L’AUBE ROUGE (1984)

C’est la troisième guerre mondiale : alors que la Russie attaque les États-Unis, un groupe de lycéens résiste vaillamment…

RED DAWN

 

1984 – USA

 

Réalisé par John Milius

 

Avec Patrick Swayze, C. Thomas Howell, Lea Thompson, Charlie Sheen, Darren Dalton, Jennifer Grey, Brad Savage, Doug Toby

 

THEMA POLITIQUE FICTION

Au départ, L’Aube rouge est un projet de Kevin Reynolds. Le futur réalisateur de La Bête de guerre, Robin des Bois prince des voleurs et Waterworld envisage ce récit d’anticipation comme une fable antimilitariste décrivant les absurdités d’un conflit qui oblige dix gamins à prendre les armes contre des envahisseurs soviétiques et cubains. Les producteurs Barry et Sidney Beckerman prennent une option sur ce script, alors baptisé Ten Soldiers, dont ils entrevoient l’énorme potentiel couplé à la possibilité d’être mis en chantier avec un budget modeste. Mais Reynolds ne leur semble pas assez expérimenté pour assurer la mise en scène. Après le refus de Walter Hill, le film reste au point mort. Lorsque la MGM s’intéresse au sujet et rachète le scénario, le projet est revu de fond en comble. Plutôt qu’un petit film dénonçant les travers de la guerre, pourquoi ne pas surfer sur le succès de Rambo et s’adresser à un cinéaste de la trempe de John Milius ? Emballé par l’idée, le réalisateur de Conan le barbare accepte de mettre en scène L’Aube rouge contre un salaire d’1,25 million de dollar plus une arme de son choix ! Après avoir réécrit le script, il envoie son jeune casting dans un camp d’entraînement militaire à la discipline rigoureuse puis le plonge dans la tourmente d’un tournage hivernal éprouvant.

Le film se situe dans des années 80 légèrement futuristes où le contexte géopolitique est en pleine mutation. Les États-Unis ont abandonné leur programme nucléaire, l’OTAN a été dissout, l’Union soviétique envahit la Pologne tandis que Cuba et le Nicaragua renforcent leur puissance militaire. L’Aube rouge commence par une image très forte, presque surréaliste. Alors que des lycéens suivent un cours d’histoire dans la ville de Calumet, au Colorado, des dizaines de parachutistes soviétiques atterrissent un peu partout (vus à travers les fenêtres de la salle de classe), puis mitraillent à tout va. Les Russes et les Cubains sont en train d’envahir les USA. La troisième guerre mondiale vient d’éclater. Un petit groupe de lycéen qui a réussi à prendre la fuite décide de former un commando d’élite pour résister face à l’envahisseur. Leur nom de code : les Wolverines.

« Ça libère ! »

L’Aube rouge se distingue par ses premiers rôles tenus par la génération montante de l’époque. Futures stars respectives de Dirty Dancing, Hitcher, Wall Street et Retour vers le futur, Patrick Swayze, C. Thomas Howell, Charlie Sheen et Lea Thompson occupent ainsi le haut de l’affiche. Malgré ce casting attrayant et un postulat très prometteur, le film ne parvient jamais à convaincre totalement, à cause de son manque singulier de finesse, de son message patriotique asséné lourdement à grands coups de maillet et de ses dérives frôlant dangereusement l’intolérance et la xénophobie. La fascination de John Milius pour les armes et la guerre ne se cache plus ici derrière le filtre fantasmagorique d’un Conan. Alors que les tensions Est-Ouest sont dans tous les esprits, déclenchant la même année le message pacifiste de 2010 l’année du premier contact, Milius joue les va-t’en guerre, ponctuant son scénario de répliques ouvertement primitives. À son camarade lui demandant l’effet que ça fait de tuer un homme, l’un des jeunes protagonistes répond allègrement : « ça libère ! » Plus tard, un enfant qui vient de voir son père se faire fusiller s’entend dire : « Trouve dans ton chagrin la force de surmonter ce que tu viens de vivre ! » Et que dire de cette séquence où les jeunes belligérants tuent un cerf et boivent son sang avec délectation avant d’aller casser du Russe ? Si l’on parvient à passer outre le discours douteux, rien n’empêche toutefois de trouver le film très distrayant, de profiter du spectacle et d’apprécier la mise en scène extrêmement efficace de Milius. Succès honorable au box-office, L’Aube rouge aura droit à un remake en 2012.

© Gilles Penso


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