Un western spaghetti post-apocalyptique qu'Enzo G. Castellari réalise sous forte influence de Mad Max 2
I NUOVI BARBARI
1983 – ITALIE
Réalisé par Enzo G. Castellari
Avec George Eastman, Timothy Brent, Anna Kanakis, Fred Williamson, Ennio Girolami, Venantino Venantini, Massimo Vanni
THEMA FUTUR
Les amateurs des photocopies de Mad Max 2 seront aux anges avec Les Nouveaux barbares, une œuvrette franchement divertissante qui pille sans vergogne le road movie de George Miller tout en reprenant à son compte les codes du western spaghetti. Il faut dire qu’Enzo G. Castellari s’était déjà illustré dans le registre du far west italien, avec notamment Django porte sa croix, Cipolla Colt et Keoma. « 2019 : la guerre mondiale nucléaire est terminée » nous annonce-t-on après le générique. Alors que quelques troupes de nomades s’efforcent tant bien que mal de survivre dans le désert, la redoutable horde des Templars sème la terreur, avec pour but ultime la totale annihilation de l’humanité. A la tête de ces barbares tout de blanc vêtus – véhiculant ouvertement une imagerie fétichiste homosexuelle – se trouve le maléfique One (un George Eastman grimaçant dont la chevelure est ici constellée de mèches blanches).
Les Templars sont armés de mitrailleuses qui font des bruits de pistolasers, pilotent des motos tout terrain ou des dragsters reconverties en tanks bourrés de gadgets (le plus ingénieux d’entre eux étant une scie circulaire qui décapite les fuyards) et, tels des Huns, ne laissent que des cendres derrière eux. Quelques pillards viennent ensuite grappiller les miettes abandonnées sur les lieux de chaque massacre, tels des charognards d’un autre âge. Au milieu de tout ce beau monde sévit Skorpion (Giancarlo Prete sous le pseudonyme de Timothy Bent), un sous-Mad Max au volant d’un sous-Interceptor qui mène une vie solitaire, croisant régulièrement la route du sympathique archer Nadir (Fred Williamson, roi de la blaxploitation) et affrontant de temps en temps les Templars qui le défient. Lorsqu’il arrache de leurs griffes la belle Alma (Anna Kanakis), la guerre est ouvertement déclarée. Pour la protéger, Skorpion confie sa protégée à une communauté religieuse que Nadir considère comme une secte étrange (« ils n’adorent qu’un seul Dieu qui est au ciel et qu’ils n’ont jamais vu ! ») et se prépare à la grande bataille finale qui, en toute logique, doit servir de climax au film.
« Vous n'êtes que des cadavres qui marchent ! »
Des poursuites de voitures pseudo-futuristes, des duels à la Sergio Leone, des cascadeurs qui sont éjectés au ralenti chaque fois qu’une explosion retentit, quelques personnages pittoresques (notamment le petit garçon qui répare les voitures), un soupçon de gore (la flèche explosive qui arrache une tête), une scène d’amour en ombre chinoise sous une tente transparente, des dialogues sentencieux (« vous n’êtes que des cadavres qui marchent ! »), des comédiens rodés à la série B, une musique électro-rock de Claudio Simonetti (ex-membre du groupe Goblin) : tous les ingrédients sont réunis pour que le spectateur peu regardant passe une heure et demie agréable sans que ses neurones ne soient trop sollicités. Les Nouveaux barbares ne révolutionne aucunement le genre et ne provoque que rarement la surprise, mais Enzo G. Castellari, grand spécialiste de l’imitation des grands succès du moment (Une Poignée de salopards, la Mort au large, Les Guerriers du Bronx), remplit tranquillement son contrat.
© Gilles Penso
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