Dans cette imitation australienne d’Indiana Jones, un pilote de la seconde guerre mondiale se met en quête d’un artefact d’origine extraterrestre…
SKY PIRATES
1986 – AUSTRALIE
Réalisé par Colin Eggleston
Avec John Harsgreaves, Meredith Philips, Max Phipps, Bill Hunter, Simon Chilvers, Alex Scott, Adrian Wright, Peter Cummins, Tommy Dysart, Arron Wayne Cull
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I EXTRA-TERRESTRES
Si Dakota Harris sonne un peu comme Indiana Jones, ce n’est évidemment pas un hasard. À partir du début des années 80, tout le monde veut capitaliser sur le succès des Aventuriers de l’arche perdue : les Américains (Allan Quatermain et les mines du roi Salomon), les Italiens (Les Aventuriers du cobra d’or), les Espagnols (Le Trésor des quatre couronnes) ou encore les Néo-Zélandais (Les Pirates de l’île sauvage). Côté Australie, Colin Eggleston, qui marqua de son empreinte la vogue « Ozploitation » avec le remarquable survival Long weekend, s’engouffre lui aussi dans la brèche en retrouvant son acteur masculin principal, John Harsgreaves, à qui il demande de jouer les émules d’Harrison Ford. Voix grave, sourire en coin, regard séducteur, attitude de mauvais garçon, costume d’aventurier, toute la panoplie est là. Non content de puiser largement son inspiration dans les deux premières aventures d’Indy, Dakota Harris cligne aussi de l’œil vers Les Dents de la mer (le temps d’une séquence sous-marine supervisée par Ron et Valerie Taylor, comme chez Spielberg) mais aussi vers Philadelphia Experiment et Voyage au bout de l’enfer. À la poursuite du diamant vert étant sorti sur les écrans entre-temps, la bande-annonce américaine du film d’Eggleston tente le tout pour le tout, avec une voix off qui ose : « The ark has been raided, the stone has been romanced » (que l’on pourrait traduire approximativement par « L’arche a été pillée, la pierre a été romancée », référence aux titres originaux Raiders of the Lost Ark et Romancing the Stone).
En 1945, alors que la Seconde Guerre Mondiale est sur le point de s’achever, l’armée australienne découvre une tablette précieuse aux pouvoirs surnaturels qui semble avoir été déposée sur Terre par une civilisation extra-terrestre il y a de nombreux millénaires. Les Alliés étant bien déterminés à empêcher les puissances de l’Axe de mettre la main dessus, le lieutenant Harris (Harsgreaves), aviateur expérimenté, est chargé de transporter cet artefact jusqu’à Washington. Il est accompagné dans sa mission par le révérend Mitchell (Simon Chilvers), le général Hackett (Alex Scott) et le major Savage (Max Phipps). Mais le vol est perturbé par le pouvoir hors du commun de la cargaison. Après un crash en pleine mer, Harris et ses co-équipiers se retrouvent dans une zone étrange et brumeuse, sorte de triangle des Bermudes abritant des épaves issues de toutes sortes d’époques différentes, tandis qu’au loin surgit ce qui ressemble à l’île de Pâques. De retour sur le sol occidental, Harris est mis à pied pour cause d’insubordination mais la tablette mystérieuse n’a pas dit son dernier mot. Harris décide alors de mener l’enquête en compagnie de Melanie Mitchell (Meredith Philips), la fille du révérend…
Les aventuriers de la tablette perdue
Il faut reconnaître que Dakota Harris nous offre quelques jolis tableaux surréalistes au cours de son premier acte, comme ces statues de l’île de Pâques qui volent devant le cockpit de l’avion en difficulté au milieu des cieux tourmentés, ou cette « mer des navires perdus » où se dressent des épaves au milieu d’un épais brouillard. Mais le film se révèle besogneux dans sa tentative désespérée de reproduire le succès de Spielberg et Lucas sans visiblement savoir par quel bout prendre le problème. Le scénario promène donc ses héros un peu au hasard, dans une quête chaotique et bien peu palpitante rythmée par une bande originale de Brian May (Mad Max) qui ne se gêne pas pour imiter le travail de John Williams. Les références à Indiana Jones abondent donc (l’héroïne terrifiée par une momie qui tombe d’un sarcophage, les séquences de voltige aérienne, la bagarre dans la taverne, la poursuite entre une jeep et un camion militaire, le tracé d’une carte qui se dessine avec un hydravion en surimpression, les coups de machette dans la jungle, la grotte truffée de pièges) tandis qu’alternent les séquences embarrassantes (le pêcheur hilare) ou involontairement comiques (le héros en tenue de plongée qui se retrouve en un clin d’œil revêtu de sa panoplie d’aviateur). Pas assez mauvais pour être considéré comme un nanar délectable, pas assez bon pour marquer les mémoires, Dakota Harris se regarde distraitement et s’oublie aussitôt.
© Gilles Penso
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