DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT : L’INITIATION (1990)

Le réalisateur de Society et Re-Animator 2 signe le quatrième épisode de la saga du Père Noël tueur en changeant totalement de registre et de style…

SILENT NIGHT DEADLY NIGHT 4 : INITIATION

 

1990 – USA

 

Réalisé par Brian Yuzna

 

Avec Neith Hunter, Maud Adams, Tommy Hinkley, Clint Howard, Reggie Bannister, Allyce Beasley, Hugh Fink, Richard N. Gladstein, Glen Chin, Jeanne Bates

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I INSECTES I SAGA DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT

Contrairement aux précédents opus de la « saga » Douce nuit sanglante nuit, ce quatrième épisode n’a strictement rien à voir avec le tueur psychopathe déguisé en Père Noël qui servait de fil conducteur (avec plus ou moins de cohérence) à la trilogie première. Le script, écrit par Zeph E. Daniel (sous le pseudonyme de Woody Keith), s’inspire d’un premier jet d’Arthur Gorson et S.J. Smith qui aurait dû servir à Douce nuit sanglante nuit : coma dépassé mais qui fut rejeté par le réalisateur Monte Hellman. Daniel ayant déjà collaboré avec Brian Yuzna à l’occasion de Society et Re-Animator II, il propose au cinéaste de s’embarquer dans l’aventure, avec la bénédiction de la compagnie Live Entertainment qui a récupéré les droits de la franchise. Yuzna accepte mais souhaite mettre son grain de sel dans l’histoire, y intégrant notamment le mythe biblique de Lilith, la première femme d’Adam bannie du jardin d’Éden, ainsi que certains éléments scénaristiques liés à l’émancipation des femmes. Les producteurs insistent pour faire participer au film Maud Adams, l’une des rares actrices ayant eu l’honneur de jouer deux rôles différents dans la saga James Bond (elle fut la petite-amie de Christopher Lee dans L’Homme au pistolet d’or et le personnage-titre d’Octopussy). L’équipe étant au complet, le tournage peut commencer… et Yuzna déchaîner son grain de folie horrifico-fantasmagorique sur l’écran.

Kim Levitt (Neith Hunter) rêve de devenir grand reporter mais est cantonnée à classer et rédiger des petites annonces pour le journal Los Angeles Eye. Son rédacteur en chef Eli (Reggie Bannister, transfuge de Phantasm), semble donner du fil à retordre à tous les hommes de son bureau, y compris à son petit ami Hank (Tommy Hinkley). Lorsqu’une femme est découverte morte sur le trottoir après s’être précipitée du haut d’un immeuble, à moitié brûlée dans un cas inexpliqué de combustion humaine spontanée, Kim décide d’enquêter sur cette histoire pour en tirer un reportage, quitte à se passer du feu vert de son patron. Au cours de ses investigations, elle croise le chemin de Fima (Maud Adams), propriétaire d’une librairie d’occasion qui lui fait cadeau d’un livre sur le féminisme et l’occultisme… Cette rencontre sympathique, qui se poursuit par un petit pique-nique champêtre, va progressivement se transformer en l’un de ces cauchemars poisseux et déstabilisants dont Brian Yuzna a le secret…

« L’esprit de tout ce qui rampe… »

Partant du principe que Lilith est « l’esprit de tout ce qui rampe », le cinéaste s’adonne à une série de séquences perturbantes jouant avec la phobie des insectes : appartement infesté de cancrelats, énormes larves visqueuses et gémissantes, cafard géant accroché à un plafond, surgissement d’un invertébré gluant en dehors d’une bouche, mutations organiques à mi-chemin entre La Mouche de David Cronenberg et « La Métamorphose » de Franz Kafka… Le concepteur de ces effets spéciaux inventifs n’est autre que Screaming Mad George, le génial maquilleur déjà à l’œuvre sur les mutations surréalistes de Society. En dehors de ces passages horrifiques démonstratifs, Douce nuit sanglante nuit 4 construit un climat anxiogène efficace, inspiré manifestement en partie par Rosemary’s Baby, et semble même vouloir s’ériger en pamphlet contre le machisme à travers le comportement lourdaud des hommes qui entourent notre héroïne : ses collègues de bureau, son petit-ami, son beau-père… Ce film étrange, qui se suffit à lui-même sans besoin de se rattacher à la saga dont il est censé constituer le quatrième opus, porte donc un titre abusif qui ne se justifie que par l’imagerie de la fête de Noël timidement distillée tout au long du récit. Malgré ses attraits, il s’agit d’une œuvrette très anecdotique dans la carrière de réalisateur de Yuzna, coincée entre le délirant Re-Animator II et le remarquable Le Retour des morts-vivants 3.

 

© Gilles Penso


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