La franchise lancée au cinéma par Barry Sonnenfeld se décline avec un nouveau réalisateur et un nouveau casting…
MEN IN BLACK: INTERNATIONAL
2019 – USA
Réalisé par F. Gary Gray
Avec Chris Hemsworth, Tessa Thompson, Liam Neeson, Kumail Nanjiani, Rafe Spall, Rebecca Ferguson, Laurent et Larry Bourgeois, Emma Thompson
THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA MEN IN BLACK
Certaines sagas devraient savoir s’interrompre à temps. Bien sûr, cette logique imparable entre en conflit avec la politique des studios qui préfèrent exploiter jusqu’à plus soif les franchises dont ils sont propriétaires, quitte à émousser progressivement l’intérêt des spectateurs. Men in Black aurait pu rester une trilogie, s’achevant sur le troisième épisode réussi que Barry Sonnenfeld réalisa en 2012. Il n’en est rien. Désormais, le concept s’élargit sur d’autres continents. En théorie, pourquoi pas ? Le principe d’autres agences dédiées au traitement des affaires extra-terrestres se tient. Encore aurait-il fallu un élan créatif suffisamment fort pour transformer cette idée en film digne de ce nom, et non en simple produit. Le réalisateur F. Gary Gray n’est pas seul en cause. Signataire de Négociateur, Braquage à l’italienne et Fast and Furious, il avait déjà eu l’occasion de succéder à Sonnenfeld en dirigeant Be Cool, la suite de Get Shorty. Pour Men in Black : International, il envisage un film ironique et très politisé, s’inspirant des débats réels concernant l’immigration sur le territoire américain. Mais le producteur Walter F. Parkes ne l’entend pas de cette oreille. Les conflits permanents entre les deux hommes ne vont cesser de ponctuer la fabrication de ce quatrième Men in Black, au grand dam des acteurs obligés de se réadapter à un scénario en perpétuelle réécriture.
Men in Black : International s’intéresse à la branche londonienne de l’agence des hommes en noir, menée avec autorité par l’agent High T (Liam Neeson). L’un des employés modèles de ce bureau britannique est l’agent H (Chris Hemsworth), qui n’a pas son égal pour régler les problèmes aliens sans se départir de son bagout, de son charme et de son élégance. Alors qu’une nouvelle menace venue d’outre-espace se profile à l’horizon, une jeune femme fascinée par les extra-terrestres depuis son enfance, Molly (Tessa Thompson), s’introduit illicitement chez les Men in Black et se fait immédiatement intercepter. Mais son obsession pour la vie sur d’autres planètes, ses connaissances scientifiques et son absence de vie privée en font une recrue idéale. La voilà donc engagée comme stagiaire sous le nom d’agent M. Bien sûr, notre nouvelle venue va devoir faire équipe avec l’agent H pour affronter un double danger : une intrusion extra-terrestre malveillante et la présence d’une taupe au sein du bureau londonien des Men in Black…
L’épisode de trop ?
Pour assurer le lien avec les trois films précédents, Danny Elfman se trouve une fois de plus en charge de la musique (épaulé par Chris Bacon), Steven Spielberg et Barry Sonennfeld assurent le post de producteurs exécutifs, Emma Thomson reprend son rôle d’agent O et Tim Blaney prête une nouvelle fois sa voix à l’agent canin Frank. Si Will Smith et Tommy Lee Jones brillent par leur absence, un tableau les décrivant en train de lutter contre « Edgar-bug » trône fièrement dans le bureau anglais. A vrai dire, le changement de casting n’est pas le problème principal du film. Liam Neeson campe un patron d’agence très charismatique et le duo Chris Hemsworth/Tessa Thompson (déjà vu dans Thor Ragnarok) fonctionne plutôt bien. Mais les acteurs n’ont pas grand-chose à défendre, à tel point qu’Hemsworth se laisse rapidement aller en roue libre au numéro d’idiot sympathique et charmeur qu’il a rôdé en incarnant Thor pour Marvel. Incapable de trouver le ton juste, Men in Black : International tire tous azimuts : clins d’œil balourds (à Thor, à la trilogie Taken), suspense éventé, tragédie existentielle… Même l’approche visuelle est indécise, à mi-chemin entre l’exubérance dictée par Barry Sonnenfeld et une esthétique plus réaliste empruntée au cinéma d’espionnage. Si l’on ajoute à ce cocktail déjà peu digeste une tendance aux effets spéciaux 100% numériques nous privant des folles créations du génial maquilleur Rick Baker, on comprend aisément que ce quatrième Men in Black est l’épisode de trop. Le public et la critique lui réserveront d’ailleurs un accueil glacial.
© Gilles Penso
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