LES HORREURS DE FRANKENSTEIN (1970)

En marge de la série "officielle" avec Peter Cushing, le studio Hammer produisait cette variante impertinente avec le futur Dark Vador dans la peau du monstre

HORROR OF FRANKENSTEIN

1970 – GB

Réalisé par Jimmy Sangster

Avec Ralph Bates, David Prowse, Veronica Carlson, Kate O’Mara, Dennis Price, John Finch, Graham James

THEMA FRANKENSTEIN

Avant de donner une suite officielle au Retour de Frankenstein, la Hammer s’est offert une parenthèse satirique avec Les Horreurs de Frankenstein, produit, écrit et réalisé par le très inventif Jimmy Sangster. Cette variante se propose de reprendre le récit de Mary Shelley depuis le début, mais avec beaucoup de liberté et sous un angle favorisant grandement l’humour noir. La Suisse prend ici les allures d’une Angleterre très puritaine et le Frankenstein sévère incarné par Peter Cushing cède le pas à un étudiant insolent mais brillant interprété par l’excellent Ralph Bates. Le film en profite pour illustrer avec délectation un conflit des générations alors très à la mode. Car ce jeune Frankenstein n’hésite pas à ridiculiser un professeur hypocondriaque devant ses camarades étudiants, ou à provoquer la mort de son père dans un accident de chasse en trafiquant son fusil. A un notable furieux dont il a engrossé la fille, il se contente de répondre « félicitations » !

En reprenant possession du château familial, il poursuit même les habitudes de son défunt père qui consistaient à coucher avec la gironde gouvernante Alice (Kate O’Mara) ! Mais au-delà de ses défis à l’autorité et de ses courses de jupons, Frankenstein se consacre principalement à la science. Il parvient ainsi à ranimer le bras d’un cadavre qu’il a subtilisé à l’école de médecine, et installe bientôt un laboratoire complet dans le grenier, avec l’aide de son ami Wilhelm (Graham James). Après être parvenu à tuer puis ranimer une tortue, il décide de tenter l’expérience avec un être humain et se procure de nombreux cadavres à cet effet. Inquiet de la tournure que prennent les choses, Wilhelm somme son ami d’arrêter, sous peine de le dénoncer aux autorités. Frankenstein, qui a depuis longtemps laissé ses scrupules au vestiaire, l’électrocute et en profite pour récupérer sur son corps quelques pièces détachées supplémentaires. Il ne manque plus qu’un cerveau à ce puzzle anatomique.

Une brute aux instincts meurtriers

Notre savant jette son dévolu sur celui d’un éminent professeur, qui n’est autre que  le père de son amie d’enfance Elizabeth (Veronica Carlson, dont la blonde beauté rayonnait déjà dans Dracula et les femmes et Le Retour de Frankenstein). Victor empoisonne sans vergogne le pauvre homme, mais le cerveau s’abîme dans le transport, et lorsque la créature s’anime enfin, elle est animée de pulsions criminelles. David Prowse, futur Dark Vador et déjà titulaire du rôle du monstre de Frankenstein dans une toute petite apparition karlofienne à la fin de Casino Royale, prête sa silhouette de bodybuilder à cette créature fort impressionnante. Découvrant avec désarroi que l’œuvre de sa vie n’est qu’une brute aux instincts meurtriers, Frankenstein se résoud à l’employer pour éliminer tous les témoins gênants. Plus drôle, plus sanglant, plus impertinent et plus subversif que les autres films « officiels » de la série, Les Horreurs de Frankenstein ne remporta pourtant pas le succès escompté, et la Hammer revint aux bonnes vieilles recettes (et à Peter Cushing) pour clore définitivement la franchise en 1973.  


© Gilles Penso

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