Les dinosaures de Roger Corman reviennent surfer sur le succès de Jurassic Park dans une suite sous haute influence d’Aliens…
CARNOSAUR 2
1995 – USA
Réalisé par Louis Morneau
Avec John Savage, Cliff de Young, Don Stroud, Rick Dean, Ryan Thomas Johnson, Arabella Holzblog, Miguel A. Nuñez Jr., Neith Hunter, Guy Boyd
THEMA DINOSAURES I SAGA CARNOSAUR
Avant même que le premier Carnosaur ne soit terminé, le producteur Roger Corman envisage déjà d’en faire une suite, anticipant sur la « dino-mania » que va inévitablement provoquer la sortie de Jurassic Park. Un scénario est donc commandé à Michael Palmer qui s’acquitte du premier jet en trois semaines. L’histoire est basique et aurait nécessité de toute évidence d’être affinée, mais Corman n’est pas trop regardant : il faut aller vite, tant pis pour les petits détails. La réalisation est confiée à Louis Morneau, qui était déjà pressenti pour le premier film mais avait dû y renoncer à cause d’un conflit de calendrier. Le voilà donc à la barre de Carnosaur 2, ce qui aurait pu être une bonne nouvelle. Morneau est tout de même le réalisateur de séries B réjouissantes telles que Rétroaction, Fausse donne ou La Nuit des chauves-souris. Mais ce second Carnosaur semble faire office de galop d’essai pour le cinéaste (c’est son quatrième film) et bien malin sera celui qui pourra y déceler son style, son énergie et son talent. Il faut dire que le scénario anémique, le casting fadasse et les conditions de ce tournage marathon (une dizaine de jours pour boucler la majorité des séquences dans une centrale électrique en Californie) ne lui facilitent pas la tâche.
Carnosaur 2 raconte l’histoire d’un groupe de techniciens qui sont sollicités d’urgence pour enquêter sur un problème d’alimentation et de communication sur une installation minière de Yucca Mountain. Cette petite équipe caricaturale aux allures de mercenaires post-Rambo ne recule devant aucun cliché. Ainsi écoutent-ils au volume maximum « La Chevauchée des Valkyries » lorsqu’ils survolent le site en hélicoptère ! Arrivés sur place, ils découvrent un spectacle de désolation. Tout est sens dessus dessous, les murs sont éclaboussés de sang et un gamin traumatisé semble être le seul survivant du massacre. Le commanditaire de l’expédition, qui n’a que le mot « top secret » à la bouche, est bien obligé de leur avouer la véritable nature des lieux : un centre de recherche et d’élevage de dinosaures ressuscités génétiquement. Bientôt, comme on pouvait s’y attendre, les bébêtes clonées décident de passer à l’attaque…
Alienosaurus
Frustrant, Carnosaur 2 prend tout son temps avant de daigner laisser entrer ses dinosaures dans le champ. Il nous faut d’abord nous contenter d’acteurs très modérément crédibles qui hurlent face à la caméra tandis que des objets voltigent en tous sens. Une patte griffue apparaît enfin de manière furtive au bout d’une demi-heure. Jurassic Park étant sorti entre-temps, le créateur d’effets spéciaux John Buechler doit revoir le look de ses deinonychus pour les faire ressembler aux vélociraptors du film de Steven Spielberg. La technique la plus communément employée (un homme dans un costume de dinosaure) s’avère plutôt efficace, en grande partie grâce au montage nerveux adopté par Louis Morneau. Mais les créatures restent très discrètes au fil du métrage, la majorité des séquences consistant à montrer les acteurs qui arpentent les couloirs, discutent et appuient sur des boutons. Un peu de gore nous secoue ponctuellement de notre torpeur, via des gros plans s’attardant sur les victimes dévorées à belles dents par les sauriens. Avec ce commando dépêché d’urgence, ce site à l’abandon, ces monstres tapis dans l’ombre qui attaquent tout ce qui bouge, ce complexe militaro-industriel aux motivations troubles ou encore cet enfant en état de choc qui a survécu par miracle, il n’est pas difficile de comprendre quelle est l’influence principale du film : Aliens, bien sûr. Le final imite d’ailleurs le climax du film de James Cameron, déjà gentiment pillé dans le premier Carnosaur. Un grand tyrannosaure intervient donc à la toute fin, comme jadis la reine des aliens, se frottant à un engin de chantier pour un ultime duel qui sent forcément le déjà-vu.
© Gilles Penso
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