Dans un marais d’une île du sud des États-Unis, des produits toxiques ont transformé toute la faune en animaux agressifs et mortels…
FROGS
1972 – USA
Réalisé par George McCowan
Avec Ray Milland, Sam Elliott, Joan Van Ark, Adam Roarke, Judy Pace, Lynn Borden, Mae Mercer, David Gilliam
THEMA REPTILES ET VOLATILES
À la longue liste des animaux agressifs du cinéma fantastique, le téléaste George McCowan a cru bon d’ajouter les grenouilles, ce qui n’est pas une idée plus mauvaise qu’une autre. Sauf que dans ce Frogs au titre quelque peu usurpé, les batraciens se contentent de faire de la figuration, laissant d’autres espèces attaquer les humains, notamment bon nombre de reptiles. Tout commence lorsque le photographe Pikcett Smith (Sam Elliott en début de carrière), en plein reportage dans les marais d’une île du Sud, est renversé par un hors-bord lancé à vive allure. Les responsables de l’accident, Karen et Clint Crockett (Joan Van Ark et Adam Roarke), se confondent en excuses et l’hébergent dans la luxueuse résidence de leur grand-père, un tyrannique patriarche interprété par un Ray Milland délicieusement acariâtre qui constitue le seul véritable intérêt du film. Celui-ci a réuni sa famille pour célébrer en grandes pompes son anniversaire, comme tous les ans.
Petit problème : à force de pulvériser les marécages de produits toxiques pour se débarrasser des grenouilles envahissantes, tous les animaux sont devenus dangereusement belliqueux. D’où une série d’attaques grotesquement mises en scène où les membres de la famille Crockett meurent un à un sitôt qu’ils se retrouvent isolés quelque part. Un homme est recouvert d’une vague toile d’araignée et assailli par des tarentules en plastique, un autre est asphyxié dans une serre à cause de bocaux de poison renversés par des lézards, une femme est envahie par des sangsues puis mordue par un serpent, une autre est carrément prise d’assaut par une grosse tortue, tandis qu’un crocodile s’en prend à un des hommes de la famille et lutte avec lui comme dans un vieux Tarzan… Le tout sur une bande son saturée de coassements et affublée d’une musique synthétique assez insupportable signée Les Baxter.
La fête à la grenouille
Il y avait quelques intentions louables dans ce Frogs, notamment une salve anti-pollution et une diatribe contre l’esclavage, mais elles sont rapidement noyées dans l’indigence du scénario, des dialogues et de la mise en scène. Personne, ni les comédiens, ni le réalisateur, ne semble croire une seconde à cette histoire d’animaux révoltés contre les hommes. Du coup, le film tombe à plat, et le spectateur qui espérait un climax en forme d’agression de hordes de grenouilles carnivores (ce que laissait imaginer l’affiche du film) en est pour ses frais. À la place, il a droit à une pathétique scène finale (attention spoilers, lisez la suite à vos risques et périls !) où Ray Milland, seul dans sa grande maison, tombe de son fauteuil roulant tandis qu’une poignée de batraciens vient gentiment lui sautiller dessus… Bref, pas grand-chose à retirer de ce triste shocker écologique. Curieusement, Frogs fut exploité dans une centaine de salles de cinéma newyorkaises en double programme avec Godzilla contre Hedora.
© Gilles Penso
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