ATLAS (2024)

Jennifer Lopez affronte un redoutable androïde terroriste dans un monde futuriste où l’intelligence artificielle s’est implantée partout…

ATLAS

 

2024 – USA

 

Réalisé par Brad Peyton

 

Avec Jennifer Lopez, Simu Liu, Sterling K. Brown, Gregory James Cohan, Abraham Popoola, Lana Parrilla, Mark Strong, Briella Guiza, Adia Smith-Eriksson

 

THEMA ROBOTS I FUTUR

Brad Peyton n’est pas réputé pour son sens de la finesse. Plus proche de l’habile pyrotechnicien que du metteur en scène au sens noble du terme, il orchestra les feux d’artifices délirants de Voyage au centre de la Terre 2, San Andreas et Rampage pour Dwayne Johnson. Le savoir à la tête d’Atlas, qui marque le grand retour de Jennifer Lopez dans un film de science-fiction, 24 ans après The Cell, avait donc de quoi laisser perplexe. Ce spécialiste de l’action musclée primitive allait-il pouvoir rendre justice au scénario de Leo Sardarian et Aron Eli Coleite s’attachant aux relations complexes nouées entre les humains et les intelligences artificielles ? Rien n’était moins sûr. Atlas se déroule une centaine d’années dans le futur. Harlan (Simu Liu, le héros de Shang-Chi), un androïde rebelle, a soulevé les machines contre les humains, provoquant une guerre aux terribles répercussions. Plusieurs millions de morts plus tard, le robot psychopathe est vaincu mais parvient à s’enfuir sur une lointaine planète. Jennifer Lopez incarne Atlas Shepherd, fille de la scientifique qui conçut Harlan. Brillante analyste ayant développé une méfiance bien compréhensible à l’égard de l’intelligence artificielle, elle accepte de se joindre à une mission militaire qui a pour objectif la capture du terroriste humanoïde. Or rien ne va se passer comme prévu…

Il n’est pas difficile de déceler les sources d’inspiration d’Atlas. Les premiers titres qui nous viennent logiquement à l’esprit sont Blade Runner et Terminator. Brad Peyton assume totalement, incapable de nier son admiration pour le cinéma de SF des années 80. L’entrée en scène d’un « mecha » qu’Atlas va être contrainte de piloter pendant la grande majorité du film évoque d’autres classiques du genre. On pense notamment au « power loader » d’Aliens et aux « AMP suits » d’Avatar, des exosquelettes robotiques qui sont entrés dans la légende. Le cinéaste avoue aussi s’être laissé influencer par le jeu « Titanfall » et même par Robot Jox de Stuart Gordon. Malgré tout, Atlas parvient à ne pas totalement crouler sous les poids de ses multiples références. Pour y parvenir, le film s’efforce de développer des péripéties qui lui soient propres tout en prenant les allures d’un « survival ». Car l’infortunée Atlas se retrouve bientôt seule dans un environnement particulièrement hostile, contrainte de se lier à une machine si elle veut avoir une chance d’en sortir vivante.

Bad Robot

« C’était mon premier film presque entièrement tourné sur fond vert », raconte Jennifer Lopez. « J’ai passé près de sept semaines dans cet exosquelette, donc toute seule, sans aucun autre acteur. C’était une manière de jouer différente de mes précédents projets » (1). À la fois actrice principale et productrice d’Atlas, elle semble effectivement s’investir corps et âme dans un tournage qu’on imagine complexe. L’efficacité du film s’appuie beaucoup sur sa performance. L’aventure prend la forme inattendue d’une sorte de voyage initiatique, d’une introspection au cours de laquelle, entre deux bastons explosives menées avec beaucoup de virtuosité, notre protagoniste s’interroge sur ses propres sentiments refoulés et sur son rapport d’amour/haine vis-à-vis de l’intelligence artificielle. En ce sens, Atlas dénote agréablement par rapport aux films précédents de Payton qui ne cherchaient jamais à dépasser leur simple statut d’attractions foraines. Dommage cependant que le film ne pousse pas plus loin la réflexion sur ce sujet brûlant d’actualité et ne cherche jamais à gratter au-delà de la couche purement récréative de son intrigue. Il aurait pourtant été passionnant d’explorer de plus près les motivations de ce robot supra-intelligent qui cherche à éradiquer la grande majorité de la population terrienne non par soif de pouvoir mais parce que c’est la seule solution, selon lui, pour sauver la race humaine. Un supplément d’âme et un peu plus d’audace n’auraient pas nui à cet Atlas qui, en l’état, s’apprécie sans déplaisir mais ne marquera pas les mémoires.

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur TF1 info en mai 2024.

 

© Gilles Penso


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