Cette parodie érotique des aventures de King Kong, garnie d’acteurs dévêtus et de dinosaures en stop-motion, est totalement tombée dans l’oubli…
KING DONG
1984 – USA
Réalisé par Yancey Hendrieth
Avec Crystal Holland, Chaz St. Peters, Dee Hendrieth, Felicia Fox, Mikhael, Ken Monti, Angel Dials, Duke Shywasher, Venus Hut, Diane Speaks
THEMA SINGES I DINOSAURES
La popularité vivace de King Kong depuis sa création en 1933 et son retour ultra-médiatisé sous le feu des projecteurs grâce au remake produit de Dino de Laurentiis auront autorisé toutes les imitations, toutes les variantes et tous les délires. Alors pourquoi pas une version olé olé avec des acteurs pas pudiques pour un sou et quelques créatures animées en stop-motion ? Totalement oubliée aujourd’hui, cette production au budget minuscule, filmée à Honolulu sous le titre Lost on Adventure Island, est l’œuvre de Yancey Hendrieth, un réalisateur sans complexe dont nous ne connaissons pas d’autre titre de gloire. Système D oblige, il est aussi scénariste, producteur et monteur de cet invraisemblable King Dong. Le titre s’amuse à détourner le mot « dong » qui, en argot, signifie « pénis ». Nous voilà donc prévenus : au programme, il y aura de la nudité et du rire. Le casting lui-même accumule des inconnus dont les prénoms imagés (Crystal, Chaz, Ange, Duke, Venus) trahissent l’emploi quasi-systématique de pseudonymes. Au vu du résultat, on ne s’étonne guère à l’idée que personne n’ait particulièrement envie de mentionner fièrement King Dong dans son CV.
Incarnée par Crystal Holland, l’héroïne se prénomme Anna. Elle a bientôt 20 ans mais sa mère divorcée (Dee Hendrieth) la traite encore comme une enfant et veut l’envoyer passer ses vacances dans un camp au fin fond du Montana. En pleine révolte, notre jeune adulte décide plutôt de partir en yacht vers le Pacifique-Sud en compagnie de trois de ses amis, Alex (Chaz St. Peters), Danny (Mikhael) et Diane (Felicia Fox). Victimes d’un naufrage, Anna et Alex s’échouent sur une île sauvage où ils sont attaqués par un plésiosaure qui n’est pas sans nous rappeler les créatures de The Crater Lake Monster et Quand les dinosaures dominaient le monde. La figurine utilisée pour cette séquence est relativement réussie et son animation plutôt efficace, des rétroprojections permettant de mêler les deux acteurs avec le monstre marin qui avance en glissant sur ses nageoires. Ce n’est pas du grand art, certes, mais l’on devine le travail d’amateurs des films de Ray Harryhausen qui font de leur mieux avec les moyens dont ils disposent.
Le poil de la bête
Bien sûr, le clou du spectacle est le gorille géant, que les personnages baptisent « Super Simian ». Animé lui aussi image par image, il s’agit d’une créature femelle qui cherche à récupérer son fiston (autrement dit un acteur dans un costume de singe), fait des grimaces face à la caméra (ses sourcils se froncent, ses lèves se retroussent) et capture Alex grâce à une main géante absolument pas crédible. Un tyrannosaure pointe aussi le bout de son nez, animé avec un peu moins de finesse et desservi par des bruitages ridicules, malgré une belle figurine qui s’inspire de celle du premier King Kong tout en évoquant le T-rex de La Planète des dinosaures. Le scénario nous explique vaguement qu’Alex est chargé de repeupler le village local (cinq figurants vaguement costumés) en s’accouplant avec les femmes indigènes, afin de respecter le quota « fesses à l’air » voulu par le film. Ce qui surprend finalement le plus, dans King Dong, c’est le décalage presque abyssal entre le soin apporté aux séquences en stop-motion et la piètre qualité du reste du métrage (scénario, jeu d’acteurs, prises de vues). Absent de toutes les encyclopédies du cinéma, King Dong est donc une curiosité facultative dont la bande originale est un collage de morceaux classiques empruntés principalement à Gustav Holst.
© Gilles Penso
Partagez cet article