Au tout début des années 80, les producteurs hongkongais Paul Lai, Karl Maka et Dean Shek se lancent dans une comédie policière teintée d’espionnage et de science-fiction laissant la part belle à l’acrobatique Sam Hui dans le rôle d’un voleur adepte de kung fu, de cascades et de gadgets futuristes. Le succès est tel qu’un nouvel épisode sortira régulièrement jusqu’à la fin de la décennie, sous haute influence de la saga James Bond, permettant aux talents naissants des réalisateurs Eric Tsang, Tsui Hark et Ringo Lam de se déchaîner sans retenue.
En poursuivant les travaux horrifico-policiers de son aîné Mario Bava, en créant de toutes pièces de nouvelles mythologies, en osant fouler des territoires filmiques jamais explorés avant lui, Dario Argento a poussé très loin ce qu’on pourrait appeler la « poésie du macabre », une démarche l’incitant à filmer les séquences d’horreur les plus intenses avec une quête permanente d’esthétisme et de beauté. Chez lui, le sang devient peinture, les cadavres se muent en bas-reliefs, les hurlements de terreur résonnent comme des opéras.
C’est en 1967 qu’est inaugurée l’attraction “Pirates des Caraïbes” dans les parcs Disneyland, profitant des dernières avancées dans le domaine de l’audio-animatronique pour offrir aux visiteurs une traversée épique le long d’un cours d’eau parsemé de personnages étranges reprenant à leur compte l’image de la piraterie. L’idée d’en tirer un film pouvait sembler incongrue. Jerry Bruckheimer et le studio Disney tentèrent pourtant l’aventure et tirèrent le gros lot, en grande partie grâce à la prestation excessive de Johnny Depp, à l’inventicité du réalisateur Gore Verbinski et à l’intégration de très nombreux éléments fantastiques au sein d’intrigues particulièrement riches en rebondissements. Une franchise est née.
Inspiré d’un roman d’Arthur Hailey, Airport est le prototype du film catastrophe, le premier d’une longue série de désastres cinématographiques qui empliront les écrans dans les années 70, avec une tendance à la surenchère et aux effets spéciaux spectaculaires, combinés avec des castings impressionnants garnis de stars prestigieuses souvent en fin de carrière. Le premier film de la série, réalisé par George Seaton (dont ce sera l’avant-dernier long-métrage) sera suivi de trois séquelles officielles.
En 1975, un jeune réalisateur nommé Steven Spielberg adapte un roman de Peter Benchley et révolutionne à tout jamais le film d’attaques animales et le cinéma catastrophe. Malgré un tournage cauchemardesque entravé par des conditions météorologiques complexes, une logistique ingérable et un requin mécanique quasi-inutilisable, Les Dents de la mer s’impose comme un monument du genre, s’érigeant au rang de plus gros succès de l’histoire du cinéma et inventant du même coup le concept de blockbuster. Porté par un trio d’acteurs exceptionnels, une bande originale emblématique et une mise en scène millimétrée fusionnant les influences d’Alfred Hitchcock et de John Ford, un tel succès ne pouvait rester sans suite. Jeannot Szwarc, Joe Alves et Joseph Sargent lui offriront donc trois séquelles.
L’œuvre de Jean Rollin peut faire sourire par sa maladresse et son amateurisme prononcé. Il n’empêche que ce cinéaste hors norme a marqué son temps par une filmographie atypique qui s’est muée en véritable objet de culte, notamment hors de nos frontières. Son credo ? Un mariage contre-nature entre épouvante et sensualité, avec une prédilection toute particulière pour les femmes-vampires dénudées, les cimetières parisiens et les plages normandes.
Steven Spielberg a toujours été considéré comme l’un des cinéastes les plus populaires, les plus « commerciaux » et les plus « rentables » de l’histoire du 7ème Art. Pourtant, c’est aussi paradoxalement l’un de ceux dont l’œuvre est la plus personnelle et la plus intime. A chaque film, Spielberg nous dévoile les facettes de sa propre personnalité, nous communique ses frayeurs les plus profondes, nous offre en partage ses passions les plus dévorantes, nous livre ses souvenirs les plus intimes. Qu’il convoque les requins mangeurs d’homme, les visiteurs de lointaines galaxies, les vestiges archéologiques de lointaines civilisations, les dinosaures miraculeusement ressuscités ou les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité, Steven Spielberg raconte toujours son propre récit : celui d’un être fragile, aux liens familiaux distendus, qui lutte désespérément pour ne pas perdre le contrôle de sa vie et de son monde. Spielberg a compris que le cinéma était l’un des vecteurs d’émotion les plus universels de notre civilisation.
En 1985, le scénariste et réalisateur Tom Holland modernise et rajeunit le thème universel des vampires en créant une œuvre culte jouant avec tous les codes du mythe pour mieux les détourner. A mi-chemin entre l’horreur et la comédie, Vampire, vous avez dit vampire ? redéfinit les canons du genre, remporte un succès colossal et engendre une descendance sympathique à défaut d’être indispensable : une suite et deux remakes. Bien sûr, les aficionados restent attachés à l’original, qui réserve des rôles inoubliables à Chris Sarandon en vampire séducteur et à Roddy McDowall en vieille star du cinéma d’horreur.
C’était un film unique en son genre, écrit par un étudiant en cinéma nommé Gregory Widen, mis en forme par le spécialiste des clips Russell Mulcahy, interprété par un Français jouant un Ecossais (Christophe Lambert) et un Ecossais jouant un Espagnol (Sean Connery), mis en musique par le génie orchestral de Michael Kamen et la folie rock opératique du groupe Queen. Une œuvre qui marqua tant les années 80 de son style qu’elle en devint emblématique. Des films de la saga Highlander, il n’aurait du en rester qu’un. Mais les lois d’Hollywood sont immuables et une franchise est née. Autant être honnête : toutes les séquelles du long-métrage initial sont hautement facultatives.
Malgré le succès de sa comédie d’aventure A la poursuite du diamant vert, personne ne croyait à cette histoire de voyages dans le temps concoctée par Robert Zemeckis, avec la complicité de son scénariste Bob Gale. Personne sauf Steven Spielberg, qui en anticipa aussitôt le potentiel et se lança dans l’aventure. Une fois de plus, le père d’E.T. eut de l’intuition. Non content d’être un triomphe planétaire, Retour vers le futur se mua en véritable phénomène de société, entraînant dans son sillage deux séquelles et générant un culte toujours aussi vivace aujourd’hui.