MADAME WEB (2024)

Le studio Sony continue maladroitement à capitaliser sur les personnages secondaires issus des aventures de Spider-Man…

MADAME WEB

 

2024 – USA

 

Réalisé par S.J. Clarkson

 

Avec Dakota Johnson, Sydney Sweeney, Isabela Merced, Celeste O’Connor, Tahar Rahim, Mike Epps, Emma Roberts, Adam Scott, Kerry Bishé, Zosia Mamet

 

THEMA SUPER-HÉROS I ARAIGNÉES I SAGA MARVEL COMICS

Malgré les échecs artistiques de Venom, Carnage et Morbius, le studio Sony continue de vouloir exploiter les personnages de second plan issus de l’univers de Spider-Man dont ils ont encore les droits, avec une opiniâtreté étonnante qui confine presque à l’inconscience. Ainsi, après les vilains symbiotes et l’étudiant vampire, place à Madame Web, que les lecteurs des comics Marvel connaissent sous la forme d’une vieille dame aveugle et capable de prédire l’avenir, connectée à un système de survie aux allures de grande toile d’araignée. Sony décide de rajeunir et de relooker complètement le personnage en lui inventant de nouvelles origines. La réalisatrice S.J. Clarkson est donc chargée avec les scénaristes Matt Sazama et Burk Sharpless de réinventer cette étrange voyante dont le rôle reste relativement anecdotique dans les bandes dessinées où elle vit le jour. L’aspect le plus surprenant du scénario de cette Madame Web est son inscription dans une temporalité qui précède la naissance de Peter Parker – apparemment celui du Marvel Cinematic Universe qui faisait ses premiers pas dans Captain America Civil War, à moins que ce ne soit celui campé par Andrew Garfield dans The Amazing Spider-Man. Les événements racontés dans Madame Web se déroulent en effet au début des années 2000 et nous laissent entrevoir l’oncle Ben et Mary Parker (la mère de Peter) alors qu’ils ont une trentaine d’années.

Après avoir envisagé plusieurs superstars, Sony choisit Dakota Johnson (The Social Network, Cinquante nuances de Grey) pour incarner Cassie Webb, une secouriste qui travaille dans un service d’urgence de New York. Sa mère scientifique cherchait dans la jungle péruvienne une araignée extrêmement rare aux vertus curatives insoupçonnées avant d’être trahie et assassinée par le vil Ezechiel Sims (Tahar Rahim). Le venin de l’araignée en question finit par montrer des conséquences inattendues : il dote Sims de super-pouvoirs impressionnants (force, rapidité, capacité de grimper aux murs, sixième sens) et Cassie de la capacité de prévoir l’avenir et de le modifier. Malgré un prologue exotique recyclant maladroitement celui d’Arachnophobie, le premier tiers du film laisse encore quelques espoirs. Les séquences de visions de Cassie, notamment, offrent d’intéressantes possibilités de mise en scène que S.J. Clarkson exploite avec une certaine efficacité, en particulier dans la séquence du train.

Spider-Women

Mais dès que se met en place la mécanique du film de super-héros, avec ce vilain absurde qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Spider-Man dans son costume noir, le film n’a plus aucun sens, l’intrigue avance de manière chaotique, les dialogues fusent sans queue ni tête et les acteurs donnent clairement le sentiment de ne pas du tout croire à ce qu’ils jouent. Dakota Johnson ne s’est d’ailleurs pas privée pour déclarer publiquement son regret d’avoir joué dans un tel film. Il faut dire que le scénario final, sans cesse réécrit suite à d’innombrables réunions au sein des fameux « comités de lecture » du studio, n’a plus grand-chose à voir avec celui initialement prévu. L’aspect « prequel de Spider-Man » ne mène nulle part, la parabole de la toxicité masculine auprès des femmes indépendantes (lourdement appuyée par l’emploi du tube « Toxic » de Britney Spears) est traitée par-dessus la jambe et le logo Pepsi Cola apparaît partout pour rentabiliser un partenariat commercial qu’on imagine juteux. Les trois protagonistes adolescentes, quant à elles, se contentent d’agir comme des écervelées au comportement stupide (alors qu’elles correspondent pourtant à la tranche d’âge du public visé). Bref, c’est un nouvel échec au box-office, compromettant sérieusement les futures aventures des trois « Spider-Women » prévues dans la foulée.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article