Klaus Kinski organise un kidnapping qui tourne mal lorsqu’un serpent extrêmement venimeux s'en mêle…
VENOM
1981 – GB
Réalisé par Piers Haggard
Avec Klaus Kinski, Oliver Reed, Nicol Williamson, Sarah Miles, Sterling Hayden, Cornelia Sharpe, Lance Holcomb, Susan George, Michael Gough
THEMA REPTILES ET VOLATILES
À peine sorti du tournage de Massacres dans le train fantôme, Tobe Hooper est embauché pour réaliser Venin, un cocktail étrange mixant les codes du thriller avec ceux du film d’horreur, le tout dominé par un casting de premier ordre. Le scénario de Robert Carrington (Seule dans la nuit) adapte un roman anxiogène d’Alan Scholefield et les choses semblent bien engagées. Mais bientôt l’ambiance dégénère sur le plateau de tournage, les acteurs n’en font qu’à leur tête, Hooper peine à maintenir la cohésion nécessaire au sein de l’équipe et les producteurs se montrent mécontents de son travail. L’auteur de Massacre à la tronçonneuse est finalement remercié au bout d’une dizaine de jours de tournage, la production invoquant les fameux « différends artistiques » pour justifier ce départ. Le poste vacant est proposé à Piers Haggard, un réalisateur britannique à qui nous devons de nombreux épisodes de séries TV ainsi que plusieurs films de genre tels que La Nuit des maléfices, Quatermass Conclusion ou Le Complot diabolique du Dr Fu Manchu. « Je l’ai remplacé au pied levé », raconte Haggard. « Tobe Hooper avait commencé le film mais visiblement ça ne marchait pas. J’ai vu certains de ses rushes et ils n’étaient effectivement pas très bons. D’autre part, il a fait une sorte de dépression nerveuse. Bref, ils ont arrêté le tournage et me l’ont proposé. Mais j’avais d’autres engagements, notamment des publicités à tourner. Finalement j’ai pris les choses en marche, avec à peine dix jours de préparation, et ça se voit. » (1)
Venin raconte l’histoire d’un criminel international, Jacques Müller (Klaus Kinski), qui prévoit de faire chanter la riche Ruth Hopkins (Cornelia Sharpe). Pour y parvenir, il fait passer sa petite amie Louise (Susan George) pour une femme de chambre et soudoie le chauffeur Dave (Oliver Reed). Tous deux ont pour mission de kidnapper Philip (Lance Holcomb), le fils asthmatique des Hopkins, afin de réclamer une rançon. Or le petit garçon vient de ramener chez lui un serpent domestique provenant d’un importateur local, sans savoir que son nouvel animal de compagnie a été accidentellement échangé contre un Black Mamba mortel destiné à un laboratoire de toxicologie. Alors que les gangsters pénètrent dans la résidence londonienne des Hopkins et que la police, alertée, encercle les lieux, le mamba en liberté se faufile dans le système de ventilation, prêt à planter ses crocs dans la chair de tous ceux qu’il croisera…
La bête tapie dans les recoins…
Pour Piers Haggard, la réalisation de Venin est un véritable cauchemar. Non content de devoir travailler dans l’urgence sans préparation digne de ce nom, il se frotte au caractère impossible de ses deux acteurs masculins principaux dont le comportement devient rapidement ingérable – et qui permet sans doute de mieux comprendre le désarroi de Tobe Hooper. Klaus Kinski et Oliver Reed se détestent en effet cordialement pendant le tournage, se provoquant sans cesse, s’échauffant sans retenue et créant une atmosphère extrêmement pénible pour l’ensemble de l’équipe. Haggard gardera un très mauvais souvenir de cette période, déclarant finalement que l’acteur le plus agréable de ce film était le mamba noir ! La réussite de Venin n’en est que plus remarquable. Face à la caméra, Kinski campe en effet un parfait criminel endurci et imperturbable et Reed un excellent chauffeur pleutre et rustre. À leurs côtés, Sterling Hayden prête son charisme au personnage du policier bourru qui garde la tête froide. Le concept malin du film s’appuie sur des séquences de suspense redoutablement efficaces. La huis-clos oppressant et la présence de la bête visqueuse tapie dans les recoins s’assortissent de multiples rebondissements, aux accents efficaces d’une musique de Michael Kamen alors en tout début de carrière. On en vient même à se demander si les tensions en coulisse n’ont pas profité au climat stressant du film.
(1) Interview de Piers Haggard dans le magazine « Fangoria » en 2003
© Gilles Penso
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