Le géant hargneux du Fantastique homme colosse est de retour dans cette séquelle débridée, plus destructeur que jamais…
WAR OF THE COLOSSAL BEAST
1958 – USA
Réalisé par Bert I. Gordon
Avec Dean Parkin, Sally Fraser, Roger Pace, Russ Bender, Rico Alaniz, Charles Stewart, George Becwar, Roy Gordon, Robert Hernandez, George Milan
THEMA NAINS ET GÉANTS
Visiblement assez attaché au personnage qu’il avait créé dans Le Fantastique homme colosse, Bert I. Gordon décida de le ressusciter illico dans cette séquelle réalisée l’année suivante, autour d’un scénario très modérément convaincant. En dépit de toute logique, le colonel Manning a donc survécu aux tirs nourris de l’armée. Il se manifeste dans un premier temps par des empreintes géantes, puis par l’intervention d’un jeune Mexicain en état de choc et par la disparition mystérieuse d’un camion. Lorsqu’il paraît enfin, on constate que le comédien Glenn Langan a été remplacé par Dean Parkin, l’interprète de The Cyclops, ce qui tombe assez bien car Carl Taylor lui concocte à nouveau un maquillage qui n’a rien d’un masque de beauté. Brûlé à la fin du film précédent, le colosse a la partie droite du visage dévastée. Du coup, l’un de ses yeux n’est plus qu’une grande orbite vide et la moitié de sa bouche est déchiquetée, affichant de vilaines dents. Ce qui n’altère guère sa diction, puisqu’ici le colosse se contente de pousser des grondements sourds (le seul mot qu’il s’avère capable de prononcer est le prénom de sa sœur, Joyce).
Outre son impact visuel intéressant – compensant son manque de subtilité – ce maquillage excessif permet aux spectateurs d’accepter plus facilement le changement d’acteur entre les deux films. Les trucages qui font interagir le colosse avec les humains et les décors réels, à base de doubles expositions et de caches fixes ou mobiles, sont plutôt astucieux, malgré quelques différences de contraste et quelques liserés indésirables les trahissant parfois. Mais Gordon a le mérite de continuer à superviser lui-même tous les effets visuels, preuve qu’il reste un parfait « couteau suisse ». Après avoir été endormi par du pain garni de somnifère, Manning passe une grande partie du film ligoté dans un hangar, à se souvenir de larges extraits du Fantastique homme colosse. Cette astuce est le moyen idéal de gagner quelques minutes de métrage à bas prix, à la grande joie du coproducteur Samuel Z. Arkoff qui tient les cordons de la bourse. Le film ne dure pourtant que 69 minutes.
Un final survolté
Les choses se gâtent lorsqu’il est question d’exiler Manning sur une île déserte. Le géant ne l’entend pas de cette oreille et s’échappe, ébloui par les projecteurs de l’armée, puis soulève dans les airs un car scolaire qu’il menace de saccager (autrement dit une jolie maquette de quarante centimètres de long). Sa minuscule sœur l’en dissuade, et Manning, pris de remords, finit par se suicider en s’électrocutant sur un pylône électrique, au cours d’un final très abrupt (tourné en couleur, alors que le reste du métrage est en noir et blanc) clôturant un diptyque cinématographique pour le moins surprenant. A part le passage à vide central, l’intrigue du Retour de l’homme colosse reste efficacement rythmée, suffisamment concise pour évacuer tout sentiment d’ennui et régulièrement ponctuée de scènes spectaculaires mettant en vedette le monstre. Étant données les ambitions simples d’un tel film, nous n’en demandons pas plus. Le Retour de l’homme colosse fut distribué par American International Pictures en double-programme avec La Révolte des poupées, un autre divertissement délirant signé Bert I. Gordon.
© Gilles Penso
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