LA MASCOTTE (2023)

Une étudiante adopte un paresseux pour devenir populaire auprès de ses amies… mais l’animal est un tueur psychopathe !

SLOTHERHOUSE

 

2023 – USA

 

Réalisé par Matthew Goodhue

 

Avec Lisa Ambalavanar, Sydney Craven, Andrew Horton, Bianca Beckles-Rose, Olivia Rouyre, Tiff Stevenson, Sutter Nolan, Milica Vrzic, Stefan Kapicic

 

THEMA MAMMIFÈRES

« Je ne vais pas mentir, nous avons trouvé le titre en quelques secondes », raconte le scénariste Brad Fowler. « Tout a commencé lorsque quelqu’un nous a demandé : “ Quelle est l’idée la plus stupide que vous puissiez avoir ? ”. Après avoir plaisanté pendant environ cinq minutes, non seulement le concept était né, mais aussi le titre » (1). Ce titre, Slotherhouse, est intraduisible en français, puisqu’il joue avec les mots « Sloth » (paresseux) et « Slaughterhouse » (abattoir). Les distributeurs français optent donc pour une appellation plus traditionnelle : La Mascotte. Co-écrit par Cady Lanigan et réalisé par Matthew Goodhue, ce slasher animalier cherche à rendre hommage au cinéma d’horreur des années 80 en s’appuyant sur deux de ses composantes clés : les étudiantes transformées en chair à saucisse et des effets spéciaux pratiques réalisés en direct face à la caméra. Pour trouver la juste tonalité, les trois hommes tentent un cocktail d’influences singulier. « Nous voulions que notre film soit un mélange de Lolita malgré moi et de Happy Birthdead avec une touche de Gremlins », explique ainsi Lanigan, « en espérant que tous ces éléments ressortent dans le résultat final » (2). En voyant La Mascotte, on décèle en effet ces sources d’inspiration composites, même si nous sommes face à un OVNI singulier qui aurait tendance à échapper aux comparaisons.

L’héroïne de La Mascotte est Emily Young (Lisa Ambalavanar), étudiante en dernière année dont la mère fut jadis une présidente de sororité très populaire. La favorite à la présidence des Sigma Lambda Theta, cette année, est l’odieuse Brianna (Sydney Craven) qui semble rallier tous les suffrages. Mais le jour où Emily tombe par hasard sur un paresseux femelle ramené du Panama par une équipe de braconniers, elle en fait sa mascotte et voit soudain sa cote de popularité grimper en flèche. L’idée lui vient alors de se présenter face à Brianna. Tandis que la rivalité entre les deux jeunes filles crée des tensions nouvelles et que la date de l’élection approche, le sympathique petit paresseux, baptisé Alpha, révèle sa véritable nature : c’est un monstre assoiffé de sang doté d’une redoutable intelligence…

Des poils et des griffes

Même si La Mascotte n’invite pas ses spectateurs à se prendre au sérieux, une bonne dose de suspension d’incrédulité s’avère nécessaire pour croire aux exactions de cette créature dont rien ne justifie le comportement agressif et vengeur, ni la force et l’intelligence quasi-surnaturelles. Car la bête se montre capable d’utiliser l’électricité et la plomberie, de faire des recherches sur Internet, d’envoyer des SMS et des photos sur un smartphone et même de conduire une voiture ! On voit bien que le film n’obéit à aucune autre logique que celle d’exploiter son concept fou, avec en prime quelques dialogues surlignant le caractère absurde de l’intrigue, comme l’inénarrable « on va toutes mourir dans d’atroces souffrances à cause d’une tueuse trop mignonne ! » Pour autant, le ton de La Mascotte n’est pas tout à fait celui d’une parodie potache truffée de gags. L’approche est certes légère mais reste positionnée la plupart du temps au premier degré, ce qui surprend dans la mesure où l’enjeu dramatique principal – l’élection de la future présidente de la sororité – nous laisse parfaitement de marbre. Un petit discours gentiment moralisateur autour de la quête de popularité et des amitiés superficielles émerge certes en filigrane du scénario, assorti d’un jeu régulier sur l’esthétique des réseaux sociaux (affichage de fenêtres d’informations en pop-up, d’émoticones, de messages, de photos), mais cet aspect reste anecdotique. La Mascotte a en tout cas le mérite de solliciter une créature 100% animatronique (même si la marionnette souffre d’un certain statisme et de mouvements pas toujours très fluides) et de soigner tout particulièrement sa mise en forme, avec en prime une très belle bande originale signée Sam Ewing.

 

(1) et (2) Extrait d’une interview publiée dans « Forbes » en aout 2023.

 

© Gilles Penso


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