais Band a eu la bonne idée d’oublier les insipides protagonistes du second opus et d’opter pour une « préquelle ». Initié deux mois à peine après la sortie de son prédécesseur dans les vidéo-clubs, Puppet Master III se situe donc chronologiquement avant le premier et nous explique comment André Toulon a pu devenir le Maître des Poupées. C’est l’occasion de sympathiser avec ce personnage harcelé par les nazis à Berlin pendant la seconde guerre mondiale. Pour avoir mis hitler au même niveau qu’un guignol, il reçoit une visite de la gestapo et d’un scientifique cherchant à réanimer les soldats morts du reich. Pris en chasse, Toulon entreprend de se venger de la mort de sa femme liquidée par l’infâme major Kraus. Il se sert pour ça de ses marionnettes vivantes : le colosse Pinhead, la poupée Leech cracheuse de sangsues, Blade aux bras tranchants, et du nouveau venu Six Coups. C’est Guy Rolfe, déjà « Maître des Poupées » dans Dolls, qui prête ses traits ridés et malicieux au personnage. Voilà qui nous change de l’espèce de zombie théâtral auquel nous avions droit dans le film précédent. 

De plus, le scénario va plus loin dans l’idée que chaque marionnette de Toulon est inspirée d’un être humain précis, ce qui lui permet d’en posséder le caractère. On passera outre l’aberration chronologique qui situe ce récit en 1941 alors que le premier Puppet Master montrait Toulon se suicider en…1939. La meilleure surprise du film, comme toujours, est une nouvelle poupée inventée à l’occasion de ce troisième épisode. Il s’agit d’un pistolero armé de six bras et donc de six revolvers, affublé d’un sourire figé et d’un ricanement sarcastique permanent. Chacune des apparitions de ce croisement contre-nature entre Kali, le Joker et Clint Eastwood est un petit bonheur, et il mérite à lui seul la vision du film. L’un des plans les plus étonnants de cette marionnette le montre en plongée en train d’escalader la façade d’un immeuble comme une araignée. Une fois de plus, le génial animateur David Allen – qui avait réalisé l’opus précédent – rivalise d’inventivité pour donner vie aux créatures miniatures.

Un croisement entre Kali, le Joker et Clint Eastwood

Imaginé par son scénariste C. Courtney Joyner comme un « Puppet Master mixé avec Quand les aigles attaquent et La Nuit des généraux », mis en scène avec beaucoup de soin par un David DeCoteau déjà vétéran du genre (une trentaine de longs-métrages au compteur dont l’inénarrable Creepozoïds), Puppet Master III possède toutes les qualités requises pour se hisser au-dessus de la mêlée et s’affirmer sans trop de controverse comme l’un des meilleurs épisodes de cette prolifique saga. Le meilleur même, selon beaucoup d’amateurs. Le générique de fin annonce fièrement : « Prochainement : Puppet Master 4, lorsque les mauvaises poupées deviennent bonnes » ! La saga continua en effet d’alimenter sans relâche le marché de la vidéo, d’abord avec Puppet Master 4 (1993) et Puppet Master 5 (1995), tournés simultanément par Jeff Burr. La série se poursuivra avec une demi-douzaine de séquelles très dispensables, certains épisodes se contentant de réutiliser de nombreux extraits des films précédents, ainsi qu’un inévitable – et réjouissant – reboot.
 
© Gilles Penso

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