ARTHUR MALÉDICTION (2022)

Un film d’horreur situé dans le prolongement d’Arthur et les Minimoys ? Une drôle d’idée concoctée par Luc Besson…

ARTHUR MALÉDICTION

 

2022 – FRANCE

 

Réalisé par Barthélémy Grossmann

 

Avec Mathieu Berger, Thalia Besson, Lola Andreoni, Yann Mendy, Jade Pedri, Vadim Agid, Marceau Ebersolt, Mikaël Halimi

 

THEMA CONTES I SAGA ARTHUR ET LES MINIMOYS

Le concept d’Arthur Malédiction peut sembler totalement excentrique. Il est pourtant né d’une réflexion à la logique supposément imparable. Puisque les enfants qui ont aimé la trilogie d’Arthur et les Minimoys sont devenus de jeunes adultes, ils s’intéressent maintenant aux films d’horreur. Dans ce cas, pourquoi ne pas concocter un long-métrage déclinant sous le mode effrayant la mythologie des petites créatures mises en scène par Luc Besson ? Sur le papier, l’idée pouvait se défendre. En pratique, c’est une toute autre histoire. Le problème majeur réside dans le fait que les Minimoys ne sont pas entrés dans la culture populaire et n’ont rien d’un objet de culte, malgré leur relatif succès à l’époque. Capitaliser là-dessus était donc d’emblée une idée douteuse. Par conséquent, mettre en scène un groupe d’étudiants qui vouent un culte fanatique aux Minimoys au point de tapisser leurs murs avec les posters des films, de collectionner les peluches de toutes les créatures, de se costumer comme les personnages et de revoir inlassablement la trilogie en DVD est totalement irréaliste, pour ne pas dire présomptueux. C’est pourtant le point de départ d’Arthur Malédiction, qui démarre donc d’emblée avec un sacré handicap.

Les huit héros du film sont un groupe d’amis de 18 ans qui connaissent Arthur sur le bout des doigts. Pour fêter l’anniversaire d’Alex (Mathieu Berger), le plus fan de tous (sa chambre ressemble à celle d’un gamin de huit ans), ses copains ont déniché un cadeau imparable : ils ont retrouvé la maison dans laquelle s’est déroulé le tournage de la trilogie de Luc Besson ! Quelle joie immense ! C’est donc à une véritable quête du Graal que se vouent les huit compagnons, partis avec deux voitures, des tentes, des sacs de couchage et des provisions pour arpenter les routes de campagne de la France profonde. Le sympathique week-end amical (et plus si affinités) qui se prépare va hélas prendre une tournure cauchemardesque… Mis en scène par Barthélémy Grossmann (réalisateur du long-métrage 13m2 et de la série d’animation Lascars), les jeunes comédiens (tous des inconnus, parmi lesquels on découvre Thalia Besson, l’une des filles de Luc) font ce qu’ils peuvent et ne s’en sortent pas si mal, malgré les dialogues ineptes et les comportements balourds dont ils sont affublés. Mais la facture très approximative du film et ses effets de style agaçants (jump cuts maniérés, accélérés/ralentis et autres cache-misère saugrenus) sont une épreuve pour les spectateurs les plus indulgents. Le pire reste pourtant à venir…

Le service Minimoy

Plus le film avance, plus il devient évident que le scénario patine à l’aveuglette (il ne se passe strictement rien pendant 50 bonnes minutes). Grossmann a beau faire des coups de zoom accompagnés de coups de violons intempestifs sur une paire de chaussure suspendue dans une cabane, filmer en très gros plan la dentition amochée d’un autochtone patibulaire ou demander à tous les personnages de jouer à se faire peur dans l’espoir de faire sursauter les spectateurs, rien n’y fait : on comprend assez vite qu’Arthur Malédiction ne va nulle part et ne sait que faire de son concept absurde. Les choses s’accélèrent un peu en dernière partie de métrage (ça crie, ça saigne, ça s’agite, ça tombe dans des trous), mais c’est pour s’acheminer vers l’une des résolutions les plus niaises de l’histoire du cinéma. Arthur Malédiction était donc clairement une fausse bonne idée (ou tout simplement une mauvaise idée), le film ayant en outre été tourné en dépit du bon sens, dans les conditions d’un projet d’étude sollicitant une main d’œuvre quasiment bénévole (les élèves de l’école de cinéma fondée par Luc Besson). L’existence de ce long-métrage improbable n’a été révélée publiquement qu’en mars 2022, soit trois mois avant sa sortie dans les salles françaises. L’accueil du public fut indifférent, pour ne pas dire glacial. Pauvres Minimoys, méritaient-ils un tel sort ?

 

© Gilles Penso


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