FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER (2021)

Les deux anciens partenaires de Captain America font équipe pour stopper les agissements d’un groupe terroriste doté de super-pouvoirs…

THE FALCON AND THE WINTER SOLDIER

 

2021 – USA

 

Créée par Malcolm Spellman

 

Avec Anthony Mackie, Sebastian Stan, Emily VanCamp, Wyatt Russell, Erin Kellyman, Daniel Brühl

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE

Si WandaVision s’amusait à détourner les codes des sitcoms américaines pour plonger plusieurs personnages de Marvel dans une aventure décalée à contre-courant des attentes du public, Falcon et le soldat de l’hiver entre dans le rang en proposant une approche moins excentrique et plus conventionnelle. D’ailleurs, cette série devait initialement précéder WandaVision dans le calendrier des diffusions sur la chaîne Disney +. On sent bien ici la volonté de compenser la lourde perte de Captain America à la fin d’Avengers Endgame en donnant la vedette à ses deux co-équipiers, autrement dit le soldat « bionique » Bucky Barnes et l’homme-oiseau Sam Wilson, toujours incarnés par leurs interprètes sur grand écran, autrement dit Anthony Mackie et Sebastian Stan. Tous deux se lancent dans une enquête liée aux agissements violents des « Flag Smashers », un groupe terroriste qui possède des capacités physiques hors du commun et qui cherche à faire revenir le monde à son état initial, c’est-à-dire avant que « l’éclipse » provoquée par Thanos ne change la donne. Leurs pouvoirs leur viennent du sérum du super-soldat qui donna jadis naissance à Captain America. Comment l’ont-ils obtenu ? Comment les arrêter avant qu’ils ne plongent le monde dans le chaos ? Telles sont les réponses auxquelles vont devoir répondre nos deux justiciers…

Le concept de Falcon et le soldat de l’hiver semble vouloir emprunter ses gimmicks à la tradition des buddy movies, dont deux des mètres étalons majeurs demeurent L’Arme fatale et 48 heures. Le refrain est connu : obliger deux êtres que tout oppose (le caractère, le passé, les méthodes et même la couleur de peau) à faire équipe en s’efforçant de gommer leurs différences. Pour qu’une telle mécanique fonctionne à plein régime, un savant dosage d’action et d’humour s’avère généralement nécessaire. Or si du côté de l’aventure musclée il n’y a rien à redire (les poursuites en plein vol, les bagarres sur des poids-lourds lancés à vive allure, les échauffourées en pleine rue sont toutes menées de main de maître en s’appuyant sur des effets visuels souvent époustouflants), l’aspect comique de la série est sans conteste son point faible. Les piques que ne cessent de se lancer les deux héros sonnent souvent faux et tombent à plat, à cause d’une écriture faiblarde et d’acteurs qui n’ont pas l’air de beaucoup y croire. De ce côté, la série cherche visiblement la bonne tonalité, puisque ces tentatives timides de traits d’humour restent isolées, comme imposées à la dernière minute au sein d’un récit qui se prend par ailleurs très au sérieux.

Un nouveau Captain America ?

L’influence majeure de ce show créé par Malcolm Spellman semble surtout être le diptyque que les frères Russo ont consacré à Captain America (Le Soldat de l’hiver et Civil War) mais aussi les deux Dark Knight de Christopher Nolan. Il y a certes pires sources d’inspiration, mais une fois de plus la série semble ne pas trop savoir sur quel pied danser, alternant les rebondissements rocambolesques peu crédibles (tout ce qui tourne autour du Baron Zemo est parfaitement invraisemblable), les pics de violence inattendus et le discours social surligné sans nuance. Le salut aurait pu venir du personnage incarné par Wyatt – le fils de Kurt – Russell, un nouveau Captain America imposé par le gouvernement pour que le peuple retrouve confiance en un héros arborant fièrement la bannière étoilée. Cet ancien militaire couvert de distinctions et reconverti dans le football semble prêt à tout pour se montrer digne de son prestigieux prédécesseur. Mais de telles responsabilités ne sont-elles pas trop lourdes à porter pour un seul homme ? L’un des tournants dramatiques les plus brutaux (et les plus intéressants) de la série prouve que non. Mais cet enjeu n’est pas exploité jusqu’au bout, laissant finalement les téléspectateurs sur leur faim.

 

© Gilles Penso


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WANDAVISION (2021)

La Sorcière Rouge et l’androïde créé par Ultron revisitent les classiques de la télévision américaine dans cette série au concept très curieux…

WANDAVISION

 

2021 – USA

 

Créée par Jac Schaeffer

 

Avec Elizabeth Olsen, Paul Bettany, Teyonah Parris, Kat Dennings, Randall Park, Kathryn Hahn, Josh Stamberg, Evan Peters, Jett Klyne, Julian Hilliard

 

THEMA SUPER-HÉROS I CINÉMA ET TÉLÉVISION I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE

Si l’univers Marvel avait su se décliner avec un certain succès sur la plateforme Netflix grâce à des séries de la trempe de Daredevil, Jessica Jones et Luke Cage, la maison des Avengers possède en 2021 sa propre major, Marvel Studios, et un nouveau canal de diffusion sur mesure, Disney+. Pour marquer le coup et lancer officiellement la phase IV du Marvel Cinematic Universe sur les petits écrans avant son prolongement au cinéma, il fallait frapper fort. Choisir comme personnage principal de ce nouveau show Wanda Maximoff, alias la Sorcière Rouge, une anti-héroïne tragique, incontrôlable et incroyablement puissante, laissait imaginer un programme spectaculaire et explosif se hissant à la hauteur des films du MCU tout en s’inscrivant immédiatement après les événements décrits dans Avengers Endgame. Or WandaVision nous prend totalement par surprise avec son concept fou et culotté. Image au format 4/3, situations comiques, rires enregistrés, coupures publicitaires : la série prend la forme inattendue d’une parodie frontale des sitcoms les plus populaires de la télévision américaine depuis la fin des années 50. I Love Lucy, The Dick Van Dyke Show, Ma sorcière bien aimée, The Brady Bunch, Sacrée famille, Malcolm ou Modern Family sont tour à tour revisités sous l’angle du pastiche. Voilà un parti pris pour le moins surprenant.

Mais WandaVision ne s’arrête pas là. Parfois, le temps de furtives parenthèses déstabilisantes, la bizarrerie s’invite de manière inquiétante dans l’univers aseptisé des sitcoms et le rire s’interrompt – l’un des personnages est soudain pris d’un malaise, un objet anachronique fait son apparition, une interférence radio énigmatique se fait entendre – avant que la comédie reprenne son cours comme si de rien n’était. Ces basculements insidieux de l’euphorie vers le malaise ne sont pas sans rappeler le court-métrage culte Too Many Cooks de Casper Kelly ou même le David Lynch de Blue Velvet qui cachait sous le gazon en Technicolor des jolies banlieues américaines des insectes s’entredévorant et des mafieux malsains. Tout finit par s’expliquer en cours de route, le scénario à tiroirs de WandaVision ouvrant une brèche qui permet aux téléspectateurs d’appréhender soudain le récit sous forme d’une double narration parallèle, avec en filigrane ce qui ressemble à un hommage à Pleasantville et au Truman Show.

Un poison nommé Wanda

Dans le rôle du couple modèle naïf que forment Wanda et Vision, Elizabeth Olsen et Paul Bettany démontrent un fort potentiel comique, la série n’hésitant pas au fil de ses épisodes à cligner de l’œil tous azimuts (l’épisode spécial Halloween dans lequel les héros portent des costumes reprenant fidèlement la coupe excessive et les couleurs flashy de leurs modèles tels qu’ils furent dessinés dans les années 60 par Jack Kirby et John Buscema, ou encore l’intervention d’Evan Peters qui incarnait Quicksilver dans la saga X-Men). Mais le drame finit par s’immiscer dans ce monde trop aseptisé pour être vrai, le poison qui s’insinue dans l’âme tourmentée de Wanda contaminant bientôt tout son entourage. Dommage que le dernier acte de cette série en neuf épisodes finisse par gâcher la fête, s’affublant de multiples rebondissements qui amenuisent la force du concept premier, avec l’intervention d’un nouvel antagoniste franchement grotesque qu’on croirait issu d’un sous-Harry Potter. À cette réserve près, WandaVision reste une excellente surprise, pavant la voie des événements décrits dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness.

 

© Gilles Penso


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MONARCH : LEGACY OF MONSTERS (2023)

Le Godzilla américain et ses monstrueux homologues se réunissent dans cette série ambitieuse à cheval entre plusieurs époques…

MONARCH : LEGACY OF MONSTERS

 

2023 – USA

 

Créée par Chris Black et Matt Fraction

 

Avec Anna Sawai, Kiersey Clemons, Ren Watabe, Mari Yamamoto, Anders Holm, John Goodman, Joe Tippett, Kurt Russell, Wyatt Russell, Elisa Lasowski

 

THEMA DINOSAURES I SAGA GODZILLA I MONSTERVERSE

En 2021, Godzilla vs. Kong remporte un succès très honorable, confortant les studios Legendary et Warner Bros dans la viabilité de la saga « Monsterverse » amorcée avec le Godzilla de Gareth Edwards. Plusieurs déclinaisons sont donc envisagées, non seulement au cinéma mais également sur les petits écrans (l’idée étant de faire fructifier tous azimuts la franchise à la manière du Marvel Cinematic Universe). Si la première variante télévisée de cet univers est la série animée Skull Island (diffusée sur Netflix), la seconde sera en prises de vues réelles, selon la volonté des cadres de Legendary qui trouvent cette fois-ci un autre diffuseur : Apple TV. Le récit de Monarch : Legacy of Monsters s’articule sur plusieurs temporalités qui s’entremêlent. L’une est liée aux événements qui suivent directement l’attaque du Roi des Monstres dans le Godzilla de 2014 (le « jour G »). Les autres nous ramènent au milieu des années 50, puis font de réguliers vas et viens du passé vers le futur (y compris dans les années 70 le temps d’un détour par les péripéties décrites dans Kong : Skull Island). Les pièces d’un complexe puzzle narratif s’assemblent ainsi peu à peu, sous la supervision de Chris Black (Star Trek Enterprise) et Matt Fraction (Hawkeye), les deux créateurs de la série.

Tout en évoquant la création de l’énigmatique organisation Monarch dans les années 40, le script s’intéresse plus particulièrement à trois jeunes protagonistes héritant bien malgré eux des travaux secrets d’un aîné bien plus insaisissable qu’il ne semblait l’être. Il s’agit de Cate et Kentaro Randa (Anna Sawai et Ren Watabe), rapidement rejoints par une génie de l’informatique au passé trouble (Kiersey Clemons) et par un ancien militaire roublard, Lee Shaw. L’une des excellentes idées du show est d’avoir confié le rôle de ce dernier à deux acteurs qui affichent un indéniable air de famille (et pour cause, l’un est le père de l’autre !), en l’occurrence Kurt et Wyatt Russell. L’un incarne donc Lee dans les années 50 et l’autre en 2015. Leurs ressemblances physiques et la similitude de leurs mimiques emportent le morceau, même si Kurt semble beaucoup trop jeune pour le rôle dans la mesure où son personnage est censé avoir 90 ans. Le scénario finit par nous expliquer cette bizarrerie au détour d’un de ses nombreux rebondissements rocambolesques.

L’attaque des Titans

Pour des raisons qu’on imagine budgétaires mais aussi narratives, Monarch se révèle beaucoup plus axé sur les personnages humains que sur les monstres, ce qui peut se révéler frustrant pour les amateurs de grosses bébêtes mais présente au moins le mérite de gommer les scories de Godzilla II : Roi des monstres et de Godzilla vs. Kong qui, à trop vouloir en mettre plein la vue aux spectateurs, se muaient en spectacles de foire sans âme. Le cœur des enjeux dramatiques de Monarch se joue donc à échelle humaine et sur plusieurs époques. Pour parcimonieuses qu’elles soient, les apparitions des titans ne déçoivent pas, le bestiaire s’enrichissant de créatures nouvelles aux morphologies surprenantes (les nuées d’insectes géants, le monstre des glaces, le dragon de la forêt, le sanglier mutant et bien sûr Godzilla en personne). De manière intéressante, la série décrit un monde qui doit désormais s’accommoder avec la présence potentielle de monstres géants, d’où des publicités vantant les mérites de bunkers souterrains personnalisés, une signalétique dans les rues des grandes villes indiquant où se réfugier en cas d’attaque de titan ou encore des quartiers de San Francisco entièrement détruits et mués en « zones rouges » sous surveillance militaire. Sans doute pourra-t-on reprocher à Monarch le manque de finesse de son écriture et les nombreuses invraisemblances qui jalonnent son parcours scénaristique, mais le show reste divertissant et permet de créer des liens intéressants entre les divers événements narrés dans les films précédents de la franchise.

 

© Gilles Penso


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MERCREDI (2023)

La fille ainée de la famille Addams se réincarne sous les traits de Jenna Ortega dans cette série orchestrée par Tim Burton…

WEDNESDAY

 

2023 – USA

 

Créée par Alfred Gough et Miles Millar

 

Avec Jenna Ortega, Gwendoline Christie, Jamie McShane, Riki Lindhome, Christina Ricci, Hunter Doohan, Catherine Zeta-Jones, Luis Guzman, Isaac Ordenez

 

THEMA FREAKS I POUVOIRS PARANORMAUX I MAINS VIVANTES I LOUPS-GAROUS

Un jour où l’autre, il allait bien falloir que Tim Burton se frotte aux créations de Charles Addams, tant les univers gothico-morbido-fantastiques des deux hommes semblaient en phase. Au début des années 90, alors qu’une version cinéma de La Famille Addams se prépare, Burton est logiquement pressenti au poste de réalisateur. Mais Batman le défi occupe alors tout son temps, le poussant à céder sa place à Barry Sonnenfeld, qui signera aussi Les Valeurs de la famille Addams. Lorsque vingt ans plus tard Universal fait l’acquisition des droits des personnages de Charles Addams, Tim Burton revient en piste avec l’idée d’en tirer un long-métrage en stop-motion. Hélas, le projet avorte. Burton prend sa revanche avec Frankenweenie, et le film La Famille Addams sera au bout du compte animé en images de synthèse sous la direction de Greg Tiernan et Conrad Vernon. Jamais deux sans trois, dit-on. La rencontre entre Burton et Addams se fera finalement par le biais d’une série télévisée centrée sur la fille aînée de la célèbre famille, incarnée jadis par Lisa Loring sur le petit écran et par l’inoubliable Christina Ricci dans les films de Sonnenfeld. Tim Burton produit Mercredi avec Alfred Gough, Miles Millar et Gail Berman et réalise lui-même plusieurs épisodes, dont le pilote.

L’idée la plus judicieuse est d’avoir confié le rôle de cette nouvelle Mercredi à Jenna Ortega. Héroïne de la série pour enfants Harley : le cadet de mes soucis, diffusée sur Disney Channel, la jeune actrice avait amorcé un virage vers le cinéma d’horreur avec le cinquième Scream, The Baby Sitter : Killer Queen et X. La voilà donc parfaitement dans son élément, entrant dans la peau d’une de ces adolescentes gothiques taciturnes si chères à Tim Burton (dans la lignée de la Lydia de Beetlejuice ou de la Sally de L’Étrange Noël de Monsieur Jack). Morticia, Gomez, Pugsley, Fester et Lurch sont respectivement incarnés par Catherine Zeta-Jones, Luis Guzman, Isaac Ordonez, Fred Armisen et George Burcea, mais tous restent à l’arrière-plan pour laisser la vedette à Mercredi. Après avoir été renvoyée une énième fois d’un établissement scolaire, la jeune fille intègre l’académie Nevermore, une école privée pour étudiants « marginaux » – autrement dit dotés de capacités surnaturelles, ce qui n’est pas sans évoquer Miss Peregrine et les enfants particuliers. En cherchant à résoudre le mystère d’un meurtre dans la région, elle s’apprête à se heurter à des dangers insoupçonnés…

Chair de poule

Burton est donc parvenu à se réapproprier le monde de Charles Addams pour l’intégrer à sa propre imagerie, convoquant logiquement Danny Elfman pour composer le thème principal de la série (le reste de la musique étant l’œuvre de Chris Bacon). La fameuse chanson de Vic Mizzy brille hélas par son absence, même si un double claquement de doigts lui rend hommage de manière récurrente au fil de l’intrigue. Autre clin d’œil appréciable : la présence de Christina Ricci dans le rôle d’une des enseignantes de Nervermore (dont le nom est bien sûr une allusion à Edgar Poe). Il faut aussi louer la prestation de Victor Dorobantu dans le rôle (pas simple) de La Chose, qu’il dote miraculeusement d’une foule d’expressions. Calibrée pour un public adolescent en quête de gentils frissons, Mercredi évoque très souvent la franchise Harry Potter, avec laquelle elle entretient de nombreux points communs, mais aussi la saga littéraire « Chair de poule » de R.L. Stine, dont elle partage la même approche horrifique « soft ». Généreuse à défaut d’être très subtile, la série regorge de rebondissements, de retournements de situation, de coups de théâtre, de créatures fantasmagoriques et de phénomènes paranormaux, dotant même la jeune héroïne de pouvoirs que nous ne lui connaissions pas jusqu’alors : des visions furtives surgissant pendant un contact physique (à la manière de celles de John Smith dans Dead Zone). Le succès sera au rendez-vous, preuve que l’équation Burton + Addams était une vraie bonne idée.

 

© Gilles Penso


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SENSE 8 (2015-2018)

Dans cette série de science-fiction qui se déploie aux quatre coins du monde, les Wachowski étudient les mystères de l’émotion humaine…

SENSE 8

 

2015/2018 – USA

 

Créée par Lana et Lilly Wachowski, J. Michael Straczynski

 

Avec Aml Ameen, Bae Doona, Jamie Clayton, Tina Desai, Tuppence Middleton, Max Riemelt, Miguel Angel Silvestre, Brian J. Smith, Freema Agyeman, Alfonso Herrera

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX

Passer des salles de cinéma au petit écran était le pari risqué des Wachowski (Bound, Matrix, Cloud Atlas, Jupiter le destin de l’univers). C’est pourtant le saut qu’effectuent les cinéastes en présentant Sense 8 sur la plateforme Netflix, une fresque en deux saisons et vingt-quatre épisodes qui nous entraîne tout autour du monde, de Mexico à San Francisco en passant par Chicago, Londres, Nairobi, Berlin, Mumbai et Séoul. À travers ce récit globe-trotter, nous découvrons huit personnages, huit personnalités, huit cultures différentes, huit histoires… qui n’en deviennent qu’une. Tout commence dans une église abandonnée. Avant de se suicider, une femme nommée Angelica (Daryl Hannah) active une connexion entre huit personnes éparpillées aux quatre coins du monde. Ces huit individus que rien de liait jusqu’alors sont Capheus (Aml Ameen), Sun (Bae Doona), Nomi (Jamie Clayton), Kala (Tina Desai), Riley (Tuppence Middleton), Wolfgang (Max Riemelt), Lito (Miguel Angel Silvestre) et Will (Brian J. Smith). Chacun d’entre eux essaie de vivre son quotidien tout en essayant de comprendre comment et pourquoi il est connecté avec les sept autres. Si Angelica s’est donnée la mort, c’est pour éviter d’être capturée par un homme inquiétant surnommé « Whispers » au service de l’occulte Organisation de Préservation Biologique…

Sense 8, c’est donc l’histoire de huit personnes reliées les unes aux autres par quelque chose qu’elles cherchent à comprendre. Alors qu’elles apprennent au fil de l’intrigue à vivre en partageant leurs émotions et les moments clés de leur vie, elles comprennent qu’elles peuvent se parler, s’écouter, s’entraider. Petit à petit, ces protagonistes interconnectés vont découvrir pourquoi ils sont reliés et, fatalement, quel danger les menace. Ce mystère est mené habilement tout au long des épisodes, chacun prenant le temps d’introduire les différents personnages et leur vie individuelle avant de les relier progressivement, nous offrant des scènes magnifiques et sensuelles, des moments partagés qui prennent peu à peu de l’ampleur pour nous amener vers un final grandiose. Par bien des aspects, Sense 8 nous rappelle Cloud Atlas qui lui aussi, à sa manière, liait des individualités à priori sans rapport les unes avec les autres.

L’empire des sens

En dehors de l’aspect science-fictionnel de son postulat, Sense 8 est une fresque sur l’humanité doublée d’un excellent divertissement tour à tour palpitant, drôle, romantique, magique… avec une jolie morale : quelle que soit leur ethnie, leur sexualité, leur lieu de vie, leur histoire, les hommes au bout du compte sont tous semblables. Car ce qui nous rend humains, ce sont nos émotions. Au passage, les Wachowski abordent plusieurs thématiques qui leur sont chères, notamment la question de l’identité sexuelle, la notion de genre mais aussi plusieurs problématiques sociétales et politiques. Même si la seconde saison s’achève sur un cliffhanger appelant une suite, Netflix décide de ne pas renouveler la série. Face à la levée de boucliers des téléspectateurs, un épisode final spécial de deux heures et demi permettra en 2018 d’offrir à Sense 8 une conclusion digne de ce nom. Saluée par la critique et multi-récompensée, cette série hors du commun est une nouvelle pierre au curieux édifice artistique bâti par les Wachowski depuis le début de leur carrière.

 

© Catheolia

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BOYS (THE) (2019-2023)

Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les super-héros : leur véritable nature n’a rien de très reluisant, bien au contraire !

THE BOYS

 

2019/2023 – USA

 

Créée par Eric Kripke

 

Avec Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr, Erin Moriarty, Jessie T. Usher, Laz Alonso, Chace Crawford, Tomer Capone, Karen Fukuhara, Nathan Mitchell

 

THEMA SUPER-HÉROS

On croyait avoir tout lu, tout vu et tout entendu sur les super-héros. Le thème ayant été accommodé à toutes les sauces et décliné tous azimuts, il avait peu de chance de nous surprendre encore. Jusqu’à ce que The Boys débarque sur les petits écrans et remette les compteurs à zéro. Désormais, il n’est plus possible d’appréhender les super-justiciers costumés comme autrefois. Pour autant, The Boys n’est pas arrivé de nulle part. Au départ, il s’agit d’une bande dessinée écrite par Garth Ennis dont la publication commence en 2006. Violente, subversive, trash et satirique, cette série de comics détourne les codes habituels des aventures super-héroïques en prolongeant la démarche adoptée par « The Watchmen » – qui consistait déjà à faire tomber de leur piédestal les émules de Superman et Wonder Woman – pour la pousser plus loin… beaucoup plus loin ! Le projet d’une adaptation « live » de cette BD pour les besoins d’une série TV était en soi attrayant, mais il semblait évident que le matériau original risquait de perdre beaucoup de son irrévérence et de ses excès au passage. Or il n’en est rien. Développée par Eric Kripke (Supernatural, Timeless) après qu’un long-métrage réalisé par Adam McKay fut un temps envisagé, la version télévisée de The Boys n’édulcore en rien le propos des comics de Garth Ennis, bien au contraire.

Comme la BD qui l’inspire, The Boys se déroule dans le même monde que le nôtre, à une différence près : plusieurs individus sont dotés de super-pouvoirs et s’affirment aux yeux du public comme des héros. Chacun d’entre eux travaille pour la puissante société Vought qui les commercialise, contrôle leur image et vante leurs exploits imaginaires à travers une série de médias (films, séries TV, réseaux sociaux). En réalité, ces super-justiciers n’ont rien de particulièrement héroïque. Nous ne sommes pas chez Marvel ou DC, et leurs pouvoirs ne leur donnent aucune responsabilité. Au contraire, ils sont mégalomanes, abusifs, gâtés, irresponsables, voire meurtriers. Leur cote de popularité importe bien plus que la justesse de leurs actes. Héros de blockbusters, vitrrines de gros annonceurs publicitaires, portes parole de la propagande gouvernementale lorsque c’est nécessaire, ils ne sont que le produit de la société de consommation qui les a créés. Mais bientôt, un groupe de mercenaires mené par le brutal Billy Butcher décide de faire tomber Vought et ses superstars réunies sous forme d’une équipe, « Les Sept », variante dégénérée des Avengers ou de la Justice League.

Les caprices des dieux

L’amateur de comic books s’amusera à reconnaître des imitations à peine déguisées de Superman, Wonder Woman, Aquaman ou Flash. Le plus terrifiant de tous ces « héros » est Homelander (Le Protecteur), un être tout-puissant qui, sous ses allures de super-soldat à mi-chemin entre le Man of Steel de DC et le Captain America de Marvel, le sourire éclatant, le regard rassurant et le cheveu blond bien peigné, cache des tendances psychopathes incontrôlables. Il se prend pour un dieu capricieux, supérieur à tous les autres êtres de la planète, incapable de distinguer le bien du mal tout en prétendant bien sûr le contraire. Antony Starr, son interprète, entre tant dans la peau du personnage que chacune de ses apparitions provoque un malaise durable. Butcher, lui, a pris les traits de Karl Urban, dont le charisme et l’impressionnante présence physique emportent immédiatement le morceau. Mais le véritable protagoniste de The Boys est Hughie, un sympathique jeune homme qui prend fait et cause pour les « mauvais garçons » le jour où l’un des membres des Sept tue accidentellement sa petite amie. Dans les albums dessinés par Darick Robertson, le personnage avait les traits de l’acteur Simon Pegg. Si en 2019 ce dernier est désormais trop vieux pour jouer le personnage, il accepte d’incarner son père, le rôle d’Hughie étant confié à l’excellent Jack Quaid. Le casting est sans conteste l’un des points forts de The Boys. La série est provocatrice, amorale, gore, mais ce n’est pas un simple jeu de sale gosse conçu pour choquer gratuitement. Ses super-héros au-dessus des lois (mais ce pourraient tout aussi bien être des footballers ou des rock stars) servent en réalité de prétexte à une dénonciation sans fards des travers et des turpitudes de notre société.

 

© Gilles Penso


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FLASH (2014-2023)

Le super-héros le plus rapide de l’univers DC débarque dans une série de science-fiction aux scénarios joyeusement délirants…

FLASH

 

2014/2023 – USA

 

Créée par Andrew Kreisberg, Greg Berlanti, Geoff Johns

 

Avec Grant Gustin, Candice Patton, Carlos Valdes, Rick Cosnett, Danielle Panabaker, Tom Cavanagh, Jesse L. Martin, Danielle Nicolet, Keiynan Lonsdale

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Parmi les nouveaux personnages de la saison 2 de Arrow, nous faisions la connaissance de Barry Allen, jeune scientifique travaillant pour la police scientifique de Central City. Le double épisode dans lequel il apparaissait se terminait par l’explosion d’un accélérateur de particules provoquant un éclair qui frappait le jeune homme, le plongeant dans le coma. La chaîne CW a très vite fait savoir que l’histoire de Barry Allen ne s’arrêterait pas là. Forte du succès du personnage (l’épisode avait alors enregistré le plus fort taux d’audience de la saison), une nouvelle série était annoncée. A la rentrée 2014, The Flash revient donc sur les petits écrans écrans. La première saison reprend Barry Allen là où nous l’avions laissé. Le jeune homme se réveille neuf mois après l’accident dans les laboratoires de Star Labs pour découvrir que l’éclair qui l’a frappé lui a conféré des capacités exceptionnelles : il peut courir à une vitesse extraordinaire. Aidé de Caitlin Snow, Cisco Ramon et Harrison Wells, Barry va découvrir exactement de quoi il est capable et utilisera ses nouveaux pouvoirs afin de chercher – et arrêter si besoin – tous ceux qui comme lui ont été touchés par l’explosion de l’accélérateur de particules. Comprenant aussi qu’il en a maintenant la possibilité, il s’emploiera également tout au long de la saison à enfin élucider le meurtre de sa mère, pour lequel son père est injustement emprisonné depuis plus de dix ans.

Présentée comme le Spin Off de Arrow, dont on verra régulièrement les personnages au cours de cette première saison, Flash nous emmène volontiers du côté surnaturel délaissé par sa grande sœur, nous offrant une vision plus légère de l’univers DC, avec son lot de superpouvoirs, de blagues nerds et de personnages attachants. Et si on comprend dès le premier épisode que tout n’est pas ce qu’il semble être, on ne s’ennuie pas une seconde au fil des aventures de ce jeune héros tout neuf qui apprend ses nouveaux pouvoirs tout en s’efforçant de mener une double vie. Les saisons suivantes s’amusent à décliner le concept jusque dans ses retranchements les plus extrêmes. Univers parallèles, voyages dans le temps, pouvoirs paranormaux, paradoxes temporels, mutations et menaces d’apocalypse sont donc au menu de cette série riche en rebondissements qui occupera les écrans pendant neuf années consécutives.

Flash-back

Arrivé tout droit de Glee, Grant Gustin mène le show série avec brio, convainquant dans son rôle de nouveau super-héros, accompagné de Candice Patton, Jessie L. Martin, et Tom Cavanagh. La ravissante Danielle Panabaker (Vendredi 13) et Carlos Valdes, ancien membre de la troupe Starkid, complètent cette équipe plongée dans les situations les plus invraisemblables. Les effets spéciaux sont très réussis et les épisodes s’enchaînent sur un rythme effréné en ne laissant aucune place pour l’ennui. Ceux qui connaissent la série Flash des années 90 auront le plaisir de voir plusieurs clins d’œil, via les présences de John Wesley Shipp, ancien interprète de Barry Allen qui campe ici son père Henry Allen, et de Mark Hamil, qui revient dans le rôle du Trickster. Côté guests nous trouverons aussi Wentworth Miller et Dominic Purcell (les héros de Prison Break) ainsi que Victor Garber (le père de Sydney Bristow dans Alias). On peut donc dire que Flash est un spectacle généreux et réjouissant qui aura eu entre autres vertus celle de mettre d’accord les fans de l’univers DC et les néophytes.

 

© Catheolia

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Z NATION (2014-2018)

Non contente de plagier les grands succès cinématographiques, la compagnie The Asylum s’attaque aux séries avec cette variante de Walking Dead…

Z NATION

 

2014/2018 – USA

 

Créée par Karl Schaefer et Craig Engler

 

Avec Kellita Smith, DJ Qualls, Michael Welch, Keith Allan, Anastasia Baranova, Russell Hodgkinson, Pisay Pao, Nat Zang, Tom Everett Scott, Harold Perrineau

 

THEMA ZOMBIES

Quand on regarde les premiers épisodes de la saison 1 de la série Z Nation produite par la société de production The Asylum, qui nous a déjà offert les décalés, délirants et forcément cultissimes épisodes de la saga Sharknado, on ne peut pas s’empêcher de comparer la trame principale avec le fameux show à succès zombiesque The Walking Dead diffusé sur la chaîne AMC. Créé en 2014 par Karl Schaefer (scénariste entre autres de quelques épisodes de Dead Zone) et Craig Engler (scénariste du téléfilm La Fureur du Yéti), Z Nation commence trois ans après l’apocalypse zombie causée par un virus a déjà tué la majorité de la population humaine. Cobaye malgré lui d’une expérience approuvée par le gouvernement en tant que détenu de la prison navale de Portsmouth à Kittery, dans le Maine, Murphy s’est vu injecter un vaccin qui semble l’avoir immunisé aux morsures des zombies. Son sang contient désormais des anticorps qui sont sans doute le dernier et meilleur espoir de l’humanité. Cependant, tout n’est pas encore gagné : il semble en effet se transformer en une sorte d’hybride entre le zombie et l’homme. Sa peau se détache, son corps devient bleu et il semble être capable de contrôler et même d’hypnotiser certains des zombies qu’il rencontre. Pour autant, Murphy ne s’est pas totalement transformé et reste maître de lui-même.

Tout au long de la série, cet être hybride voyage avec un petit groupe de survivants guidés par Simon Cruller, surnommé « Citizen Z », qui observe le monde à l’aide de ses multiples ordinateurs. Mais le terrible secret que cache Murphy pourrait mettre en danger l’équipe chargée de le conduire dans un laboratoire en Californie pour développer un vaccin. Le chemin sera long et semé d’embûches… Si l’on cherche la comparaison avec The Walking Dead, on se rend bien compte que les producteurs ont privilégié l’action plutôt que de se concentrer sur l’originalité du scénario et sur la psychologie de ses personnages. Z Nation mise donc beaucoup sur ses rebondissements, son suspense et son rythme constamment soutenu pour nous divertir. Et, ma foi, ça marche.

Série Z

Côté technique, saluons l’excellent travail effectué au niveau de l’étalonnage et de la photographie pour installer l’atmosphère sinistre et menaçante de ce monde qui appartient désormais aux zombies (ou aux Z comme on les appelle parfois). En revanche, il est fort dommage que les maquillages des morts vivants ne soient pas aussi détaillés et soignés que ceux de The Walking Dead. Néanmoins, en ce qui concerne les effets visuels, ils sont, pour la plupart, réussis. Au beau milieu du casting, les cinéphiles et « sérivores » reconnaitront sûrement quelques visages familiers comme Tom Everett Scott (Le Loup-garou de Paris), Kellita Smith (The Bernie Mac Show), DJ Qualls (Fusion – The Core), Harold Perrineau (Lost, les disparus), Michael Welch (Twilight – Chapitre 3 : hésitation) et Anastasia Baranova (Zoé Safari). En résumé, malgré une trame un peu trop prévisible, Z Nation est une nouvelle série de zombies divertissante qui comblera les attentes des fans du genre faute de les surprendre. Satisfaite des audiences, SyFy reconduisit la série pendant cinq saisons, ce qui témoigne de la popularité toujours vivaces des morts-vivants aux yeux des fantasticophiles.

 

© Grégory

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ARROW (2012-2020)

L’archer vert de DC Comics prend corps sous les traits musclés et charismatiques de Stephen Amell dans cette série à succès…

ARROW

 

2012/2020 – USA

 

Créée par Andrew Kreisberg, Greg Berlanti et Marc Guggenheim

 

Avec Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Susanna Thompson, Emily Bett Richards, Cotton Haynes, John Barrowman

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Souhaitant profiter de l’engouement du public pour les films de super-héros, la chaîne américaine CW, bien décidée à remplacer sa série à succès Smallville arrêtée au printemps 2012, lance la production d’un nouveau show télévisé centré sur l’archer vert, un des personnages de la célèbre maison d’édition de bandes dessinées DC Comics à qui l’on doit, entre autres, les aventures de Batman, Green Lantern, Wonder Woman et Superman. La série Arrow s’intéresse au playboy milliardaire Oliver Queen, disparu en mer avec son père et sa petite amie. Retrouvé vivant cinq ans plus tard sur l’île mystérieuse de Lian Yu, près des côtes chinoises, il s’est transformé : plus fort, plus courageux, il est déterminé à débarrasser la ville de Starling City de la criminalité qui la gangrène. Il retrouve enfin sa famille et ses amis, notamment Tommy Merlyn et Laurel Lance. Mais la nuit venue, il agit en tant que justicier, pourchassant un à un les malfrats figurant dans le carnet de son père, avec l’aide de John Diggle et de Felicity Smoak. Or une conspiration dirigée par Malcolm Merlyn menace la ville. Via une série de flash-backs, la série raconte parallèlement aux exploits de cet émule modernisé de Robin des Bois ses mésaventures passés sur l’île hostile de Lian Yu.

Dès le visionnage de l’épisode pilote réalisé par David Nutter, un habitué des séries TV (il a signé bon nombre d’épisodes de séries comme Roswell, X-Files, Dark Angel ou encore Game of Thrones), nous sommes immédiatement captivés par l’intrigue. La psychologie complexe des protagonistes, le passé trouble d’Oliver Queen, les secrets de sa disparition mystérieuse, la conviction des comédiens et la maîtrise des scènes d’action opposant l’archer vert et les malfaiteurs de Starling City emportent l’adhésion et s’avèrent très prometteurs pour la suite. Au fil des épisodes, les scénarios ne manquent pas une occasion de surprendre les téléspectateurs. Si certains épisodes souffrent de pertes de rythme et si l’aspect « soap opera » des séquences romantiques peut faire sourire, la trame principale et les intrigues parallèles restent très bien menées. L’équilibrage entre le suspense, l’action et l’émotion fonctionne globalement très bien. Contrairement à Smallville, qui misait beaucoup sur le caractère fantastique de ses histoires, Arrow préfère opter pour une approche un peu plus réaliste, même si le surnaturel n’est jamais abandonné. Ici, le cerveau est aussi utile que les muscles et les super-pouvoirs n’ont pas vraiment droit de cité.

En plein dans le mille

Le casting est l’un des éléments forts d’Arrow. Stephen Amell (Private Practice) hérite du rôle du justicier vert et s’en sort plutôt bien. On s’aperçoit rapidement que l’acteur s’est donné au maximum physiquement pour donner corps (dans tous les sens du terme) au personnage. Katie Cassidy (Freddy, les griffes de la nuit) incarne l’ex-petite amie du justicier masqué Laurel Lance dont les sentiments à son égard restent bien sûr intenses… Notons aussi en tête d’affiche Colin Donnell (Pan Am), David Ramsey (Dexter), Willa Holland (Légion, l’armée des anges) ou encore John Barrowman (Torchwood) qui se révèle excellent sous la défroque du grand méchant. Côté guest-stars, on retiendra les présences de Manu Bennett (Spartacus), Kelly Hu (X-Men 2), Ben Browder (Stargate SG-1), Tahmoh Penikett (Man of Steel), Colton Haynes (Teen Wolf) et Emma Bell (Destination Finale 5). Excellente surprise malgré ses maniérismes calibrés pour un public adolescent (les muscles bandés d’un Stephen Amell volontiers torse-nu, le regard énamouré d’une Katie Cassidy qui ne sait plus à qui donner son cœur), Arrow est une série ambitieuse et riche en rebondissements dont la popularité lui permettra de se développer sur huit saisons et d’accoucher de The Flash, un très sympathique spin-off.

 

© Grégory

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CHRONIQUES MARTIENNES (1980)

Cette ambitieuse adaptation télévisée du célèbre recueil de nouvelles de Ray Bradbury raconte l’arrivée sur Mars des Terriens du futur…

THE MARTIAN CHRONICLES

 

1980 – USA

 

Réalisé par Michael Anderson

 

Avec Rock Hudson, Gayle Hunnicut, Fritz Weaver, Roddy Mac-Dowall, Bernie Casey, Barry Morse, Darren Mac-Gavin, Christopher Connelly, Nyree Dawn Porter, Maria Schell, Laurie Holden, Nicholas Hammond

 

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES

Parmi les adaptations à l’écran de l’œuvre de Ray Bradbury, celle de Fahrenheit 451 par François Truffaut en 1966 est peut-être la plus célèbre. Quatorze ans plus tard, c’est un autre best-seller de l’écrivain natif de Waukegan, dans l’Illinois, qui connait les honneurs d’un passage sur la petite lucarne : « Les Chroniques Martiennes », un recueil de nouvelles écrites entre 1945 et 1950 et qui demeure aujourd’hui l’une des principales références de la littérature de science-fiction en matière d’exploration martienne. Cette vingtaine de récits est ainsi retranscrite sous la forme de trois téléfilms d’environ une durée de 100 mn chacun. Pour coller à l’actualité de l’époque, le premier épisode s’ouvre sur une reconstitution de l’arrivée bien réelle sur la planète rouge de la sonde Viking 1 de la NASA, posée sur Mars le 20 juillet 1976. Sa mission : déterminer si la quatrième planète du système solaire a été habitée ou non, ce que nous explique une voix off. Durant quelques instants, nous observons le petit engin atterrir puis scruter l’horizon aride et rouge de ce qui semble être un monde mort. Du moins en apparence car « les choses auraient été différentes si la sonde s’était posée seulement quelques kilomètres plus loin », ajoute soudainement la voix monocorde du narrateur. Les trois téléfilms nous content ainsi la conquête de Mars par les humains. Une conquête qui va entraîner la disparition de l’antique civilisation martienne avec l’arrivée massive des colons pour remodeler cette planète à leur image.

Le premier des trois téléfilms, titré « Les expéditions », réadapte les nouvelles « Février 1999 : Ylla », « Avril 2000 : la troisième expédition » (qui devient la seconde à l’écran) et « Juin 2001 : et la Lune toujours aussi brillante ». Les premiers explorateurs sont confrontés aux derniers représentants de la race martienne qui tentent désespérément de préserver leur monde en utilisant notamment différents subterfuges télépathiques. Les membres d’équipage des deux premières missions connaissent ainsi un sort funeste tandis que ceux de la troisième, à l’exception de son commandant (Rock Hudson) et de son second (Darren Mac Gavin), seront tués par un des leurs (Bernie Casey) en proie à une crise morale sur le droit des hommes à s’attribuer un monde qui n’est pas le leur. La seconde partie, « Les colons », s’attarde sur la colonisation de la planète par les Terriens, à un rythme que ne renierait pas Elon Musk, pour façonner un monde à l’image de celui qu’ils sont en train de perdre. Nous suivons ainsi plusieurs personnages expatriés sur Mars pour redémarrer une vie marquée par les drames ou, simplement, pour chercher la fortune. Trois autres récits sont mixés pour former un tout cohérent : les nouvelles « Septembre 2005 : le Martien », « Novembre 2005 : la morte-saison » et « Les ballons de feu » qui n’est toutefois pas publié dans « Les chroniques martiennes » mais dans « L’homme illustré ». Le troisième et dernier épisode reprend différents éléments des récits « Août 2002 : rencontre nocturne », « Décembre 2005 : les villes muettes », « Avril 2026 : les longues années » et « Octobre 2026 : le pique-nique d’un million d’années ». Les colons ont fini par déserter Mars pour retourner sur la Terre en proie à la guerre.

Dans le sillage de La Quatrième Dimension

Tournés à Malte et à Lanzarote (iles Canaries) pour figurer les paysages arides de Mars, les trois téléfilms ont tous été scénarisés par le grand Richard Matheson et sont mis en scène par Michael Anderson (qui livra notamment L’Âge de cristal en 1976). S’ils ne parviennent pas totalement à restituer la poésie du roman initial (Bradbury jugeait d’ailleurs cette adaptation « juste ennuyeuse »), le climat de ces chroniques martiennes sur petit écran distille quand même une forme d’angoisse qui rappelle celle de La Quatrième Dimension. Matheson a d’ailleurs écrit parmi les meilleurs épisodes de la série créée par Rod Serling. C’est notamment vrai pour le segment « Avril 2000 » de la première partie avec Nicholas Hammond – premier interprète télévisuel de Spider-Man quelques années plus tôt – dans le rôle du commandant de la seconde expédition martienne qui croit revenir sur Terre 20 ans avant son départ. A la tête du casting, Rock Hudson joue le rôle de John Wilder, personnage récurrent tout au long de cette conquête de Mars, qui s’avère être la planche de salut d’une humanité décimée par un conflit atomique. L’acteur, dont la carrière cinématographique marquait le pas, trouvait à l’époque un second souffle sur le petit écran. Si cette mini-série n’a pas été épargnée par l’usure du temps (la musique disco et les effets spéciaux font aujourd’hui gentiment sourire), elle reste néanmoins un très agréable moment de télévision. C’est déjà ça…

 

© Antoine Meunier


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