Des guêpes irradiées par des rayons cosmiques atteignent des proportions colossales et sèment la panique dans la jungle…
MONSTER FROM GREEN HELL
1957 – USA
Réalisé par Kenneth G. Crane
Avec Jim Davis, Barbara Turner, Robert E. Griffin, Joel Fluellen, Eduardo Ciannelli, Vladimir Sokoloff, Tim Huntley, LaVerne Jones
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS
Sous l’impulsion de Des monstres attaquent la ville et Tarantula, distribués respectivement en 1954 et 1955, le cinéma de science-fiction du milieu des années 50 s’est soudain pris d’une passion grandissante pour les insectes géants nés d’expériences inavouables. Produit par Al Zimbalist Jr, responsable d’un assez redoutable Robot Monster, ce Monster From Green Hell se contente ainsi d’accumuler tous les poncifs du genre, en prenant pour prétexte un missile transportant des guêpes envoyées dans l’espace à titre expérimental qui finit par s’écraser en pleine Afrique. Devenus gigantesques à cause de rayons cosmiques ayant entraîné leur mutation, les insectes sèment bientôt une belle panique dans la jungle. De toute évidence, Wah Chang, qui est chargé de fabriquer les monstres géants, n’a pas vu de guêpes depuis longtemps lorsqu’il s’attelle à la tâche, car ses créatures ne ressemblent que très vaguement à des insectes, et s’approchent à la limite plus du scarabée que de la guêpe. D’ailleurs, on les voit beaucoup plus souvent ramper que voler.
La plupart du temps, le trucage utilisé est une tête géante qui terrorise les personnages mais provoque plutôt le rire chez les spectateurs. Pour les plans plus larges, c’est l’animation image par image qui est mise à contribution, sous la supervision de Jack Rabin et Louis DeWitt. Cette technique permet des effets plus intéressants et des images plus mémorables que la grosse tête immobile, mais le look des insectes demeure très peu crédible dans les deux cas, leurs petites ailes battant timidement dans les airs et leurs mandibules s’agitant sans beaucoup de conviction. Pour intégrer les figurines animées dans les prises de vues réelles, l’équipe des effets spéciaux recourt principalement aux transparences, ce qui permet notamment de montrer les guêpes menacer les acteurs, des hordes d’animaux récupérées dans des stock-shots divers ou des foules généreusement puisées dans le film Stanley et Livingstone d’Henry King et Otto Brower (1939). C’est d’ailleurs pour mieux se raccorder avec ces larges extraits que l’ensemble des comédiens portent des costumes victoriens ! Dans d’autres plans, des doubles expositions donnent aux guêpes des tailles godzillesques au mépris de tout sens des proportions.
« La nature sait parfois réparer elle-même ses erreurs… »
L’une des séquences les plus intéressantes est probablement le combat nocturne entre l’une des guêpes géantes et un immense serpent, recourant presque exclusivement à l’animation dans un décor miniature, même si sa brièveté la rend assez frustrante. Finalement, les monstres bourdonnants sont anéantis par une éruption volcanique, via des plans très « cheap » qui se contentent de surimpressionner de véritables images de volcans avec des plans des insectes déjà utilisés plus tôt dans le film. Et les héros de conclure cette belle aventure par quelques phrases hautement spirituelles du style « Il a fallu un volcan pour réussir là où nous avons échoué », ou encore « La nature sait parfois réparer elle-même ses erreurs ». Que d’émotions ! Le réalisateur Kenneth G. Crane tournera deux autres films fantastiques très anecdotiques, The Manster et The Double Garden, avant de revenir à son activité première de monteur.
© Gilles Penso
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