Matthew Broderick entre dans la peau du policier mi-homme mi-robot de la série animée culte des années 80…
INSPECTOR GADGET
1999 – USA
Réalisé par Ray Kellogg
Avec Matthew Broderick, Rupert Everett, Joely Fisher, Michelle Trachtenberg, Andy Dick, Cheri Oteri, Mike Hagerty, Dabney Coleman, D.L. Hughley
THEMA ROBOTS
Très amateur du dessin animé Inspecteur Gadget créé en 1983 par Bruno Bianchi, Andy Heyward et Jean Chalopin, Steven Spielberg envisage vers la fin des années 90 d’en produire une adaptation live pour le grand écran via sa compagnie Amblin. Deux acteurs pourraient selon lui entrer dans la peau de ce héros étrange : Steve Martin ou Chevy Chase. Mais Spielberg se retrouve vite débordé par ses propres projets, notamment Il faut sauver le soldat Ryan, et abandonne l’idée. Walt Disney Pictures reprend alors le flambeau. Forts du succès de Dumb et Dumber et Mary à tout prix, les frères Peter et Bobby Farrelly sont sur la liste des metteurs en scènes potentiels du film, jusqu’à ce que Ray Kellog, réalisateur de clips musicaux et de spots publicitaires, se retrouve finalement aux commandes. Toutes sortes de noms circulent pour le rôle principal, preuve que le studio ne sait pas vraiment par quel bout prendre ce projet : Kevin Kline, Jerry Seinfeld, Brendan Fraser, Tom Hanks, Kevin Costner, Mel Gibson, Jim Carrey, Robin Williams, Tim Allen, Mike Myers, Bill Paxton, Steve Carell, Adam Sandler, Kevin Kline… Ça part donc un peu dans tous les sens. En fin de compte, c’est Matthew Broderick qui hérite du rôle. Un cadeau empoisonné, hélas.
Broderick incarne John Brown, un jeune homme sympathique qui travaille comme agent de sécurité pour le laboratoire de robotique Bradford tout en rêvant de devenir policier. Mais le vil Sanford Scolex (Rupert Everett) pénètre par effraction dans le labo pour voler les inventions qui s’y trouvent et construire une armée d’androïdes à son service. John, qui décide de le prendre en chasse, est laissé pour mort dans l’explosion de sa voiture. La scientifique Brenda Bradford (Joely Fisher) le ramène alors à la vie en faisant de lui une sorte d’homme bionique bardé de gadgets alimentés par une puce de contrôle. Et le tour est joué. Comme on pouvait le craindre, en cherchant maladroitement à transformer le personnage du cartoon en sage héros de long-métrage tout public, l’Inspecteur Gadget de Ray Kellogg tombe méthodiquement dans tous les pièges dressés sur son chemin. Première erreur : vouloir à tout prix nous raconter les origines du personnage pendant une bonne moitié du film au lieu de démarrer sur des chapeaux de roues, ce qui ne laisse guère de temps pour raconter une histoire ne serait-ce qu’un peu captivante. Deuxième erreur : choisir de transformer le protagoniste en grand sentimental un peu niais, ce qui nous éloigne beaucoup de l’humour déjanté de la série animée d’origine. Troisième erreur : ne pas du tout diriger les acteurs en les laissant livrés à eux-mêmes.
L’homme qui valait quelques dollars
Du coup, l’excellent Rupert Everett se retrouve réduit à incarner un méchant complètement dénué de panache et Matthew Broderick fait peine à voir. Lui qui avait si brillamment démarré sa carrière avec des petits bijoux comme War Games ou La Folle Journée de Ferris Bueller, le voilà condamné aux rôles sans saveur dans la droite lignée de sa pauvre prestation dans Godzilla. Que reste-t-il alors derrière l’imperméable délavé de cet inspecteur Gadget version grand écran ? De beaux effets spéciaux, comme toujours, où les merveilles mécaniques de Stan Winston et les exploits numériques de Dream Quest s’entremêlent avec beaucoup de bonheur, lorgnant souvent du côté de The Mask. C’est techniquement très réussi, mais ça ne suffit pas à tenir éveillé un spectateur, fut-il très jeune. Dommage, car le parti pris parodique et les clins d’œil avoués à Robocop, Mission Impossible et même Godzilla laissaient espérer un résultat beaucoup plus frais. Ramené à une durée de 78 minutes au lieu des 110 initialement prévues (suite à des projections test désastreuses), le film se fera logiquement descendre par la presse et par les amateurs de la série originale. Mais il rentrera finalement dans ses frais, battant même au box-office le pourtant magnifique Géant de fer, et génèrera une séquelle tout aussi anecdotique.
© Gilles Penso
Partagez cet article