Saga DC COMICS

Du tout premier Superman cinématographique des années 50 jusqu’aux derniers exploits de l’Homme d’Acier et du Chevalier Noir, voici plus de six décennies de super-héros DC portés à l’écran… Petite précision : les serials et les séries télévisées n’ont pas été intégrées dans cette liste, sauf lorsque certaines de ces dernières ont été remontées sous forme de longs-métrages autonomes. Les films d’animation ne sont pas non plus comptabilisés ici. 

1951: Superman et les nains de l’enfer de Lee Sholem

1966: Batman le film de Leslie H. Martinson

1978: Superman de Richard Donner  
1980: Superman 2 de Richard Donner et Richard Lester  
1982: La Créature du Marais de Wes Craven

1983: Superman 3 de Richard Lester

1984: Supergirl de Jeannot Szwarc

1987: Superman 4 de Sidney J. Furie

1989: Le Retour de la Créature du Lagon de Jim Wynorski

1989: Batman de Tim Burton  
1992: Batman le défi de Tim Burton  
1995: Batman Forever de Joel Schumacher 

1997: Batman et Robin de Joel Schumacher

1997: Steel : des Nerfs d’Acier de Kenneth Johnson

2004: Catwoman de Pitof  
2004: Constantine de Francis Lawrence
2005: Batman Begins de Christopher Nolan  
2005: V pour Vendetta de James McTeigue
2006: Superman Returns de Bryan Singer
2008: The Dark Knight de Christopher Nolan   
2008: The Spirit de Frank Miller  
2008: Watchmen, les Gardiens de Zack Snyder  
2010: Jonah Hex de Jimmy Hayward
2011: Green Lantern de Martin Campbell

2012: The Dark Knight Rises de Christopher Nolan  

2013: Man of Steel de Zack Snyder
2016: Batman V Superman de Zack Snyder
2016: Suicide Squad de David Ayer
2017: Wonder Woman de Patty Jenkins
2017: Justice League de Zack Snyder
2018: Aquaman de James Wan
2019: Joker de Todd Philips
2019: Shazam ! de David F. Sandberg
2020: Birds of Prey de Cathy Yan

2020: Wonder Woman 1984 de Patty Jenkins

2021: The Suicide Squad de James Gunn

2021: Zack Snyder’s Justice League de Zack Snyder

2022: The Batman de Matt Reeves

2022: Black Adam de Jaume Collet-Serra

2023: Shazam ! la rage des dieux de David F. Sandberg

2023: The Flash d’Andres Muschietti

2023: Aquaman et le royaume perdu de James Wan

2024: Joker : folie à deux de Todd Philips

Saga MARVEL COMICS

De 1977 à aujourd’hui, voici l’intégralité des adaptations sous forme de longs-métrages live de l’univers Marvel. Spider-Man, Hulk, Les Quatre Fantastiques, Les X-Men, Iron Man, Captain America, Thor, Daredevil, Docteur Strange, Les Gardiens de la Galaxie, tous se sont donnés rendez-vous ici, film par film, chronique par chronique. Excelsior ! Petite précision : les serials et les séries télévisées n’ont pas été intégrées dans cette liste, sauf lorsque certaines de ces dernières ont été remontées sous forme de longs-métrages autonomes. Les films d’animation ne sont pas non plus comptabilisés ici. 

1977: L’Incroyable Hulk de Kenneth Johnson
1978: Hulk Revient de Kenneth Johnson  
1978: L’Homme-Araignée de B.W. Swackhamer
1978: La Riposte de l’Homme-Araignée de Ron Satlof  
1978: Doctor Strange de Philip de Guere  
1979: Captain America de Rod Holcomb  
1979: Captain America 2 d’Ivan Nagy 
1979: Spider-Man défie le Dragon de Don McDougal
1986: Howard une nouvelle race de héros de Willard Huyck
1988: Le Retour de l’Incroyable Hulk de Nicholas Corea
1989: Le Procès de l’Incroyable Hulk de Bill Bixby
1989: Punisher de Mark Goldblatt
1990: Captain America d’Albert Pyun  
1990: La Mort de l’Incroyable Hulk de Bill Bixby
1994: Fantastic Four d’Oley Sassone
1996: Génération X de Jack Sholder
1998: Nick Fury : Agent of S.H.I.E.L.D. de Rod Hardy
1998: Blade de Stephen Norrington
2000: X-Men de Bryan Singer
2002: Spider-Man de Sam Raimi
2002: Blade 2 de Guillermo del Toro
2003: Daredevil de Mark Steven Johnson
2003: X-Men 2 de Bryan Singer
2003: Hulk d’Ang Lee
2004: Punisher de Jonathan Hensleigh  
2004: Spider-Man 2 de Sam Raimi 
2004: Blade Trinity de David S. Goyer
2004: Elektra
 de Rob Bowman 
2005: Les Quatre Fantastiques de Tim Story
2005: Man-Thing de Brett Leonard
2006: X-Men : l’Affrontement Final de Brett Ratner  
2007: Ghost Rider de Mark Steven Johnson  
2007: Spider-Man 3 de Sam Raimi
2007: Les Quatre Fantastiques et le Surfer d’Argent de Tim Story
2008: Punisher: Zone de Guerre de Lexi Alexander
2008: Iron Man de Jon Favreau
2008: L’Incroyable Hulk de Louis Leterrier  
2009: X-Men Origins : Wolverine de Gavin Hood  
2009: Kick-Ass de Matthew Vaughn
2010: Iron Man 2 de Jon Favreau  
2011: Thor de Kenneth Branagh  
2011: Captain America : First Avenger de Joe Johnston 
2011: X-Men : le commencement de Matthew Vaughn 
2012: Ghost Rider : l’Esprit de Vengeance de Mark Neveldine et Brian Taylor
2012: Avengers de Joss Whedon 
2012: The Amazing Spider-Man de Marc Webb  
2013: Iron Man 3 de Shane Black  
2013: Thor, le Monde des Ténèbres d’Alan Taylor
2013: Wolverine : le Combat de l’Immortel de James Mangold  
2013: Kick-Ass 2 de Jeff Wadlow  
2014: Captain America : le Soldat de l’Hiver d’Anthony et Joe Russo  
2014: The Amazing Spider-Man : le Destin d’un Héros de Marc Webb  
2014: X-Men : Days of Future Past de Bryan Singer

2014: Les Gardiens de la Galaxie de James Gunn 

2015: Avengers : l’ère d’Ultron de Joss Whedon

2015: Ant-Man de Peyton Reed

2015: Les Quatre Fantastiques de Josh Trank 

2016: Deadpool de Tim Miller

2016: Captain America : Civil War d’Anthony et Joe Russo
2016: X-Men Apocalypse de Bryan Singer
2016: Doctor Strange de Scott Derrickson
2017: Logan de James Mangold
2017: Les Gardiens de la Galaxie volume 2 de James Gunn
2017: Thor Ragnarok de Taika Waititi
2017: Spider-Man Homecoming
 de Jon Watts
2018: Black Panther de Ryan Coogler
2018: Avengers : Infinity War d’Anthony et Joe Russo
2018: Ant-Man et la Guêpe de Peyton Reed

2018: Deadpool 2 de David Leitch

2018: Venom de Ruben Fleischer

2019: Captain Marvel d’Anna Boden et Ryan Fleck
2019: Avengers Endgame d’Anthony et Joe Russo
2019: Spider-Man: Far From Home de Jon Watts

2019: X-Men Dark Phoenix de Simon Kinberg

2021: Black Widow de Cate Shortland 

2021: Venom: Let There Be Carnage d’Andy Serkis

2021: Shang-Chi et les légende des dix anneaux de Destin Daniel Creton

2021: Les Éternels de Chloe Zhao

2021: Spider-Man No Way Home de Jon Watts

2022: Morbius de Daniel Espinosa

2022: Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi

2022: Thor Love and Thunder de Taika Waititi 

2022: Black Panther : Wakanda Forever de Ryan Coogler

2023: Ant-Man et la Guêpe Quantumania de Peyton Reed

2023: Les Gardiens de la galaxie volume 3 de James Gunn

2023: The Marvels de Nia DaCosta

2024: Deadpool & Wolverine de Shawn Levy

2024: Venom : The Last Dance de Kelly Marcel

2024: Kraven the Hunter de J.C. Chandor

CACHEZ CETTE QUEUE QUE JE NE SAURAIS VOIR !

A l’occasion de deux articles précédents, Le pire ennemi de Spider-Man et Les traductions calamiteuses de Spider-Man,
je soulignais le traitement honteux
que les éditions Panini avaient fait subir aux aventures de notre
cher homme-araignée en affublant ses rééditions de traductions
grotesques et d’une qualité d’impression tout juste passable, aux
couleurs délavées et aux contrastes approximatifs. Mais les
Intégrales Spider-Man de Panini ont au moins un mérite, et pas des
moindres : elles nous permettent de redécouvrir tous les récits de
la série Amazing Spider-Man dans l’ordre, sans interruption et
surtout sans censure. Car les éditions Lug, détentrices en France des
droits Marvel des années 60 aux années 90, se permirent
beaucoup de libertés avec le matériau mis à leur disposition. 



(Cliquez sur les images pour les agrandir)




Spider-Man fit son apparition en France dans les revues Fantask, Marvel et Strange.  Là,
l’anarchie régnait quelque peu. Certains épisodes furent allégés de
quelques pages, d’autres purement et simplement supprimés, d’autres
encore publiés dans le désordre. Mais le pire affront fut la
présence d’une censure permanente. Mises en garde par un article de loi
édicté par le Ministère de l’Intérieur et menaçant de faire
interdire toute revue susceptible de s’avérer « dangereuse pour la
jeunesse », les éditions Lug pratiquèrent une auto-censure fréquente,
s’équipant même d’un atelier de retouche spécifiquement
destiné à alléger certaines cases d’un contenu jugé peu adapté au
lectorat.


 

La plupart de
ces retouches concernait la violence des combats. Ainsi, si Spider-Man
frappait trop fort un adversaire… on faisait
disparaître l’adversaire, tout simplement, comme le montre cette
double image (à gauche la version Panini, à droite la version Lug).

 



Si notre
homme-araignée, un peu énervé, s’acharnait trop fort sur le docteur
Octopus, les gros plans étaient effacés, ni vus ni connus
!





Du coup, la
plupart des onomatopées du comics original ont disparu, afin d’atténuer
l’impact des coups frappés par les personnage. Lorsqu’un
personnage comme le Rhino défonçait un mur avec grand bruit, la
version Lug effaçait carrément tout le décor et transformait la
destruction en simple cavalcade…





Ce choix
pouvait donner des résultats très étranges, comme cette case où le
Rhino, censé fracasser une voiture, fonce dans le vide…



Sujet
particulièrement sensible, le problème de la drogue fut abordé
frontalement par Stan Lee dans un triple épisode qui, étrangement, ne
fut pas censuré par Lug… à l’exception d’une case montrant Harry
Osborn en plein désarroi, au milieu d’une pluie de pilules nocives. La
case est restée, mais les pilules ont disparu.



Mais c’est
sans conteste le personnage du Lézard qui a subi le plus les affres de
la censure. Sa première rencontre avec l’Homme-Araignée,
dans Amazing Spider-Man n°6, ne fut d’ailleurs jamais publiée par
Lug ! La double case ci-dessous est célèbre. Elle provient de l’épisode
40 de Spectacular Spider-Man, traduit en France dans le
n°37 de Nova. Affolés par la métamorphose du héros en
araignée-lézard, les frileux éditeurs français demandèrent à l’un de
leur dessinateur maison d’en proposer une version plus soft…    



D’une manière
générale, tous les gros plans du Lézard étaient effacés, coupés ou
remplacés, de peur de heurter la sensibilité des lecteurs.
En voici un exemple. A gauche l’intégrale de Panini, à droite le
même épisode publié dans Strange, avec une savante réorganisation du
texte pour masquer le faciès menaçant.





Mais les
séquences n’avaient pas besoin d’être violentes pour être censurées. A
ce titre, le choix le plus étrange des éditions Lug fut de
faire systématiquement effacer la queue du Lézard dans toutes les
cases où il apparaissait !



Ce parti pris
bizarre et systématique dura jusqu’à la fin des années 80, sans
explication logique… Pourquoi donc la queue serait-elle «
dangereuse » pour la jeunesse ? Un psychanalyste s’amuserait
probablement à en trouver la raison…



Le Lézard
n’est d’ailleurs pas le seul personnage à se voir priver de sa queue. Le
petit monstre Gog, recueilli par Kraven le chasseur, a
subi le même sévice !



Alors comment
trouver la solution idéale ? A ma gauche les Strange de notre enfance
qui nous ont tant fait rêver, aux couleurs superbes et
aux traductions soignées, mais tronqués par une censure permanente
et absurde. A ma droite les Intégrale Spider-Man qui restituent tous les
épisodes sans coupure, dans la continuité, mais
souffrent de traductions atroces et d’une impression baveuse. Et si
nous avions une troisième option, reprenant le meilleur des deux
versions ?


 

C’est le
projet fou dans lequel je me suis lancé, qui consiste à reconstituer
l’intégralité des épisodes de la saga « Amazing Spider-Man »,
dans l’ordre, en réutilisant prioritairement les publications de Lug
(Strange, Marvel, Fantask, Une Aventure de l’Araignée) et en restituant
toutes les pages coupées et toutes les cases censurées
à l’aide du matériau original. Un travail de longue haleine, de
titan, de fou sans doute, mais que je serai heureux de partager
lorsqu’il sera achevé. En voici un petit aperçu ci-dessous. En haut
une planche de chez Panini, délavée mais non retouchée. Au milieu la
même planche chez Lug, aux couleurs bien retsituées mais dont le Lézard
a perdu la queue. Et en bas la version alternative,
qui reprend les couleurs et les traductions de chez Lug mais rend au
Lézard sa queue !


Je ne suis pas au bout de mes peines, mais quand on aime, on ne compte pas !


Excelsior !


 

Gilles Penso

LES TRADUCTIONS CALAMITEUSES DE SPIDER-MAN

 

 

L’article que j’ai consacré aux traductions françaises de l’intégrale Spider-Man éditée chez Panini (que vous pouvez lire ici)
a suscité de nombreuses réactions.
La grande majorité d’entre elles m’a permis de comprendre que je
n’étais pas le seul consterné par ce travail bâclé, vulgaire, traité
souvent sans le moindre souci de la logique, voire de la
syntaxe la plus élémentaire. Certes, il y eut bien quelques
détracteurs arguant que mon acharnement contre la traductrice Geneviève
Coulomb était abusif dans la mesure où celle-ci n’est plus en
fonction depuis plusieurs années et aurait même pris une retraite
anticipée après avoir découvert les violentes diatribes que ses textes
provoquèrent auprès des internautes fans de comics. Parmi
les voix qui m’incitèrent à modérer mes propos, certaines
affirmèrent que les traducteurs sont souvent sous-payés et n’ont donc
pas les moyens de livrer un travail de qualité, d’autres que les
textes des années 70 méritaient d’être un peu modernisés pour mieux
coller au public actuel.

 
Mon
objectif n’était pas de tirer à vue sur cette brave dame que je ne
connais pas et dont je ne peux que juger le travail dans
les bulles des BD soumises à ses bons soins. Mais ce que j’ai lu –
c’est-à-dire la totalité des textes des aventures de Spider-Man qu’elle
traduisit en français – m’a pronfondément affligé.
Etait-elle sous-payée ? Peut-être. Mais faut-il plus de temps pour
traduire correctement “oh no!” par “oh non !” que par “crotte”, “merde”,
“calamitas” ou les mille et une autre interjections à
côté de la plaque dont Geneviève saupoudre son vocabulaire ?
Fallait-il moderniser les textes ? Pourquoi pas ? Mais en quoi
“schmilblik”, “la tatouille du siècle”” ou “Ducon Lajoie” (!!!)
sont-ils des expressions modernes et appréciables par le jeune
public ?

 
Pour
constater l’étendue des dégâts, j’ai joué le jeu de la comparaison. A
gauche, les traductions proposées par les éditions Lug
dans les années 70/80. A droite, celles de Geneviève Coulomb
publiées par Panini. Enjoy !

 

“La Tatouille du siècle”, comme disent les djeuns de maintenant…

De nos jours, les ados aiment bien se traiter de “Bougre de Polichinelle arriéré !”, c’est bien connu…

Une jolie compil, dans laquelle les armes deviennent des “tu-tues” et où interviennent la trompette et le ukulélé dans des
dialogues en plein délire…


Si quelqu’un comprend ce que le Roi de Prusse vient faire dans cette histoire,
qu’il m’explique !



“Dégage, Ducon !”, c’est quand même plus classe qu’un banal “Arrière !”

“Crotte !” demeure l’interjection préférée de Peter Parker dans les rééditions.

Encore une crotte… Décidément, il va falloir nettoyer tout ça


Une petite allusion au Schmilblik de Guy Lux et Coluche, pour captiver les plus jeunes lecteurs bien sûr
!



“Notre joyeux boss” c’est bien, mais “Ducon la Joie” c’est quand même mieux !

On finit en beauté avec un pétage de plomb total !
 
Alors
certes, Geneviève a pris sa retraite et ne sévit plus dans les pages de
notre bon vieux monte-en-l’air. Mais qui nous
donnera enfin des rééditions dignes de ce nom avec des textes
expurgés de tous ces délires bourrés d’argot surréaliste, d’insultes
grotesques, de contresens et de fautes ? En attendant, je
conserve précieusement mes vieux Strange, et je vous conseille d’en
faire autant…

 
© Gilles Penso

LE PIRE ENNEMI DE SPIDER-MAN

Le pire ennemi de Spider-Man n’est ni le Bouffon Vert, ni le Docteur Octopus, ni même Venom. Il s’agit d’une certaine
Geneviève Coulomb. Vous n’avez sans doute jamais
entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez
probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous
êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de
l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France.
entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez
probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous
êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de
l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France.
entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez
probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous
êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de
l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France.
entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez
probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous
êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de
l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France.
 
L’initiative de ces rééditions est
une bénédiction pour tous les spiderphiles qui souhaitent redécouvrir
depuis les origines (donc depuis le fameux Amazing Fantasy
n°15 de 1962) les aventures de Peter Parker et de son alter-ego
rouge et bleu. Jusqu’alors, ces histoires n’étaient disponibles en
français que dans les numéros de Strange ou de Fantask, publiés
chez feu les éditions Lug et devenus aujourd’hui des pièces de
collection aux prix parfois exorbitants. Actuellement, Panini en arrive
aux récits du début des années 80 et a donc déjà brassé
vingt années d’exploits arachnéens. Les collectionneurs ne peuvent
que crier de joie, d’autant que certaines de ces histoires étaient à
l’époque censurées chez Lug, voire tronquées ou publiées
dans le désordre. Alors où le bât blesse-t-il ?
 
Certes, la qualité d’impression, la
restitution des couleurs et l’encrage laissent parfois à désirer, si
l’on compare ces VF avec les versions originales. Mais le
plus gros problème réside ailleurs. Chargée de la traduction
française de tous les textes écrits par Stan Lee puis par les
scénaristes qui lui succédèrent, Geneviève Coulomb a décidé d’adopter un
style pour le moins étrange qui surprend dès les premières cases. De
l’argot incompréhensible aux contresens fréquents en passant par les
erreurs de syntaxe, l’orthographe aléatoire, les
grossièretés anachroniques, les interjections enfantines, les
expressions imaginaires, les insultes excentriques ou les traits
d’humour vulgaires, c’est un véritable festival d’absurdités qui ne
laisse au lecteur aucun répit. Du point de vue de l’humour
involontaire, l’effet est réussi. Mais pour qui souhaite (re)découvrir
les mythiques épisodes de la saga “Amazing Spider-Man” dans la
langue de Molière, c’est une véritable épreuve de force.

Sous la plume de GC, le brave Peter
Parker, jeune étudiant poli et sympathique, premier de la classe et
chouchou des
professeurs, devient impulsif et grossier. Lorsque Flash Thompson le
bouscule, il rétorque : “Gaffe, espèce de connard !”. Le mot “connard”
revient d’ailleurs souvent dans la traduction des
épisodes, reflet d’une vulgarité pourtant totalement absente des
écrits de Stan Lee. Dans les propos de Flash, Coulomb utilise très
souvent le mot “polar” (sans doute veut-elle dire “polard”,
vieille expression qualifiant un étudiant très sérieux) et traduit
ici “puny Parker” (“chétif Parker”) par “vermine”.

Dans
la case suivante, Flash disait en V.O. “Don’t make a federal case out
of it”, autrement dit “on ne va pas en faire une
affaire d’état”. Mais Coulomb aime faire dans la gaudriole. Elle
nous propose donc : “on va pas en péter une pendule” !!! Et lorsque
Flash traite Parker de “weakling” (“faible”), Coulomb choisit
le mot “rachtèque”, que ne mentionne aucun dictionnaire, et qui
semble être une contraction fantaisiste du mot “rachitique”.
 

On
continue dans la bonne humeur avec une réplique de haut vol lancée par
notre ami Spider-Man : “Nom de… !! Le roi des cons
est pas mon cousin !” Ici, la vulgarité le dispute à la stupidité,
et transforme notre bon vieux monte-en-l’air, d’habitude si spirituel,
en lourdaud au langage de charretier. Que disait-il en
V.O. ? “Holy smoke ! I must be the world’s prize chump!”,
c’est-à-dire “Bon sang ! Je suis le roi des idiots !” Pas assez fun pour
Funky Geneviève qui a cru bon d’y ajouter sa patte
inimitable…

Dans
un registre voisin, GC décide de s’ériger en émule de Marcel Pagnol dont elle paraphrase n’importe comment l’une des
répliques culte pour la greffer gratuitement aux dialogues de
Spider-Man. Ce qui nous donne (tenez-vous bien) : “Le jour où on a fait
danser les c…, j’étais pas à l’orchestre !”. Pas mal, non ?
“L’araignée radioactive m’a filé sa bêtise” poursuit Geneviève. Nous
serions tentés de lui renvoyer le compliment.
 

Dans
le domaine des interjections préférées de GC, deux reviennent
systématiquement, au moins une fois toutes les trois ou
quatre pages : “Calamitas !” (qui ne veut évidemment rien dire, à
moins que les personnage ne se mettent soudain à parler en latin) et
surtout “Crotte !” Chaque fois que Spider-Man est en
difficulté, il prononce ce joli mot digne de la petite section de
maternelle, comme ici face à l’homme-sable. Il y a plus de crottes dans
l’intégrale Spider-Man que sur les trottoirs de Paris. Un
bon coup de balai s’impose…
 

Il
y a aussi les répliques totalement incompréhensibles, du type :
“j’avais des peaux de sauc’ devant les yeux”. Là, toutes
les suppositions sont permises. S’agit-il de peaux de saucisson ? De
saucisse ? Allez savoir ! Les expressions imaginaires, les exclamations
enfantines et les insultes surannées sont légion chez
GC : “crâne d’alouf, tronche de piaf, duchnok, dugenou, chaud
dessous, bonjour l’angoisse, c’est peau de balle, petitou, tintin, des
clopes, depuis lulure”, pour n’en citer qu’une poignée. Sans
oublier l’innénarrable “Chmilbliz” qui lui a probablement été
inspiré par le Schmilblik de Coluche et Guy Lux et qui, comme tout le
reste, tombe dans les dialogues comme un cheveu gras dans la
soupe.
 

Là,
nous voila pantois. “Je comptais t’enfourner par cette lucarne avant
que tu me sèmer du poivre !” s’écrie Spider-Man en
sautant sur le Bouffon Vert. Combiner dans une même réplique une
faute d’orthographe, une faute d’accord, une expression inventée de
toutes pièces (“semer du poivre” ???) et un verbe au sens
douteux (“enfourner” par une lucarne ???), ça relève du grand art !
 
Quand on sait que ces quelques
exemples, glanés au fil des trois premiers tomes de l’intégrale (qui en
compte aujourd’hui 25) reflètent assez précisément la nature
des textes qui nous sont assénés épisode après épisode, on ne peut

s’empêcher de soupirer de lassitude et d’incrédulité. Un tel niveau
d’incompétence laisse rêveur, surtout lorsqu’on connaît la
valeur historique et culturelle d’une telle réédition.
 
Mais bon sang, que Geneviève Coulomb

change de métier et que Panini réédite ces aventures avec de vraies
traductions dignes de ce nom !
© Gilles Penso  
VOIR AUSSI (sur le même thème) :
LES TRADUCTIONS CALAMITEUSES DE SPIDER-MAN
CACHEZ CETTE QUEUE QUE JE NE SAURAIS VOIR !