Après Agent zéro zéro, Scary Movie, Sexy Movie et Big Movie, le duo Friedberg/Seltzer continue sur sa lancée en parodiant le 300 de Zack Snyder…
MEET THE SPARTANS
2008 – USA
Réalisé par Jason Friedberg et Aaron Seltzer
Avec Sean Maguire, Kevin Sorbo, Carmen Electra, Ken Davitian, Diedrich Bader, Travis Van Winkle, Jareb Dauplaise, Nicole Parker, Ike Barinholtz, Hunter Clary
THEMA HEROIC FANTASY
Jason Friedberg et Aaron Seltzer sont des petits malins. Visiblement incapables d’écrire des scénarios originaux, ils sont en revanche très inspirés lorsqu’il s’agit de plagier ceux des autres. Pourtant personne ne vient leur réclamer le moindre droit d’auteur ou ne leur cherche des noises du côté des copyrights puisqu’il se drapent à chaque fois derrière la cause humoristique. La parodie excuse visiblement tout, y compris l’imitation servile d’histoires imaginées par d’autres scénaristes. Au lieu de bâtir de toutes pièces des intrigues conçues comme des hommages comiques aux films qui les ont bercés (discipline dans laquelle Mel Brooks ou le trio Zucker/Abrams/Zucker sont passés maîtres), Friedberg et Seltzer préfèrent s’adonner au copier/coller. Leur recette ? Piocher dans les succès cinématographiques du moment, reprendre leurs synopsis quasiment tels quels, les mélanger entre eux et les caviarder de gags si possible situés en-dessous de la ceinture. Dans le cas de Meet the Spartans (que les distributeurs français ont cru bon de « traduire » Spartatouille pour se référer sans raison particulière au Ratatouille de Pixar), c’est le 300 de Zack Snyder qui sert de référence principale et dont la trame est reprise à l’identique.
Acteur récurrent de nombreuses séries TV depuis le milieu des années 1980, Sean Maguire se substitue à Gerard Butler pour incarner Leonidas le roi des Spartes, parti en guerre contre les Perses menés par le tout-puissant Xerxes (Ken Davitian, échappé de Borat). Le film étant réalisé à l’économie, l’action se déroule dans deux décors limités et le nombre de guerriers spartiates se résume à treize hommes en slip et en sandales (parmi lesquels on reconnaît Kevin Sorbo, héros de la série Hercule). Si l’étroitesse du budget est assumée et tournée en dérision (via le gag d’un écran bleu que transportent les combattants perses pour multiplier leurs effectifs), il n’en demeure pas moins que Spartatouille a un côté « fauché » qui amenuise son impact.
Épées, slips et sandales
Spartatouille est construit comme un enchaînement de gags autonomes dont le lien ténu est assuré par une imitation servile du scénario de 300. Chaque scène est le prétexte à cligner de l’œil vers d’autres films ou séries à succès (Shrek, Casino Royale, Happy Feet, Ugly Betty, Heroes, Rocky, Transformers), à se moquer d’émissions télévisées populaires (American Idol, Top Model USA, Danse avec les stars, À prendre ou à laisser), de jeux vidéo (GTA) ou de diverses célébrités via des sosies approximatifs (Brad Pitt, Angelina Jolie, Britney Spears, Paris Hilton, Lindsay Lohan, Donald Trump, Tom Cruise). Friedberg et Seltzer se sentent régulièrement obligés d’expliquer les gags et de les commenter pour s’assurer que le public les a bien compris, ce qui n’empêche pas la plupart d’entre eux de tomber comme un cheveu dans la soupe (les interventions de Spider-Man et Ghost Rider notamment). Parfois, ces coups de coude à l’attention des spectateurs sont tellement appuyés qu’ils en deviennent embarrassants, comme lorsque le héros feuillette le livre « 300 » de Frank Miller (au cas où nous n’aurions pas saisi l’allusion). Le film procède donc par accumulation, espérant masquer sa vacuité sous une avalanche de références. Parfois ça fonctionne, mais la plupart du temps Spartatouille croule sous sa propre lourdeur, ses carences de rythme, ses clins d’œil datés et sa vulgarité d’école maternelle. Très épisodiquement drôle, Meet the Spartans est aussi connu en France sous le titre Orgie Movie.
© Gilles Penso
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