TOY STORY 2 (1999)

Un deuxième épisode qui parvient à dépasser en ambition et en folie son prédécesseur, malgré une réalisation semée d’embûches…

TOY STORY 2

 

1999 – USA

 

Réalisé par John Lasseter, Lee Unkrich et Ash Brannon

 

Avec les voix de Tom Hanks, Tim Allen, Joan Cusack, Kelsey Grammer, Don Rickles, Jim Varney, Wallace Shawn, John Ratzenberg, Annie Potts

 

THEMA JOUETS I SAGA PIXAR

Disney envisageait de produire Toy Story 2 avant même la sortie de 1001 pattes, sous forme d’un film à budget réduit commercialisé directement en vidéo. Coutumier du fait, le studio avait déjà initié des suites bon marché de Aladdin, La Belle et la Bête, Pocahontas et Le Roi Lion. Peu mémorables, ces « épisodes 2 » sacrifiaient hélas souvent la qualité au profit de la rentabilité. Lorsque les membres de Pixar discutent de l’éventualité d’une suite de Toy Story avec Disney, ils acceptent de tenter l’expérience sans pour autant réduire leurs ambitions créatives. Mais après quelques mois de travail, l’équipe de John Lasseter n’arrive pas à envisager un film « low cost », au risque de sombrer dans la facilité. Après réflexion, les dirigeants de Disney ne s’opposent pas à l’idée que cette séquelle sorte en salles, mais les choses deviennent complexes dans la mesure où Pixar doit du coup gérer la réalisation simultanée de deux longs-métrages ambitieux : 1001 pattes et Toy Story 2. Deux groupes distincts se lancent donc dans cette double aventure. La « dream team » du premier Toy Story se concentre sur 1001 pattes et une seconde équipe un peu moins expérimentée se met à l’œuvre sur Toy Story 2. En théorie, c’est une sage décision. Mais après une année de labeur, il devient évident que cette organisation ne fonctionne pas. En découvrant les premières images de Toy Story 2, John Lasseter n’a qu’un mot à la bouche : « c’est un désastre ». Que faire ? Épaulé Lee Unkrich, monteur du premier Toy Story, et Ash Brannon, storyboarder sur 1001 pattes, Lasseter n’a que neuf mois pour refaire entièrement Toy Story 2, ce qui semble impossible, mais il y a un délai à respecter vis à vis de Disney qui a déjà programmé la date de sortie du film.

Si le concept narratif initial est conservé, il faut entièrement repenser l’histoire, qui commence lorsque le cowboy Woody, le bras décousu, est abandonné par erreur dans un vide-grenier et échoue dans les mains d’un collectionneur qui veut en faire la vedette d’un salon japonais, aux côtés d’autres jouets issus de la même série vintage : la cowgirl Jessie, le vieux prospecteur Pete et le cheval Pile-Poil. Mais dans cette première version du scénario, les motivations de Woody ne sont pas crédibles et les péripéties trop mécaniques. Deux éléments cruciaux sont donc ajoutés : le pingouin siffleur Wheezy, abandonné sur une étagère poussiéreuse depuis que son sifflet est cassé, et l’histoire de Jessie, abandonnée par la fillette qui l’adorait lorsque celle-ci est devenue adolescente. Désormais, le dilemme que vit Woody devient tangible : doit-il risquer d’être abandonné lui aussi lorsque Andy grandira, ou ne vaut-il pas mieux rejoindre cette nouvelle famille de jouets derrière les vitrines d’un musée ? Comme par un étonnant effet de jeux de miroirs, les multiples rebondissements qu’ont vécu les membres de Pixar pendant l’élaboration de Toy Story 2 (remaniement total de l’équipe et du scénario, effacement accidentel de 90% des fichiers numériques du film puis récupération in-extremis d’une sauvegarde des mêmes fichiers chez une directrice technique en télétravail) semblent trouver leur écho dans le film lui-même. Les petits héros en bois et en plastique y vivent un véritable parcours du combattant ponctué de morceaux de bravoure dépassant en audace et en folies celles du premier Toy Story.

Clins d’œil

On se souvient notamment de l’incroyable séquence de poursuite finale dans l’aéroport, qui commence dans le centre de tri des bagages et s’achève dans un avion sur le point de décoller. Le film abonde de scènes d’action et de suspense de cet acabit, comme la traversée d’une route surchargée par les jouets cachés sous des cônes de signalisation ou la tentative d’évasion de Woody dans l’ascenseur. L’émotion monte aussi d’un cran avec la poignante chanson « When She Loved Me », interprétée par Sarah McLachlan, qui interrompt la narration pendant trois minutes pour narrer les désillusions de la poupée Jessie. Toy Story 2 joue aussi la carte du clin d’œil et de la référence, exercice auquel ne se livrait pas autant son prédécesseur. Le méchant Zurg déclare à Buzz « Je suis ton père » comme dans L’Empire contre-attaque, le tyrannosaure Rex poursuit une voiture miniature en une sorte de remake de Jurassic Park, Buzz effectue le salut des Vulcains de Star Trek, Monsieur Patate se sert de son chapeau comme un projectile à la manière du vilain de Goldfinger… On note aussi la présence de la poupée Barbie (que Mattel n’avait pas voulu faire figurer dans le premier Toy Story) et les épisodes de la vieille série télévisée imaginaire « Woody’s Roundup » dans laquelle les animateurs de Pixar s’efforcent de faire ressembler les images de synthèse à de véritables marionnettes s’animant dans une émission télévisée en noir et blanc, l’effet étant bluffant de réalisme. Énorme succès, Toy Story 2 remporte le Golden Globe du meilleur film et lance aussitôt l’idée d’autres suites possibles.

 

© Gilles Penso


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