DR. GOLDFOOT AND THE BIKINI MACHINE (1965)

Vincent Price incarne un savant fou qui fabrique une armada de femmes robots conçues pour séduire et ruiner des hommes riches…

DR. GOLDFOOT AND THE BIKINI MACHINE

 

1965 – USA

 

Réalisé par Norman Taurog

 

Avec Vincent Price, Frankie Avalon, Dwayne Hickman, Susan Hart, Jack Mullaney, Fred Clark, Alberta Nelson, Milton Frome, Hal Riddle, Patti Chandler

 

THEMA ROBOTS I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

C’est James H. Nicholson, président de la compagnie de production American International Pictures (AIP pour les intimes), qui développe l’idée de Dr Goldfoot and the Bikini Machine, motivé par deux envies complémentaires : mettre en valeur les talents variés de la comédienne sous contrat Susan Hart (Les Dompteurs du Pacifique, War-Gods of the Deep) et pasticher la saga James Bond alors au sommet de sa vogue (Goldfinger vient à l’époque de sortir sur les écrans). La réalisation est confiée à Norman Taurog, un vétéran de la comédie américaine qui œuvre depuis le temps du cinéma muet et qui dirigea entre autres Dean Martin, Jerry Lewis et Elvis Presley. Pour tenir le rôle masculin principal du film, James Nicholson ne va pas chercher bien loin : Vincent Price, héros des adaptations d’Edgar Poe réalisées par Roger Corman pour AIP, fera l’affaire. Ce dernier s’embarque avec joie dans l’aventure, enthousiaste à l’idée de sortir du registre mélancolique des « Histoires extraordinaires » pour s’exprimer dans le domaine de l’humour et du burlesque. Sur ce point, cependant, il connaîtra une déception de taille. Dr Goldfoot est en effet conçu au départ comme une comédie musicale et Price enregistre même un numéro élaboré où il chante les vertus de sa « machine à bikini ». Mais Sam Arkoff, partenaire de James Nicholson, n’aime pas la scène et demande à la couper. L’aspect musical du film est donc évacué au profit d’une comédie plus « classique ». Vincent Price en sera profondément frustré.

Le héros taciturne de La Chute de la maison Usher et de L’Homme au masque de cire incarne ici un savant fou dont le nom (pastiche évident de celui de Goldfinger) est justifié par la ridicule paire de chaussons dorés à grelots qu’il porte aux pieds. Avec l’aide de son assistant idiot Igor (Jack Mullaney), dont nous apprenons qu’il a été ressuscité, Goldfoot a conçu une machine capable de fabriquer en série de très jolis robots féminins en bikini doré (joués principalement par des playmates habituées aux photos de charmes). Ces androïdes sexy sont chargés de séduire des hommes riches pour ensuite voler leur fortune. Ce plan machiavélique s’enraye lorsque l’un des robots, Diane alias n°11 (Susan Hart), fait tourner la tête de deux hommes : Craig Gamble (Frankie Avalon), un agent secret médiocre dont le matricule est double zéro et demi, et Todd Armstrong (Dwayne Hickman), un businessman fortuné qu’elle épouse pour pouvoir le dépouiller. En découvrant que la belle est un robot, tous deux mènent l’enquête pour tenter des déjouer les stratagèmes de Goldfoot.

L’homme aux pieds d’or

Avec un budget dépassant le million de dollars, Dr Goldfoot and the Bikini Machine est le film le plus coûteux jamais produit par AIP. Pour autant, les moyens restent faibles au regard de ses grandes ambitions. Le système D opère donc, comme souvent dans les productions Arkoff/Nicholson. Plusieurs scènes réutilisent par exemple des décors édifiés pour La Chambre des tortures (le souterrain gothique, la salle des instruments de torture, le pendule). Certains panoramas larges sont même directement « empruntés » au film de Roger Corman. Dans le même ordre d’idée, quelques plans de maquettes de bateaux militaires qui lancent des missiles proviennent de Mothra contre Godzilla (dont AIP fut le distributeur américain). Susan Hart est l’atout majeur du film, son charme indiscutable s’accompagnant d’un sens du timing comique très appréciable. Face à elle, le duo Frankie Avalon / Dwayne Hickman surjoue sans finesse, tandis que Vincent Price et Jack Mullaney cabotinent plus que de raison. Malgré quelques gags visuels réussis hérités du cartoon (le lait qui jaillit du corps de Diane quand elle boit après avoir été criblée de coups de feu) et une poursuite finale bourrée de cascades burlesques dans les rues de San Francisco, l’humour du film est globalement poussif, à base de grimaces et de pantalonnades souvent embarrassantes. Si Dr Goldfoot ne connaît qu’un succès modéré au box-office, il génère assez vite un certain culte (sans doute grâce à l’équation Vincent Price + filles sexy + science-fiction) et sera doté d’une suite en 1966, sortie chez nous sous le titre L’Espion qui venait du surgelé.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article