L’intrépide cowboy mexicain Gaston Santos enquête sur d’étranges statuettes antiques et se retrouve confronté à une sinistre femme-zombie…
EL GRITO DE LA MUERTE
1959 – MEXIQUE
Réalisé par Fernando Mendez
Avec Gaston Santos, Maria Duval, Pedro de Aguillon, Carlos Ancira, carolina Barret, Antonio Raxel, Hortensia Santoveña
THEMA ZOMBIES
Le producteur mexicain Alfredo Ripstein Jr et le réalisateur Rafael Baledon s’étaient essayés en 1957 au mixage du western et du fantastique avec Le Monstre du marécage, qui confrontait des cow-boys avec une bête aquatique et écailleuse se démarquant de L’Étrange créature du lac noir. Fernando Mendez, maître d’œuvre des Proies du vampire et du Retour du vampire, se laisse à son tour tenter par le mélange des genres en prenant la relève de Baledon pour une nouvelle aventure de l’intrépide héros du Far West Gaston et de son fidèle compagnon Coyote Loco. Il quitte du même coup son noir et blanc de prédilection pour un Technicolor plus adapté aux cavalcades à cheval et aux vastes panoramas rocailleux. Point d’homme-poisson ici, mais une morte-vivante sinistre et exsangue qui reprend à son compte la fameuse légende de la « pleureuse », déjà illustrée dans le très gothique Les Larmes de la malédiction.
Le récit prend place en 1916, dans une hacienda jadis prospère mais tombée depuis dans le discrédit et la ruine. L’intrépide Gaston enquête sur deux étranges statuettes aux allures d’idoles antiques. La belle Maria Elena lui apprend que c’est sa défunte tante Clotilde qui les a sculptées, en mémoire des deux fils qu’elle a perdus, engloutis dans les sables mouvants. Ces poupées, représentant chacune une femme éplorée, symbolisent la mort. Or Clotilde a disparu de sa tombe le lendemain de son enterrement, voilà un an. Depuis, on dit qu’elle erre en pleurant près du sinistre « marécage du squelette ». Pour empêcher le retour de la morte-vivante, les superstitieux ont planté un couteau dans le cadran d’une horloge, à l’heure exacte de sa mort. Mais Maria Elena se moque de ces croyances bigotes, et finit même par arracher le couteau, un soir de désespoir. Bien mal lui en prend, car bientôt Clotilde revient d’entre les morts, le visage terreux, le regard sombre, et les griffes acérées…
Le retour de la morte-vivante
Le Cri de la mort mixe ainsi les codes du film d’épouvante classique (brumes inquiétantes, cadavre ambulant, victimes ensanglantées) et ceux du western (combat de saloon, fusillades, poursuites à cheval). A vrai dire, le mixage fonctionne plutôt bien, malgré la relative insipidité de Gaston Santos dans le rôle du héros sans peur et sans reproche, et la lourdeur des gags véhiculés par son faire-valoir comique (Pedro de Aguilon), qui passe son temps à chercher un lit pour dormir et dont les scènes de combat sont accompagnées de bruitages de dessin animé. Le passage à la couleur prive également le film de la photogénie macabre dont Fernando Mendez s’était fait une spécialité. Le Cri de la mort se laisse malgré tout apprécier sans déplaisir, grâce aux charmes de Maria Duval, aux apparitions morbides de la morte-vivante assoiffée de vengeance, et aux rebondissements d’un scénario plein de surprises laissant jusqu’au bout planer le doute quant à la possibilité d’une explication logique et rationnelle à tous ces événements surnaturels. Après avoir résolu enfin cette étrange affaire, nos deux héros regagnent leurs pénates en s’éloignant à cheval dans la plaine, à la manière de Lucky Luke, tandis que la partition de Gustavo Carrion prend des accents épiques qui n’auraient pas dépareillé dans un film de John Ford.
© Gilles Penso
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