MISSION IMPOSSIBLE (1966-1973)

L’allumette craque, la mèche s’allume, le message s’autodétruit… Bienvenue dans la série d’espionnage la plus célèbre de tous les temps !

MISSION IMPOSSIBLE

 

1966/1973 – USA

 

Créée par Bruce Geller

 

Avec Peter Graves, Steven Hill, Barbara Bain, Greg Morris, Peter Lupus, Martin Landau, Leonard Nimoy, Lee Meriwether, Lesley Ann Warren, Lynda Day George

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA MISSION IMPOSSIBLE

Au début des années 60, le succès planétaire des premières aventures de James Bond au cinéma provoqua un attrait soudain pour les agents secrets de tous horizons, sur les grands mais aussi les petits écrans. Ainsi se succédèrent avec frénésie des séries telles que Destination Danger, Chapeau melon et bottes de cuir, Les Espions, Le Saint, Des agents très spéciaux, Les Mystères de l’Ouest ou encore Max la menace, payant chacune leur tribut (sur un ton souvent humoristique) à l’agent 007. Lorsque Bruce Geller s’empare à son tour du genre, ce n’est pas pour suivre les traces solitaires de James Bond mais pour valoriser le travail d’équipe, l’intelligence collective et des retournements de situation plus mentaux que physiques. Scénariste pour la télévision américaine depuis le milieu des années 50, Geller est fortement impressionné par le film Topkapi de Jules Dassin (1964) qui décrit la préparation et l’exécution méthodique d’un casse complexe par un groupe d’experts hautement qualifiés. Pourquoi ne pas remplacer les criminels par des espions et décrire dans chaque épisode une opération périlleuse nécessitant une précision d’horlogerie et un art subtil de la manipulation ? Ainsi naît l’idée de Mission impossible.

L’Impossible Mission Force est une agence d’espionnage américaine spécialisée dans les méthodes sophistiquées conçues pour contrecarrer les gouvernements hostiles, les dictateurs, les industriels corrompus et autres seigneurs du crime. Le chef des opérations est dans un premier temps Dan Briggs (Steven Hill), sélectionnant toujours la même équipe pour les missions les plus délicates : l’as du déguisement Rollin Hand (Martin Landau), le génie de la mécanique et de l’électronique Barney Collier (Greg Morris), la « femme fatale » Cinnamon Carter (Barbara Bain) et l’herculéen Willy Armitage (Peter Lupus). L’acteur Steven Hill s’avérant incapable d’accorder son emploi du temps avec celui du tournage des épisodes (il est juif orthodoxe et doit s’arrêter de travailler le vendredi après-midi pour préparer le chabbat), il quitte la production à la fin de la première saison. Peter Graves, qui le remplace au pied levé dans le rôle de Jim Phelps, deviendra le visage officiel de la série, quasiment sa mascotte. Le jeu des chaises musicales sera d’ailleurs fréquent au fil des diffusions. Lorsque le couple Landau/Bain fait ses adieux après la troisième saison, Leonard Nimoy prend le relais, l’atout de charme étant quant à lui confié à plusieurs actrices successives comme Lee Meriwether, Lesley Ann Warren et Lynda Day George. Finalement, seuls Greg Morris et Peter Lupus auront assuré une présence constante pendant toute la durée du show.

Géniales machinations

Mission Impossible a ceci de fascinant qu’il tourne le dos à la plupart des codes établis dans les séries télévisées de l’époque. La caractérisation des personnages est réduite à sa plus simple expression, les dialogues n’occupent pas le devant de la scène et le suspense repose sur une concentration attentive des téléspectateurs qui – s’ils sont trop distraits – risquent souvent de perdre le fil des géniales machinations imaginées par l’Impossible Mission Force. Ces artistes du complot s’étant spécialisés dans l’illusion et la mise en scène, on ne s’étonne pas que l’élément de science-fiction le plus marquant et le plus récurrent de la série soit l’emploi de masques imitant la réalité de manière troublante. Mission Impossible est entrée dans la légende pour ses gimmicks répétés sans cesse d’un épisode à l’autre : l’allumette qui craque pendant le générique, le message enregistré sur une cassette audio qui s’autodétruit, l’enveloppe qui révèle le visage des agents sollicités, le briefing et bien sûr la mission elle-même. Sans oublier la prodigieuse musique de Lalo Schifrin abandonnant les tempos classiques pour une sorte de bossa nova menaçante entrée dans la légende. « Les musiques sont généralement écrites pour des mesures en 2/4 ou 4/4 parce que les gens dansent avec deux jambes », avait-il coutume de dire. « Moi, j’ai écrit pour les extra-terrestres qui ont cinq jambes ! » (1). De nombreux compositeurs se sont par la suite emparés de ce thème musical mythique, notamment pour l’adaptation de la franchise au cinéma, mais aucun n’est pleinement parvenu à en retrouver la merveilleuse claudication. A l’impossible, nul n’est tenu.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans « Entertainment Weekly » en juin 1996.

 

 

© Gilles Penso


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