Pacific Rim débarque sur les grands écrans ? Vite, produisons à toute allure une copie low cost avec des robots géants et des monstres marins !
ATLANTIC RIM : WORLD’S END
2013 – USA
Réalisé par Jared Cohn
Avec Graham Greene, David Chokachi, Anthony Criss, Jackie Moore, Nicole Alexandra Shipley, Jared Cohn, Jinhi Evans, Steven Marlow, Nicole Dickson
THEMA ROBOTS I MONSTRES MARINS
Des robots géants qui affrontent des monstres à la Godzilla ? Qu’un gros film de studio ose s’attaquer à un tel sujet en mettant le paquet sur le marketing et en sollicitant un réalisateur prestigieux est une aubaine pour la petite compagnie de « cinéastes flibustiers » The Asylum. À peine le Pacific Rim de Guillermo del Toro est-il annoncé que les fantassins au service du producteur David Michael Latt s’activent pour boucler en quelques mois une imitation à tout petit budget avec comme objectif de sortir exactement en même temps que le blockbuster de Legendary Pictures, autrement dit début juillet 2013. L’exercice du plagiat monte donc d’un cran par rapport à Transmorphers ou Alien vs. Hunter. Non content de singer le titre du film qui lui sert de modèle, Atlantic Rim reprend quasiment le même scénario, du moins ce qu’on en sait à l’époque. Suite à la disparition d’une plateforme pétrolière et d’un mini-sous-marin de reconnaissance dans le golfe du Mexique, la scientifique Margaret Adams (Nicole Dickson) lance le programme Armada : des robots géants conçus pour le sauvetage en haute mer. Les trois machines – pilotées par Red (David Chokachi), Tracey (Jackie Moore) et Jim (Anthony Criss) – plongent à près de 800 mètres de profondeur et découvrent les restes mutilés de la plate-forme pétrolière… mais également un monstre gigantesque.
C’est le point de départ d’un enchaînement de combats robots contre monstres, beaucoup plus excitants sur le papier qu’à l’écran étant donnés les faibles moyens mis à la disposition du réalisateur Jared Cohn et de son équipe. Pour assurer une plus-value visuelle de poids à ce film sans trop dépenser d’argent, la production envisage de tourner un grand nombre de séquences sur la base aérienne navale de Pensacola, en Floride. Mais en découvrant le scénario, les autorités militaires refusent, désapprouvant l’image de l’armée qu’il donne (c’est déjà un miracle qu’ils soient allés jusqu’au bout de la lecture !). Le plan B est donc l’installation de l’équipe de tournage à proximité de cette base, dans un aéroport privé pour hélicoptères. Ce changement de décor – ainsi que des intempéries non prévues au programme – entraînent plusieurs réécritures du script par Richard Lima, Thunder Levin (Sharknado) et Hank Woon Jr (Age of Dinosaures).
À quoi ça Rim ?
Même si Atlantic Rim essaie de nous intéresser à ses protagonistes humains, à ce général dur à cuire qui en a vu d’autres (Graham Greene, beaucoup plus convaincant dans Danse avec les loups et La Ligne verte il faut bien l’avouer), à ces trois top guns du pilotage de robot que rien n’effraie (bagarre de rue ridicule à l’appui) et qui s’embarquent dans un triangle amoureux de soap opera ou encore à ce gradé belliqueux qui veut à tout prix lancer des missiles nucléaires (Steven Marlow, prononçant ses dialogues avec la voix de Batman en serrant les dents, un bandeau à la Nick Fury sur l’œil), le spectateur n’en a cure et veut principalement voir des robots qui castagnent des monstres. Sauf que le budget ne permet pas des merveilles, on s’en doute. Certes, les trois grandes machines guerrières sont assez réussies, nous offrant même quelques séquences iconiques du plus bel effet comme le surgissement de l’une d’entre elles sur une plage au milieu des baigneurs. Les monstres, en revanche, ne sont guère gâtés par la nature. Ni leur design de dinosaures/dragons aux yeux globuleux et aux pattes de tritons, ni leur texture d’image de synthèse bas de gamme, ni leur animation évasive ne réussissent à nous convaincre une seule seconde. Voilà qui amenuise considérablement l’impact des scènes de combat, notamment cet affrontement final dans les rues de New York où une bébête géante qui se prend pour Le Monstre des temps perdus cherche des noises aux trois méga-robots volants qui le cognent avec une épée et un marteau géant. En 2018, en prévision de Pacific Rim : Uprising, Jared Cohn récidivera avec Atlantic Rim : Résurrection.
© Gilles Penso
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