Linda Blair reprend le rôle de possédée qu’elle tenait dans L’Exorciste dans cette parodie poussive où Leslie Nielsen joue les prêtres excentriques…
REPOSSESSED
1990 – USA
Réalisé par Bob Logan
Avec Leslie Nielsen, Linda Blair, Ned Beatty, Anthony Starke, Thom Sharp, Lana Schwab, Benj Thall, Dove Dellos
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Depuis Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Jim Abrahams, David et Jerry Zucker ont fait école, générant une foule d’imitateurs lancés dans le recyclage plus ou moins adroit de leur sens du burlesque. Ken Finkleman (Airplane 2), Les Nuls (La Cité de la peur) et, dans une moindre mesure, Gene Quintano (Alarme fatale) ont bien compris la leçon. Bob Logan, scénariste des séries animées Ghostbusters, Popples et Denis la malice, tente sa chance à son tour avec Repossessed (littéralement « Repossédée ») que les distributeurs français rebaptisent L’Exorciste en folie pour sa sortie en salles puis Y’a-t-il un exorciste pour sauver le monde ? pour son exploitation en vidéo (au moins, la référence est claire !). Le projet est principalement motivé par l’idée de confier à Linda Blair un rôle qui pastiche celui qu’elle tenait dans L’Exorciste. Logan ayant déjà dirigé la comédienne dans la comédie Up Your Alley et dans le programme télévisé How to Get… Revenge, il n’a aucun mal à la convaincre de le suivre dans cette aventure. Ce sera pour elle une revanche sur le film de William Friedkin, qui reste un souvenir de tournage très éprouvant (même si elle accepta ensuite de jouer dans la suite Exorciste II : l’hérétique). C’est elle qui suggère de contacter Leslie Nielsen pour incarner l’exorciste de cette parodie. Le trublion aux cheveux blancs, alors âgé de 64 ans, accepte aussitôt.
Tout commence par un flash-back : en 1973, le père Jebedaiah Mayii réussit à exorciser Nancy, une fillette possédée par le diable, et sort de cette épreuve avec un cœur très fragile. Dix-sept ans plus tard, Nancy, devenue une mère de famille, est repossédée par l’intermédiaire de la télévision. Le père Mayii est à nouveau appelé à la rescousse, mais il préfère se décharger sur un jeune prêtre dont la foi est chancelante. Certes, l’idée de parodier le classique de Friedkin en confiant à l’inénarrable héros de Police Squad et de la saga Y’a-t-il un flic… ? le rôle de l’exorciste et en sollicitant Linda Blair pour qu’elle réitère sa célèbre performance dix-sept ans plus tard était prometteuse. D’autant que cet Exorciste en folie était programmé pour sortir en salles un mois seulement après L’Exorciste : la suite, en un joyeux pied de nez à la franchise originale. La satire acerbe des reality-shows et des évangélistes du petit écran, induite par le scénario, présageait également de belles réjouissances.
Une possession très facultative
Hélas, le résultat est plus embarrassant que drôle, suscitant trop souvent l’ennui au lieu du rire. Les allusions à L’Exorciste (le visage tuméfié de Linda Blair, la tête tournant à 180°, les jets de bile spectaculaires, le lit qui gigote), les numéros musicaux (Nielsen chantant du « rock » déguisé en Elton John et en Michael Jackson), le recours aux sosies (essentiellement celui de Jean-Paul II) et la quasi-totalité des gags du film tombent tristement à plat. Alors, que sauver de ce très facultatif Repossessed ? Deux ou trois gags réussis : une parodie prégénérique du logo THX (s’achevant sur un pet en stéréo à la demande expresse de Leslie Nielsen), la mention « Attention aux pneus en reculant » à l’entrée d’un parking (la voiture recule et une dizaine de pneus tombent sur ses occupants), ou encore les places de garage réservées aux handicapés, logo à l’appui (occupées non pas par des voitures mais par de grosses répliques des logos). C’est à peu près tout. De là à dire que ça suffit pour justifier le déplacement…
© Gilles Penso
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