Un petit groupe de chasseurs d’OVNIS part à la recherche de l’un des leurs, disparu depuis plusieurs années…
UFO SWEDEN
2022 – SUÈDE
Réalisé par Victor Danell
Avec Inez Dahl Torhaug, Jesper Barkselius, Eva Melander, Sara Shirpkey, Oscar Töringe, Håkan Ehn, Isabelle Kyed, Niklas Kvarnbo Jöhnsson, Mathias Lithner
THEMA EXTRA-TERRESTRES I MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES I VOYAGES DANS LE TEMPS
Le collectif suédois « Crazy Pictures » avait frappé très fort en 2018 avec The Unthinkable, un film catastrophe particulièrement audacieux qui fit grand bruit non seulement dans leur pays natal mais aussi un peu partout dans le monde. Gonflée à bloc, la petite équipe se lance quelques années plus tard dans une nouvelle aventure ambitieuse. Comme toujours, les cinq joyeux drilles, amis depuis le lycée et praticiens du court-métrage de longue date, font à peu près tout ensemble : la production, l’écriture, la réalisation, la photographie, les effets spéciaux, le sound design, le montage. « Nous nous considérons comme un groupe de rock qui joue en direct », explique le producteur Alvin Pettersson. « Nous faisons tout de manière collective, et nous changeons parfois d’instrument. » (1) Ainsi, même si Victor Danell est généralement crédité à la réalisation, tout le monde met la main à la pâte. Avec un budget très raisonnable (équivalent à environ 3,4 millions d’euros), les voilà cette fois-ci à la tête d’UFO Sweden, que l’on pourrait décrire un peu rapidement comme un croisement entre les X-Files et Stranger Things. Certes, l’époque à laquelle se situe l’action (les années 90) et les tonalités électroniques de la bande originale accentuent les similitudes avec ces deux séries emblématiques, au-delà des thèmes traités dans le scénario. Mais UFO Sweden possède indubitablement sa propre personnalité et un style unique.
Depuis que son père Uno (Oscar Töringe), obsédé par les OVNIS, a disparu un soir sans laisser de trace, Denise (Inez Dahl Torhaug) voyage de famille d’accueil en famille d’accueil, poursuivant les recherches scientifiques de celui qu’elle admirait malgré ses excentricités. Désormais adolescente, elle continue donc d’étudier les phénomènes climatiques étranges et les anomalies météorologiques. Un soir, une voiture qui semble tomber du ciel s’écrase dans la grange d’un fermier terrorisé. Or ce véhicule est exactement le même que celui que conduisait Uno le soir de sa disparition. Même couleur, même modèle, même année… et même cassette dans l’autoradio ! Envers et contre tous, Denise mène sa propre enquête et finit par solliciter une petite association de chercheurs qui ont bien connu son père et tentent d’étudier le phénomène des OVNIS de la manière la plus objective possible. Leur nom : UFO Sweden.
La vérité est-elle ailleurs ?
Vendu comme une comédie, UFO Sweden révèle une tessiture plus complexe, abordant frontalement son sujet sans jamais le tourner en dérision, et laissant les spectateurs s’interroger jusqu’au bout sur la possibilité ou non d’une explication extra-terrestre derrière les mystères qu’égrène le scénario. Il y a certes de l’humour dans le film, mais jamais au détriment de cette poignée d’hurluberlus que les comparses de « Crazy Pictures » filment avec une certaine tendresse. L’équipe de « UFO Sweden » s’inspire d’ailleurs d’un véritable groupe de chercheurs suédois qui passent leur temps libre à étudier le phénomène des objets volants non identifiés. « J’ai passé ma vie à chercher une réponse, et maintenant j’ai peur de la trouver », confie ainsi Lennart (Jesper Barkselius), le chef du petit groupe, alors que leur investigation s’apprête à prendre une tournure décisive. Cette quête de l’OVNI, c’est avant tout celle du père chez la jeune héroïne, en manque de cette figure paternelle extravagante dont elle retrouve quelques facettes éparses auprès des membres de l’association. Mais son obsession n’est-elle pas en train d’altérer son jugement et son sens des valeurs ? Ne risque-t-elle pas de mettre tout son entourage en danger pour prouver qu’elle a raison ? Le scénario prend plusieurs risques intéressants, notamment celui de rendre son personnage principal antipathique pour mieux décrire ses failles. Dommage que de nombreuses incohérences altèrent la crédibilité de l’intrigue, notamment au cours d’un dernier acte qui en fait sans doute trop. Mais voilà au moins une œuvre qui sait sortir des sentiers battus pour affirmer une singularité franchement rafraichissante.
(1) Propos extraits d’une interview parue dans « Nordisk Film & TV Fond »
© Gilles Penso
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