Du tout premier Superman cinématographique des années 50 jusqu’aux derniers exploits de l’Homme d’Acier et du Chevalier Noir, voici plus de six décennies de super-héros DC portés à l’écran… Petite précision : les serials et les séries télévisées n’ont pas été intégrées dans cette liste, sauf lorsque certaines de ces dernières ont été remontées sous forme de longs-métrages autonomes. Les films d’animation ne sont pas non plus comptabilisés ici.
De 1977 à aujourd’hui, voici l’intégralité des adaptations sous forme de longs-métrages live de l’univers Marvel. Spider-Man, Hulk, Les Quatre Fantastiques, Les X-Men, Iron Man, Captain America, Thor, Daredevil, Docteur Strange, Les Gardiens de la Galaxie, tous se sont donnés rendez-vous ici, film par film, chronique par chronique. Excelsior !Petite précision : les serials et les séries télévisées n’ont pas été intégrées dans cette liste, sauf lorsque certaines de ces dernières ont été remontées sous forme de longs-métrages autonomes. Les films d’animation ne sont pas non plus comptabilisés ici.
A l’occasion de deux articles précédents, Le pire ennemi de Spider-Manet Les traductions calamiteuses de Spider-Man,
je soulignais le traitement honteux
que les éditions Panini avaient fait subir aux aventures de notre
cher homme-araignée en affublant ses rééditions de traductions
grotesques et d’une qualité d’impression tout juste passable, aux
couleurs délavées et aux contrastes approximatifs. Mais les
Intégrales Spider-Man de Panini ont au moins un mérite, et pas des
moindres : elles nous permettent de redécouvrir tous les récits de
la série Amazing Spider-Man dans l’ordre, sans interruption et
surtout sans censure. Car les éditions Lug, détentrices en France des
droits Marvel des années 60 aux années 90, se permirent
beaucoup de libertés avec le matériau mis à leur disposition.
(Cliquez sur les images pour les agrandir)
Spider-Man fit son apparition en France dans les revues Fantask, Marvel et Strange. Là,
l’anarchie régnait quelque peu. Certains épisodes furent allégés de
quelques pages, d’autres purement et simplement supprimés, d’autres
encore publiés dans le désordre. Mais le pire affront fut la
présence d’une censure permanente. Mises en garde par un article de loi
édicté par le Ministère de l’Intérieur et menaçant de faire
interdire toute revue susceptible de s’avérer « dangereuse pour la
jeunesse », les éditions Lug pratiquèrent une auto-censure fréquente,
s’équipant même d’un atelier de retouche spécifiquement
destiné à alléger certaines cases d’un contenu jugé peu adapté au
lectorat.
La plupart de
ces retouches concernait la violence des combats. Ainsi, si Spider-Man
frappait trop fort un adversaire… on faisait
disparaître l’adversaire, tout simplement, comme le montre cette
double image (à gauche la version Panini, à droite la version Lug).
Si notre
homme-araignée, un peu énervé, s’acharnait trop fort sur le docteur
Octopus, les gros plans étaient effacés, ni vus ni connus
!
Du coup, la
plupart des onomatopées du comics original ont disparu, afin d’atténuer
l’impact des coups frappés par les personnage. Lorsqu’un
personnage comme le Rhino défonçait un mur avec grand bruit, la
version Lug effaçait carrément tout le décor et transformait la
destruction en simple cavalcade…
Ce choix
pouvait donner des résultats très étranges, comme cette case où le
Rhino, censé fracasser une voiture, fonce dans le vide…
Sujet
particulièrement sensible, le problème de la drogue fut abordé
frontalement par Stan Lee dans un triple épisode qui, étrangement, ne
fut pas censuré par Lug… à l’exception d’une case montrant Harry
Osborn en plein désarroi, au milieu d’une pluie de pilules nocives. La
case est restée, mais les pilules ont disparu.
Mais c’est
sans conteste le personnage du Lézard qui a subi le plus les affres de
la censure. Sa première rencontre avec l’Homme-Araignée,
dans Amazing Spider-Man n°6, ne fut d’ailleurs jamais publiée par
Lug ! La double case ci-dessous est célèbre. Elle provient de l’épisode
40 de Spectacular Spider-Man, traduit en France dans le
n°37 de Nova. Affolés par la métamorphose du héros en
araignée-lézard, les frileux éditeurs français demandèrent à l’un de
leur dessinateur maison d’en proposer une version plus soft…
D’une manière
générale, tous les gros plans du Lézard étaient effacés, coupés ou
remplacés, de peur de heurter la sensibilité des lecteurs.
En voici un exemple. A gauche l’intégrale de Panini, à droite le
même épisode publié dans Strange, avec une savante réorganisation du
texte pour masquer le faciès menaçant.
Mais les
séquences n’avaient pas besoin d’être violentes pour être censurées. A
ce titre, le choix le plus étrange des éditions Lug fut de
faire systématiquement effacer la queue du Lézard dans toutes les
cases où il apparaissait !
Ce parti pris
bizarre et systématique dura jusqu’à la fin des années 80, sans
explication logique… Pourquoi donc la queue serait-elle «
dangereuse » pour la jeunesse ? Un psychanalyste s’amuserait
probablement à en trouver la raison…
Le Lézard
n’est d’ailleurs pas le seul personnage à se voir priver de sa queue. Le
petit monstre Gog, recueilli par Kraven le chasseur, a
subi le même sévice !
Alors comment
trouver la solution idéale ? A ma gauche les Strange de notre enfance
qui nous ont tant fait rêver, aux couleurs superbes et
aux traductions soignées, mais tronqués par une censure permanente
et absurde. A ma droite les Intégrale Spider-Man qui restituent tous les
épisodes sans coupure, dans la continuité, mais
souffrent de traductions atroces et d’une impression baveuse. Et si
nous avions une troisième option, reprenant le meilleur des deux
versions ?
C’est le
projet fou dans lequel je me suis lancé, qui consiste à reconstituer
l’intégralité des épisodes de la saga « Amazing Spider-Man »,
dans l’ordre, en réutilisant prioritairement les publications de Lug
(Strange, Marvel, Fantask, Une Aventure de l’Araignée) et en restituant
toutes les pages coupées et toutes les cases censurées
à l’aide du matériau original. Un travail de longue haleine, de
titan, de fou sans doute, mais que je serai heureux de partager
lorsqu’il sera achevé. En voici un petit aperçu ci-dessous. En haut
une planche de chez Panini, délavée mais non retouchée. Au milieu la
même planche chez Lug, aux couleurs bien retsituées mais dont le Lézard
a perdu la queue. Et en bas la version alternative,
qui reprend les couleurs et les traductions de chez Lug mais rend au
Lézard sa queue !
Je ne suis pas au bout de mes peines, mais quand on aime, on ne compte pas !
L’article que j’ai consacré aux traductions françaises de l’intégrale Spider-Man éditée chez Panini (que vous pouvez lire ici)
a suscité de nombreuses réactions.
La grande majorité d’entre elles m’a permis de comprendre que je
n’étais pas le seul consterné par ce travail bâclé, vulgaire, traité
souvent sans le moindre souci de la logique, voire de la
syntaxe la plus élémentaire. Certes, il y eut bien quelques
détracteurs arguant que mon acharnement contre la traductrice Geneviève
Coulomb était abusif dans la mesure où celle-ci n’est plus en
fonction depuis plusieurs années et aurait même pris une retraite
anticipée après avoir découvert les violentes diatribes que ses textes
provoquèrent auprès des internautes fans de comics. Parmi
les voix qui m’incitèrent à modérer mes propos, certaines
affirmèrent que les traducteurs sont souvent sous-payés et n’ont donc
pas les moyens de livrer un travail de qualité, d’autres que les
textes des années 70 méritaient d’être un peu modernisés pour mieux
coller au public actuel.
Mon
objectif n’était pas de tirer à vue sur cette brave dame que je ne
connais pas et dont je ne peux que juger le travail dans
les bulles des BD soumises à ses bons soins. Mais ce que j’ai lu –
c’est-à-dire la totalité des textes des aventures de Spider-Man qu’elle
traduisit en français – m’a pronfondément affligé.
Etait-elle sous-payée ? Peut-être. Mais faut-il plus de temps pour
traduire correctement “oh no!” par “oh non !” que par “crotte”, “merde”,
“calamitas” ou les mille et une autre interjections à
côté de la plaque dont Geneviève saupoudre son vocabulaire ?
Fallait-il moderniser les textes ? Pourquoi pas ? Mais en quoi
“schmilblik”, “la tatouille du siècle”” ou “Ducon Lajoie” (!!!)
sont-ils des expressions modernes et appréciables par le jeune
public ?
Pour
constater l’étendue des dégâts, j’ai joué le jeu de la comparaison. A
gauche, les traductions proposées par les éditions Lug
dans les années 70/80. A droite, celles de Geneviève Coulomb
publiées par Panini. Enjoy !
“La Tatouille du siècle”, comme disent les djeuns de maintenant…
De nos jours, les ados aiment bien se traiter de “Bougre de Polichinelle arriéré !”, c’est bien connu…
Une jolie compil, dans laquelle les armes deviennent des “tu-tues” et où interviennent la trompette et le ukulélé dans des
dialogues en plein délire…
Si quelqu’un comprend ce que le Roi de Prusse vient faire dans cette histoire, qu’il m’explique !
“Dégage, Ducon !”, c’est quand même plus classe qu’un banal “Arrière !”
“Crotte !” demeure l’interjection préférée de Peter Parker dans les rééditions.
Encore une crotte… Décidément, il va falloir nettoyer tout ça
Une petite allusion au Schmilblik de Guy Lux et Coluche, pour captiver les plus jeunes lecteurs bien sûr
!
“Notre joyeux boss” c’est bien, mais “Ducon la Joie” c’est quand même mieux !
On finit en beauté avec un pétage de plomb total !
Alors
certes, Geneviève a pris sa retraite et ne sévit plus dans les pages de
notre bon vieux monte-en-l’air. Mais qui nous
donnera enfin des rééditions dignes de ce nom avec des textes
expurgés de tous ces délires bourrés d’argot surréaliste, d’insultes
grotesques, de contresens et de fautes ? En attendant, je
conserve précieusement mes vieux Strange, et je vous conseille d’en
faire autant…
Le pire ennemi de Spider-Man n’est ni le Bouffon Vert, ni le Docteur Octopus, ni même Venom. Il s’agit d’une certaine Geneviève Coulomb. Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France. entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France. entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France. entendu parler de cette mystérieuse super-vilaine. Pourtant, vous avez probablement subi l’ampleur de ses forfaits si vous vous êtes plongé dans les rééditions de l’intégrale des aventures de l’homme-araignée publiées depuis une décennie chez Panini France. L’initiative de ces rééditions est une bénédiction pour tous les spiderphiles qui souhaitent redécouvrir depuis les origines (donc depuis le fameux Amazing Fantasy n°15 de 1962) les aventures de Peter Parker et de son alter-ego rouge et bleu. Jusqu’alors, ces histoires n’étaient disponibles en français que dans les numéros de Strange ou de Fantask, publiés chez feu les éditions Lug et devenus aujourd’hui des pièces de collection aux prix parfois exorbitants. Actuellement, Panini en arrive aux récits du début des années 80 et a donc déjà brassé vingt années d’exploits arachnéens. Les collectionneurs ne peuvent que crier de joie, d’autant que certaines de ces histoires étaient à l’époque censurées chez Lug, voire tronquées ou publiées dans le désordre. Alors où le bât blesse-t-il ? Certes, la qualité d’impression, la restitution des couleurs et l’encrage laissent parfois à désirer, si l’on compare ces VF avec les versions originales. Mais le plus gros problème réside ailleurs. Chargée de la traduction française de tous les textes écrits par Stan Lee puis par les scénaristes qui lui succédèrent, Geneviève Coulomb a décidé d’adopter un style pour le moins étrange qui surprend dès les premières cases. De l’argot incompréhensible aux contresens fréquents en passant par les erreurs de syntaxe, l’orthographe aléatoire, les grossièretés anachroniques, les interjections enfantines, les expressions imaginaires, les insultes excentriques ou les traits d’humour vulgaires, c’est un véritable festival d’absurdités qui ne laisse au lecteur aucun répit. Du point de vue de l’humour involontaire, l’effet est réussi. Mais pour qui souhaite (re)découvrir les mythiques épisodes de la saga “Amazing Spider-Man” dans la langue de Molière, c’est une véritable épreuve de force. Sous la plume de GC, le brave Peter Parker, jeune étudiant poli et sympathique, premier de la classe et chouchou des professeurs, devient impulsif et grossier. Lorsque Flash Thompson le bouscule, il rétorque : “Gaffe, espèce de connard !”. Le mot “connard” revient d’ailleurs souvent dans la traduction des épisodes, reflet d’une vulgarité pourtant totalement absente des écrits de Stan Lee. Dans les propos de Flash, Coulomb utilise très souvent le mot “polar” (sans doute veut-elle dire “polard”, vieille expression qualifiant un étudiant très sérieux) et traduit ici “puny Parker” (“chétif Parker”) par “vermine”. Dans la case suivante, Flash disait en V.O. “Don’t make a federal case out of it”, autrement dit “on ne va pas en faire une affaire d’état”. Mais Coulomb aime faire dans la gaudriole. Elle nous propose donc : “on va pas en péter une pendule” !!! Et lorsque Flash traite Parker de “weakling” (“faible”), Coulomb choisit le mot “rachtèque”, que ne mentionne aucun dictionnaire, et qui semble être une contraction fantaisiste du mot “rachitique”. On continue dans la bonne humeur avec une réplique de haut vol lancée par notre ami Spider-Man : “Nom de… !! Le roi des cons est pas mon cousin !” Ici, la vulgarité le dispute à la stupidité, et transforme notre bon vieux monte-en-l’air, d’habitude si spirituel, en lourdaud au langage de charretier. Que disait-il en V.O. ? “Holy smoke ! I must be the world’s prize chump!”, c’est-à-dire “Bon sang ! Je suis le roi des idiots !” Pas assez fun pour Funky Geneviève qui a cru bon d’y ajouter sa patte inimitable… Dans un registre voisin, GC décide de s’ériger en émule de Marcel Pagnol dont elle paraphrase n’importe comment l’une des répliques culte pour la greffer gratuitement aux dialogues de Spider-Man. Ce qui nous donne (tenez-vous bien) : “Le jour où on a fait danser les c…, j’étais pas à l’orchestre !”. Pas mal, non ? “L’araignée radioactive m’a filé sa bêtise” poursuit Geneviève. Nous serions tentés de lui renvoyer le compliment. Dans le domaine des interjections préférées de GC, deux reviennent systématiquement, au moins une fois toutes les trois ou quatre pages : “Calamitas !” (qui ne veut évidemment rien dire, à moins que les personnage ne se mettent soudain à parler en latin) et surtout “Crotte !” Chaque fois que Spider-Man est en difficulté, il prononce ce joli mot digne de la petite section de maternelle, comme ici face à l’homme-sable. Il y a plus de crottes dans l’intégrale Spider-Man que sur les trottoirs de Paris. Un bon coup de balai s’impose… Il y a aussi les répliques totalement incompréhensibles, du type : “j’avais des peaux de sauc’ devant les yeux”. Là, toutes les suppositions sont permises. S’agit-il de peaux de saucisson ? De saucisse ? Allez savoir ! Les expressions imaginaires, les exclamations enfantines et les insultes surannées sont légion chez GC : “crâne d’alouf, tronche de piaf, duchnok, dugenou, chaud dessous, bonjour l’angoisse, c’est peau de balle, petitou, tintin, des clopes, depuis lulure”, pour n’en citer qu’une poignée. Sans oublier l’innénarrable “Chmilbliz” qui lui a probablement été inspiré par le Schmilblik de Coluche et Guy Lux et qui, comme tout le reste, tombe dans les dialogues comme un cheveu gras dans la soupe. Là, nous voila pantois. “Je comptais t’enfourner par cette lucarne avant que tu me sèmer du poivre !” s’écrie Spider-Man en sautant sur le Bouffon Vert. Combiner dans une même réplique une faute d’orthographe, une faute d’accord, une expression inventée de toutes pièces (“semer du poivre” ???) et un verbe au sens douteux (“enfourner” par une lucarne ???), ça relève du grand art ! Quand on sait que ces quelques exemples, glanés au fil des trois premiers tomes de l’intégrale (qui en compte aujourd’hui 25) reflètent assez précisément la nature des textes qui nous sont assénés épisode après épisode, on ne peut
s’empêcher de soupirer de lassitude et d’incrédulité. Un tel niveau d’incompétence laisse rêveur, surtout lorsqu’on connaît la valeur historique et culturelle d’une telle réédition. Mais bon sang, que Geneviève Coulomb