HUMANOID : TERREUR ABYSSALE (1996)

Non content d’imiter les succès du moment, Roger Corman recycle aussi ses propres films, comme le prouve ce remake des Monstres de la mer…

HUMANOIDS FROM THE DEEP

 

1996 – USA

 

Réalisé par Jeff Yonis

 

Avec Robert Carradine, Justin Walker, Emma Samms, Danielle Weeks, Mark Rolston, Clint Howard, Kaz Garas

 

THEMA MONSTRES MARINS

Dans la foulée du remake de Piranhas, Roger Corman initiait cette relecture des Monstres de la mer, tout aussi fade et inutile. Certes, le film original de Barbara Peeters n’avait rien d’un classique de l’horreur, contrairement à celui de Joe Dante qui généra un petit culte au moment de sa sortie. L’écart qualitatif entre la version de 1980 et celle de 1996 est donc moindre, mais ce produit sans éclat formaté pour l’exploitation vidéo n’en ressort guère grandi. L’argument de base des Monstres de la mer est fidèlement repris, à quelques nuances près. Nous apprenons en effet qu’une demi-douzaine de condamnés à mort a été soumise à des tests orchestrés par l’armée, visant à mêler leur code génétique avec celui de divers poissons, notamment des saumons. L’objectif de cette étrange bouillabaisse consiste à créer de nouveaux soldats amphibies indestructibles. D’où le lâchage dans la nature d’hommes poissons hideux au faciès de piranha, au cerveau humain hypertrophié, à la peau rugueuse, au dos hérissé d’une crête dorsale et à l’appétit insatiable.

L’expérience aurait dû logiquement tourner court, dans la mesure où ces monstres contre-nature ne peuvent survivre très longtemps dans l’océan. Mais c’était compter sans l’hormone de croissance déversée sans vergogne dans la mer par les responsables de Canco Industries, une usine d’élevage de poissons qui entend bien accroître la taille de son rendement. La tranquillité balnéaire de la petite bourgade d’Harbor Bay ne va donc guère durer… Humanoïd : terreur abyssale – quel titre magnifique ! – pourrait donc s’appréhender comme une salve violente à l’encontre des industriels peu scrupuleux et des militaires inconscients. Mais le film se contente d’exploiter – fort mal – ce prétexte scénaristique invraisemblable pour brosser quelques inefficaces séquences de suspense. Les travers principaux du remake de Piranhas sont également de la partie ici : des comédiens qui semblent s’ennuyer au moins autant que les spectateurs, une cruelle absence d’humour et une timidité maladive en matière de gore et d’érotisme.

Rien ne se perd, tout se recycle !

Les effets spéciaux sollicités pour visualiser les monstres et le fruit de leur accouplement avec leurs féminines victimes – un ventre grossissant façon Alien puis un accouchement ultra-sanglant – sont pourtant très honorables. Œuvre des méconnus Roy Knyrim (Mutations, 2001 Maniacs) et Jerry Macaluso (Mystery Men, Black Mask 2), ils ne souffrent guère de la comparaison avec les travaux qu’effectua Rob Bottin sur le film original. L’apparition finale des mutants au milieu de la fête foraine n’atteint cependant jamais la folie du climax des Monstres de la mer, et les scènes au cours desquelles les femmes capturées par les hommes-poissons sont engoncées dans une espèce de cocon géant et gluant, au creux d’une caverne souterraine, nous ramènent directement à L’Attaque des sangsues géantes, nouvelle preuve de l’indéfectible sens du recyclage de l’ami Roger Corman. Le final mollement explosif et le faux happy-end de rigueur ne font qu’accentuer les faiblesses d’un remake pour le moins insipide.

 

© Gilles Penso


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