Dans ce délirant crossover des monstres du studio Universal, Frankenstein, Dracula et le loup-garou se partagent la vedette…
HOUSE OF FRANKENSTEIN
1944 – USA
Réalisé par Erle C. Kenton
Avec Boris Karloff, Lon Chaney Jr, John Carradine, Glenn Strange, Anne Gwynne, J. Carrol Naish, Elena Verdugo
THEMA FRANKENSTEIN I DRACULA I LOUPS-GAROUS I SAGA UNIVERSAL MONSTERS
Conçue dans la foulée de Frankenstein rencontre le loup-garou, cette œuvre chorale prend les allures d’un film à sketches dont le fil conducteur est assuré par la présence du docteur Niemann, disciple du baron Frankenstein (incarné par Boris Karloff en personne), et de son assistant bossu Daniel (J. Carrol Naish). Après quinze ans de réclusion à Neustadt, les deux hommes s’évadent avec des projets plein la tête. Niemann a en effet promis à Daniel de transférer son cerveau dans un corps sain. Pendant leur cavale, ils rencontrent le forain Lampini (George Zucco) qui leur montre sa « Chambre des Horreurs » où repose le squelette de Dracula, un pieu planté dans le corps. La première partie du film est ainsi consacrée au célèbre vampire, interprété par John Carradine qui fut pressenti dans le rôle du monstre de Frankenstein en 1931. N’y allant pas par quatre chemins, Daniel tue le forain dont l’identité est dès lors usurpée par Niemann. Ayant ressuscité Dracula en ôtant le pieu fiché dans ses ossements, il lui propose de lui fournir un abri si le vampire l’aide à se venger de ceux qui l’ont condamné. Dracula se transforme dès lors en chauve-souris (via un trucage simple mais charmant signé John P. Fulton employant tour à tour un dessin animé puis une marionnette), mais finit par se désintégrer, surpris par le soleil à l’issue d’une spectaculaire poursuite en carriole.
Voilà pour le premier acte. Niemann débarque ensuite dans le village de Frankenstein. Dans les souterrains du château du savant, il découvre les corps de la créature et du loup-garou Larry Talbot, emprisonnés tous deux dans un bloc de glace. Ayant récupéré les notes de Frankenstein, il ramène les monstres à son laboratoire de Visaria. Son intention, peu louable, est de transférer les cerveaux de ses ennemis dans le corps de la créature et du loup-garou. La seconde partie du film est consacrée à Talbot (toujours joué par Lon Chaney Jr), qui remet la main sur le livre « Experience of Life and Death by Henry Frankenstein ». Au cours d’une astucieuse scène de transformation, la caméra rampe au sol et montre des empreintes de pas d’abord humaines puis de plus en plus bestiales. Une jolie Bohémienne tombée amoureuse de lui (Anne Gwynne) finira par le tuer d’une balle en argent avant de mourir à ses côtés, au cours d’une séquence étonnamment émouvante qui inspirera de nombreux films de l’acteur/scénariste espagnol Paul Naschy.
La foire aux monstres
Le Monstre de Frankenstein, quant à lui, est interprété par un acteur/cascadeur nommé Glenn Strange, Bela Lugosi n’ayant pas fait très bonne impression sous le maquillage de Jack Pierce dans Frankenstein rencontre le loup-garou. L’imposante créature ne se réveille qu’à cinq minutes de la fin pour défenestrer Daniel, se faire attaquer par les villageois et périr enlisé avec Niemann dans le marais voisin, au cours d’un final pour le moins précipité. Strange s’avère assez impressionnant sous la défroque du monstre, d’autant qu’il eut le privilège d’être conseillé pendant le tournage par Boris Karloff en personne. Dommage que son intervention soit aussi brève, malgré un titre qui laissait imaginer une présence plus importante. On pourra également regretter que la structure du film ne permette guère de confrontations entre les créatures, parmi lesquelles le prince Kharis de La Momie faillit également faire une apparition si le budget l’avait permis. Mais le réalisateur Erle C. Kenton, auteur de l’excellent L’Île du docteur Moreau, comblera cette lacune dans le non moins mouvementé La Maison de Dracula.
© Gilles Penso
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