Le valeureux héros mythologique incarné par Steve Reeves tombe entre les griffes d’une belle sorcière qui pétrifie ses amants…
ERCOLE E LA REGINA DE LA LIDIA
1959 – ITALIE
Réalisé par Pietro Francisci
Avec Steve Reeves, Sylvia Koscina, Sylvia Lopez, Primo Carnera, Gabriele Antonini, Patrizia Della Rovere, Sergio Fantoni
THEMA MYTHOLOGIE
Le succès international des Travaux d’Hercule précipita la mise en route de cette suite, dotée d’un confortable budget. Les deux légendes qui servent de base au scénario sont « Les Sept de Thèbes » narrant la lutte fratricide entre les deux fils d’Œdipe, et « Hercule et Omphale » contant les amours complexes entre le demi-dieu et la reine de Lydie. Le film s’amorce comme une suite directe de l’épisode précédent. Hercule et Iole viennent de se marier et rentrent d’un voyage en mer en compagnie du jeune et espiègle Ulysse. Héritant du luth d’Orphée, la jeune épouse nous gratifie d’une chansonnette italienne très drôle au second degré. Sur leur route, nos trois héros croisent Antée, fils de la Terre, qui gagne des forces chaque fois qu’il touche le sol. Une fois de plus, Pietro Francisci évacue prudemment la plupart des composantes fantastiques. Ainsi, si l’Antée de la mythologie est un géant monstrueux, celui du film est un simple lutteur incarné par Primo Carnera. Hercule s’en débarrasse en le jetant dans la mer, puis rencontre Œdipe dans une caverne (magnifiquement reconstituée en studio). Celui-ci est déchiré par la rivalité qui oppose ses deux fils Etéocle et Polynice, chacun convoitant le trône de Thèbes.
Le sculptural barbu décide de ramener la paix sur sa terre natale, mais en buvant l’eau d’une fontaine magique, il perd soudain sa force et sa mémoire. La reine Omphale (Sylvia Lopez) lui a en effet tendu un piège et le kidnappe, le persuadant qu’il est son époux. Ulysse, qui se fait passer pour un serviteur sourd-muet, est fait prisonnier dans les geôles de la souveraine. Il découvre là l’horrible vérité : Omphale est une sorte de mante religieuse qui tue un à un tous ses amants et fait conserver leurs corps pétrifiés grâce à la science d’un savant égyptien. Elle possède ainsi une caverne qui ressemble comme deux gouttes d’eau au musée de L’Homme au masque de cire. La liberté que le scénario prend avec la légende – où Hercule se rendait de son plein gré au service de la reine pour se laver d’un meurtre – s’assortit du même coup d’une analogie surprenante : ici, Omphale rend les héros amnésiques comme la sorcière Circé et pétrifie ses victimes comme la gorgone Méduse, empruntées respectivement aux mythes d’Ulysse et de Persée.
L’Antiquité selon Cinecitta
Chez la reine de Lydie, les décors sont somptueux et tout à fait irréalistes, des dizaines de demoiselles prennent leur bain et courent en riant bêtement, les danseuses nous gratifient de chorégraphies pseudo-orientales et les costumes sont volontiers anachroniques (notamment lors de la première apparition d’Omphale, en collants et talons aiguille !). Bref, les codes esthétiques de Cinecitta prennent largement le pas sur le réalisme antique, au cours de cet Hercule et la reine de Lydie laissant une fois de plus la part belle aux complots politiques et aux combats musclés du vaillant Steve Reeves. La dernière partie du film oublie Omphale pour se concentrer sur la guerre qui menace Thèbes – preuve que la juxtaposition des deux récits est quelque peu artificielle – offrant aux spectateurs un combat d’Hercule contre trois tigres, une lutte à la mort entre les frères rivaux et enfin une colossale bataille militaire devant les murailles de Thèbes.
© Gilles Penso
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