LE CERCUEIL VIVANT (1969)

Vincent Price et Christopher Lee partagent l’affiche de cette fausse adaptation d’Edgar Poe au scénario rocambolesque…

THE OBLONG BOX

 

1969 – GB

 

Réalisé par Gordon Hessler

 

Avec Vincent Price, Christopher Lee, Rupert Davies, Uta Levka, Sally Geeson, Alister Williamson, Peter Arne, Hilary Heath

 

THEMA TUEURS

Vincent Price et Edgar Poe sont des mots qui vont très bien ensemble, grâce aux somptueuses adaptations réalisées par Roger Corman au début des années 60. Pour continuer à capitaliser sur cette formule gagnante, la compagnie AIP a confié à sa branche britannique la production de ce Cercueil vivant, qui ne présente en réalité aucun rapport avec la nouvelle de Poe dont il est censé s’inspirer, malgré l’emploi d’un des thèmes de prédilection de l’auteur : l’enterré vivant. Revenus d’un long séjour en Afrique, les frères Markham s’installent aux abords de Londres. Julian (Vincent Price, donc) retrouve sa jeune fiancée Elizabeth (Hillary Dwyer, qui a tout de même 34 ans de moins que lui !), mais Edward (Alister Williamson), à demi-fou et défiguré par une malédiction, reste enfermé dans les combles de la maison. Pourquoi les sorciers africains lui ont-ils jeté un sort ? A ce stade, le mystère reste entier. A cette situation déjà complexe s’ajoute l’avocat de la famille, Trench (Peter Arne), qui met au point un stratagème pour délivrer Edward et empocher au passage une joie somme d’argent.

Son plan consiste à droguer Edward afin de le faire passer pour mort, puis à venir l’exhumer après son enterrement. Mais le fourbe compte laisser le malheureux six pieds sous terre. Comme si ça ne suffisait pas, le docteur Newhartt (Christopher Lee, affublé d’une étrange perruque grisonnante) vient encore compliquer les choses. Pour les besoins de ses expériences, ce dernier fait appel à des résurrectionnistes qui pillent les tombes, à la façon des tristement célèbres Burke et Hare. Par une heureuse coïncidence scénaristique, il hérite ainsi du corps d’Edward, qui finit par surgir hors de sa tombe, libéré des effets de la drogue. « Mon esprit est dérangé, mon visage détruit, on m’a tué et miraculeusement ressuscité, je suis une créature remarquable, docteur », affirme-t-il pour résumer une situation au sein de laquelle même les plus attentifs commencent à perdre le fil. Ivre de vengeance, le miraculé dissimule désormais son visage contrefait sous un masque rouge et accumule les cadavres sur son passage.

« Mon esprit est dérangé, mon visage détruit… »

Puisant son inspiration un peu partout, le scénario rocambolesque du Cercueil vivant ressemble à une foire d’empoigne décousue que le metteur en scène Gordon Hessler, appelé à la rescousse après la mort prématurée de son collègue Michael Reeves, s’efforce de dynamiser en dramatisant notamment à outrance chaque meurtre. Mais l’intrigue s’étirant souvent artificiellement, le futur réalisateur du Voyage fantastique de Sinbad se voit contraint de faire durer jusqu’à l’épuisement des séquences accessoires, comme la cérémonie vaudou du prologue, qui n’en finit plus, ou cette interminable démonstration de débauche et de beuverie dans une auberge où tout s’achève par une bagarre générale totalement superflue. La déception qu’engendre le film se mue en frustration dans la mesure les deux géants en tête d’affiche restent chacun cantonnés dans leurs scènes respectives à l’exception d’une brève rencontre escamotée. Vincent Price et Christopher Lee ne se côtoient donc que virtuellement dans ce Cercueil vivant anecdotique.

 

© Gilles Penso


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