Dans le désert du Far West, des cowboys et des Indiens luttent contre une menace carnassière venue des entrailles de la terre…
THE BURROWERS
2008 – USA
Réalisé par J.T. Petty
Avec William Mapother, Karl Geary, Doug Hutchison, Sean Patrick Thomas, Laura Leighton, Clancy Brown
THEMA MUTATIONS
Le mariage du western et du fantastique a toujours été une idée séduisante, mais à l’exception de quelques cas isolés comme La Vallée de Gwangi, la série Les Mystères de l’Ouest, Timerider ou Retour vers le futur 3, on ne peut pas dire que ce cocktail ait souvent porté ses fruits de manière concluante. Peut-être les deux genres sont-ils trop codifiés pour pouvoir se mixer sans heurt. Toujours est-il que The Burrowers, nouvelle tentative de frissons au pays du Far West, se casse un peu les dents. Pourtant, tout laissait augurer un spectacle de qualité : une image 35 mm au généreux format Cinémascope, des extérieurs naturels captés dans les vastes étendues du Nouveau Mexique, une partition pleine d’allant signée par le trop rare Joseph LoDuca (compositeur de la trilogie Evil Dead), une poignée d’acteurs débordant de charisme (notamment Clancy Brown, l’immortel Kurgan d’Highlander). Bref, les ingrédients étaient là.
L’intrigue prend place en 1879, dans une région déserte et dénudée des Badlands. Après la disparition mystérieuse d’une famille, une expédition constituée de militaires et de fermiers se lance à la recherche des kidnappeurs, qu’ils soupçonnent d’être une tribu indienne sévissant aux alentours. Mais plus la petite troupe avance, plus il devient clair que la menace n’a rien d’humain. Une Indienne qui vient de perdre son mari leur apprend alors la légende des « enfouisseurs », des créatures qui vivaient sous terre, paralysaient les bisons avec leur venin, les enterraient vivants puis les dévoraient. Sauf qu’il ne s’agit pas d’une légende. Et comme l’homme a massacré les bisons, il est lui-même devenu la proie idéale de ces monstres carnassiers. On le voit, le potentiel d’un excellent film d’horreur au pays des cow-boys était bel et bien là. Les monstres eux-mêmes, sortes de sauterelles humanoïdes au visage proche des mutants de Doom, sont tout à fait réussis. Mais le scénario a du mal à les exploiter pleinement, et la mise en scène de J.T. Petty peine à les mettre en valeur.
Queue de poisson
Hésitant sans cesse entre l’épouvante sérieuse et suggérée (les méfaits anthropophages des créatures sont plus évoqués que montrés, la découverte des victimes enterrées fait froid dans le dos) et l’horreur excessive voire quasi-burlesque (le héros qui, en essayant d’échapper aux « enfouisseurs », se coince dans un piège à loup puis plonge accidentellement sa main dans les entrailles d’un cadavre éviscéré), The Burrowers a du mal à trouver le ton juste. De nombreuses séquences prometteuses y perdent du coup une grande partie de leur impact. Comme lorsque les protagonistes, paniqués en constatant que quelque chose « gratte » à l’intérieur de la bottine d’une enterrée vive, découvrent que l’origine de ce bruit stressant provient… des orteils de la victime ! Difficile de prendre le film au sérieux dans de telles conditions. Le rythme général lui-même s’avère défaillant, cette sensation étant amplifiée par l’aspect répétitif des péripéties : les protagonistes n’en finissent pas d’arpenter à dos de cheval les vastes plaines sauvages, et les 95 minutes du métrage semblent presque en durer le double. Sans compter cette fin en queue de poisson… ou plutôt de « petit poisson », comme dirait l’un des Indiens du film qui parle français avec un accent tout à fait improbable.
© Gilles Penso
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