Après deux superproductions n'ayant guère rencontré leur public, John Carpenter revient à l'essence de ses œuvres premières et aux terreurs indicibles qu'il affectionne tant
PRINCE OF DARKNESS
1987 – USA
Réalisé par John Carpenter
Avec Donald Pleasence, Jameson Parker, Victor Wong, Lisa Blount, Dennis Dun, Alice Cooper, Susan Blanchard, Anne Marie Howard
THEMA DIABLE ET DEMONS I INSECTES ET INVERTEBRES I SAGA JOHN CARPENTER
Les deux précédents films de John Carpenter, Starman et Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, ayant été de gros flops au box-office malgré leurs moyens conséquents, le metteur en scène décida d’enchaîner avec une œuvre plus brute, en huis-clos, centrée sur un concept simple, avec un budget réduit et des comédiens qui lui sont familiers. Autant dire donc que ce Prince des ténèbres est probablement l’une de ses œuvres les plus personnelles. Comme il l’avait fait avec Assaut, quasi-remake officieux de Rio Bravo qui en reprenait certaines thématiques et plusieurs situations, Carpenter réalise là une variation autour du film Les Monstres de l’espace de Roy Ward Baker, dans lequel le professeur Quatermass mettait à jour dans le métro londonien un engin antédiluvien abritant une entité maléfique. Et pour bien marquer ses influences, il signe son scénario sous le nom de Bernard Quatermass. Un scénario étrange et envoûtant, mixant en un audacieux cocktail la science, la religion et la métaphysique.
Transfuge de La Nuit des masques et New York 1997, Donald Pleasence revêt ici la soutane d’un prêtre, découvrant après la mort d’un de ses collègues l’existence d’un ordre secret de l’église catholique, la « confrérie du sommeil ». Dans le sous-sol d’une ancienne chapelle bâtie dans un quartier défavorisé de San Francisco, il tombe sur un étrange container empli d’un liquide vert en perpétuel mouvement. Perplexe et inquiet, l’homme d’église demande au professeur de physique Howard Birac (Victor Wong, sorcier dans Les Aventures de Jack Burton) et à ses étudiants de venir étudier le phénomène, en compagnie d’une petite équipe de scientifiques. Les premières constatations sont des plus troublantes : la datation au carbone 14 révèle que le cylindre est vieux de sept millions d’années, son mécanisme semble être conçu pour n’être ouvert que de l’intérieur, et les inscriptions latines qui l’entourent sont des étranges équations mathématiques. Autour de l’église, les phénomènes curieux se multiplient. Les sans-abris se massent comme une menaçante armée de morts-vivants, et les insectes grouillent plus que de raison.
Le Diable en boîte
Bientôt, le liquide vert s’échappe et entre en possession d’une scientifique, qui contamine peu à peu tous les autres… Car le container abrite rien moins que le Diable, prisonnier d’un monde parallèle et bien décidé venir régner sur le nôtre. Du coup, la dernière partie du film, où les protagonistes sont pris en chasse dans les couloirs de l’église par leurs collègues zombifiés, évoque beaucoup celle de L’Au-delà. Et ce n’est pas un hasard, dans la mesure où John Carpenter et Lucio Fulci sont sous la même influence : celle d’H.P. Lovecraft, romancier de l’horreur indicible et des démons intérieurs. Prince des ténèbres retrouve ainsi l’atmosphère oppressante et l’unité de lieu qui firent le succès de Fog, tout en se permettant quelques écarts franchement gore, notamment lorsqu’un homme tombe littéralement en morceaux, son corps étant envahi par des milliers de scarabées. Fidèle à ses habitudes, Carpenter clôt son récit sur une fin ouverte et inquiétante, laissant vagabonder à loisir l’imagination du spectateur.
© Gilles Penso
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