Des aliens végétaux hideux contaminent les humains dans ce remake officieux de L’Invasion des profanateurs de sépultures…
SEEDPEOPLE
1992 – USA
Réalisé par Peter Manoogian
Avec Sam Hennings, Andrea Roth, Dane Witherspoon, Bernard Kates, Holly Fields, John Mooney, Anne Betancourt
THEMA EXTRA-TERRESTRES I VÉGÉTAUX I SAGA CHARLES BAND
Après ses déboires sur le tournage complexe d’Arena, le réalisateur Peter Manoogian avait pris ses distances avec le producteur Charles Band. L’eau ayant coulé sous les ponts, les deux hommes finissent par se retrouver au début des années 90 et Manoogian accepte de mettre en scène pour la compagnie Full Moon deux longs-métrages d’affilée, Demonic Toys et Seedpeople. Le budget mis à disposition du réalisateur est extrêmement réduit, tout comme son planning de tournage. « Je ne pense pas avoir fait du mauvais travail, mais ce film n’avait rien de très original », confesse-t-il (1). En effet, le scénario de Jackson Barr (Subspecies, Bad Channels) ressemble à remake bon marché de L’Invasion des profanateurs de sépultures dont il reprend la plupart des idées et même la structure en flash-back. Le film commence donc par les gesticulations d’un homme en panique criant à qui veut l’entendre qu’il n’est pas fou et que la menace venue d’ailleurs est bien tangible, comme dans le classique de Don Siegel. Cet homme est le géologue Tom Baines (Sam Hennings) et l’histoire qu’il s’efforce de raconter à un agent du FBI tandis qu’il est solidement attaché sur un lit d’hôpital commence quelques jours plus tôt.
Tom narre son arrivée dans la petite ville rurale de Comet Valley, qu’il avait quittée pour faire ses études. Il y retrouve son ex-petite amie Heidi (Andrea Roth), son ancien rival Brad (Dane Witherspoon) devenu policier et la population locale qui lui demande de venir inspecter plusieurs météorites tombées dans les champs voisins. Soudain, tout bascule le temps d’une séquence surréaliste. Un soir, Frank (John Mooney), le frère d’Heidi, part arroser des plantes en pleine nuit et découvre d’étranges cosses dans un arbre d’où surgit un liquide poisseux qui le recouvre entièrement. Quelques minutes plus tard, l’homme a changé de comportement, désormais froid et distant. Quant à la substance gluante répandue sur le sol, elle laisse émerger des créatures bizarroïdes verdâtres dont le look impensable nous ramène aux films de SF des années 50. C’est ainsi que commence cette nouvelle invasion, dont seule une adolescente équipée d’un caméscope semble être consciente dans un premier temps…
La mauvaise graine
Les protagonistes du film n’étant ni très convaincants, ni particulièrement intéressants, les spectateurs se laissent plutôt attirer par les hideux petits monstres végétaux et grimaçants dont les apparitions sont brèves mais indiscutablement récréatives. Œuvres de l’incontournable John Carl Buechler, ces « glutors » (si l’on en croit le titre français) viennent s’ajouter à la grande galerie des créatures miniatures et hargneuses du « Charles Band Cinematic Universe », aux côtés des Ghoulies, des Subspecies et surtout des Troll avec lesquels ils présentent quelques points communs. L’un s’envole pour se jeter sur ses victimes comme une espèce d’insecte disporportionné, le second avance péniblement sur deux pattes à la manière d’un cul-de-jatte, le troisième roule sur le sol comme les Critters avant de révéler son faciès improbable. Un morphing furtif permet même de montrer la transformation d’un humain en l’un de ces monstres. Sur le papier, Glutors avait tout pour concourir dans la même catégorie que Le Blob ou Tremors, ces films de monstres des années 80/90 ravivant la flamme de ceux des années 50 en y ajoutant une touche de second degré. Mais les faibles moyens dont bénéficie Manoogian l’empêchent de faire des miracles. Glutors passe donc inaperçu et la suite un temps envisagée (écrite par le duo de scénaristes Dave Parker et Jay Woelfel) ne verra jamais le jour.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
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