Une féerie disneyenne mouvementée dominée par la présence charismatique d’Angela Lansbury et David Tomlinson…
BEDKNOBS AND BROOMSTICKS
1971 – USA
Réalisé par Robert Stevenson
Avec Angela Lansbury, David Tomlinson, Roddy McDowall, Sam Jaffe, John Ericson, Bruce Forsyth
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
La genèse de L’Apprentie sorcière remonte à 1945, année où le studio Disney fait l’acquisition des droits d’adaptation du livre pour enfants « The Magic Bedknob » écrit par Mary Norton. Le projet stagne, laissant à la romancière le temps d’en écrire une suite, « Bonfires and Broomsticks », puis de combiner les deux volumes en un seul sous le titre « Bedknobs and Broomsticks ». Nous sommes alors en 1957 et Disney commence à envisager sérieusement l’adaptation du texte à l’écran. Mais les difficultés techniques s’annoncent difficile à surmonter. Au début des années 60, le film n’est toujours pas entré en production et le studio préfère s’attaquer d’abord à Mary Poppins qui sortira en 1964. L’étape suivante sera enfin L’Apprentie sorcière, qui réunira notamment le même réalisateur (Robert Stevenson) les mêmes compositeurs (Robert et Richard Sherman) et le même irrésistible David Tomlinson. Julie Andrews est d’ailleurs sollicitée pour participer aussi à l’aventure, délaissant la tenue de Mary Poppins pour celle de la sorcière Eglantine Price. Mais l’actrice préfère passer son tour. Lorsqu’elle se ravise, consciente qu’elle doit sa popularité à Walt Disney, il est trop tard : le rôle a été attribué à Angela Lansbury. Aussi étrange que ça puisse paraître, le scénario du film – et donc l’intrigue des romans – s’inspire de personnages réels, en l’occurrence un groupe d’occultistes ayant pratiqué des séances de magie pour lutter à leur manière contre l’envahisseur allemand pendant la seconde guerre mondiale.
Nous sommes en août 1940, pendant la bataille d’Angleterre. Charlie, Carrie et Paul Rawlins, trois orphelins, sont évacués loin des bombardements près d’une ville côtière où ils sont confiés à Mademoiselle Eglantine Price. Réticente, cette dernière les accueille de mauvaise grâce. Il faut dire que la brave femme concentre tous ses efforts sur l’apprentissage par correspondance de la sorcellerie dans l’espoir de trouver une formule magique qui sauverait l’Angleterre de l’invasion allemande. Lorsque les enfants découvrent le secret de Mademoiselle Price, ils deviennent ses complices et se retrouvent embarqués dans une folle aventure parsemée de sorts magiques plus ou moins réussis, d’armures médiévales animées, de lits volants, de vieux grimoires de sorcellerie et d’animaux cartoonesques (qui semblent échappés en partie du Livre de la jungle) amateurs de matchs de football…
La magie dans la tourmente
Le tournage de L’Apprentie sorcière n’est pas toujours une partie de plaisir pour les comédiens, notamment pour Angela Lansbury qui apprécie très peu le fait d’être contrainte par un storyboard extrêmement précis, un tournage majoritairement sur fond d’incrustation et des effets spéciaux omniprésents. De fait, la mise en scène de Robert Stevenson accuse une certaine rigidité dictée par les limitations technologiques de l’époque. Mais le jeu en vaut la chandelle. Les innombrables manifestations surnaturelles qui ponctuent le film le dotent d’un charme fou, avec comme point culminant un match de foot hilarant mené à un train d’enfer sur une île où les comédiens réels se mesurent à des animaux en dessin animé (un tour de force dirigé par Ward Kimball, vétéran des productions Disney depuis le milieu des années trente). Le cadre de la seconde guerre mondiale apporte au film une touche insolite supplémentaire, jetant un pont surprenant entre le conte de fées débridé et un contexte historique réel et réaliste. Le premier montage du film, d’une durée initiale de 141 minutes, est allégé de 23 minutes avant sa sortie en salles, ce qui nécessite la suppression d’une sous-intrigue mettant en scène Roddy McDowall et de trois séquences musicales. Madeleine de Proust pour de nombreux enfants devenus adultes, L’Apprentie sorcière occupe toujours une place particulière chez une grande majorité de spectateurs n’ayant pas oublié leurs émois et leurs rires face aux tours de magie malicieux d’Angela Lansbury.
© Gilles Penso
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