Un slasher dans la pure tradition du genre, qui s'assume pleinement et possède un supplément d'âme inattendu
ALL THE BOYS LOVE MANDY LANE
2008 – USA
Réalisé par Jonathan Levine
Avec Amber Heard, Anson Mount, Michael Welch, Whitney Able, Edwin Hodge, Aaron Himelstein, Luke Grimes, Melissa Price
THEMA TUEURS
Tous les garçons aiment Mandy Lane est un slasher dans la pure tradition du genre. Mais au lieu du second degré cinéphilique d’un Scream ou de la brutalité réaliste d’un Wolf Creek, le premier long-métrage de Jonathan Levine emprunte une voie jusqu’alors méconnue : celle de ce qu’on pourrait appeler le « serial killer poétique ». Élégante, enivrante, sa mise en scène collectionne les images nostalgiques d’une période lycéenne atemporelle, capte les insouciances et les frustrations, les petits plaisirs et les grandes douleurs, pour mieux basculer en cours de métrage vers une horreur au premier degré. En ce sens, Tous les garçons aiment Mandy Lane pourrait presque être appréhendé comme un croisement imprévu entre Vendredi 13 et Virgin Suicide.
La jeune fille qui donne son nom au titre, incarnée par Amber Heard, est comme la reine des abeilles trônant au milieu d’une ruche en effervescence. Depuis que l’année scolaire a commencé, tous les lycéens craquent pour elle, cherchant à la conquérir par tous les moyens, quitte à se mettre sérieusement en danger. Mais Mandy Lane ne cède jamais, promenant nonchalamment son innocence le plus loin possible de la testostérone en ébullition. Neuf mois après l’accident qui coûta la vie à l’un de ses prétendants, elle accepte de se joindre à cinq amis dans le ranch texan de l’un d’entre eux. Les parents ayant momentanément déserté les lieux, les cinq adolescents sont livrés à eux-mêmes, bien que le gardien des lieux, un cow-boy ténébreux nommé Garth (Anson Mount), ne les quitte jamais longtemps des yeux. Comme on pouvait le prévoir, les trois garçons présents tentent leur chance à tour de rôle avec Mandy, en vain. L’ambiance reste bon enfant, jusqu’au premier meurtre. Car un assassin encapuchonné rôde dans les environs, armé jusqu’aux dents, et semble être bien déterminé à transformer tous ceux qu’il croise en chair à saucisse. Le week-end entre amis vire alors au cauchemar le plus éprouvant…
Beauté plastique et meurtres sanglants
Une indéniable beauté formelle nimbe Tous les garçons aiment Mandy Lane, notamment via la photographie un brin rétro de Darren Genet et la musique étrange composée par Mark Schulz. Du coup, lorsque le sang se met à couler, le décalage surprend, d’autant que chaque exaction du tueur énigmatique est filmée avec une brutalité et une violence presque insoutenables, à mi-chemin entre un Rob Zombie et un Alexandre Aja. L’amour et la mort se côtoient donc de près ici, à moins qu’ils ne soient très étroitement liés. Qui est ce meurtrier ? Quelles sont ses motivations ? Qu’adviendra-t-il de Mandy Lane ? Le mystère s’éclaircit au cours de la révélation de l’identité du tueur, au milieu du film. Dès lors, l’intrigue prend une dimension nouvelle et s’achemine vers un climax forcément sanglant. Si Tous les garçons aiment Mandy Lane séduit par ses audaces et ses choix esthétiques, on peut tout de même regretter que le scénario de Jacob Forman se plie aussi facilement aux conventions habituelles du slasher, et que le twist final soit aussi artificiel, lorgnant dangereusement du côté de Scream.
© Gilles Penso
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