HOUSE 3 (1989)

Dans ce troisième opus, Lance Henriksen incarne un policier hanté par un tueur en série aux pouvoirs surnaturels…

HOUSE 3: THE HORROR SHOW

 

1989 – USA

 

Réalisé par James Isaac

 

Avec Lance Henriksen, Brion James, Rita Taggart, Dedee Pfeiffer, Aron Eisenberg, Thom Bray, Matt Clark

 

THEMA FANTÔMES I TUEURS I SAGA HOUSE

Toujours produit par Sean S. Cunningham (alias « Monsieur Vendredi 13 »), House 3 est co-écrit par Leslie Bohem et Allyn Warner, ce dernier ayant choisi d’être crédité au générique sous le célèbre pseudonyme d’Alan Smithee, preuve qu’il n’était pas très fier de son travail. Il faut dire que ce troisième House part du mauvais pied. Une semaine après le début du tournage, le metteur en scène David Blyth (Death Warmed Up) est remercié et remplacé par James Isaac. Celui-ci n’a pourtant réalisé aucun film, mais son expérience dans les effets spéciaux, notamment aux côtés de Chris Walas sur Le Retour du Jedi, Gremlins, Enemy et House 2, en fait visiblement le candidat idéal. Isaac réalisera plus tard Jason X, Skinwalkers et Pig Hunt, avant de s’éteindre en 2012 à l’âge de 51 ans. Comme le montrait déjà House 2, les films de cette franchise ne sont pas reliés entre eux narrativement. Le seul point commun est le choix d’une maison comme lieu principal de manifestations surnaturelles effrayantes. Le ton a d’ailleurs radicalement changé dans ce troisième opus. Après les traits d’humour du premier et les écarts burlesques du second, l’intrigue s’appréhende ici au premier degré, se teintant d’une noirceur qui tranche avec le style des films précédents.

House 3 adopte d’abord les codes d’un film policier constellé de détails macabres : des mains coupées, des têtes tranchées, des bras arrachés, des litres de sang projetés sur les murs… L’auteur de ces actes immondes est Max Jenke (Brion James), un tueur en série qui compte quelque 110 victimes à son actif. Après un long jeu du chat et de la souris, le policier Lucas McCarthy (Lance Henriksen) finit par l’arrêter et le jeter derrière les barreaux. Mais ce bain de sang continue de le hanter jour et nuit. McCarthy souffre en effet de visions horribles et de cauchemars récurrents. Tout cela, espère-t-il, prendra fin lorsque Jenke rendra son dernier souffle sur la chaise électrique. Mais l’exécution du tueur ne se passe pas comme prévu. L’homme met dix bonnes minutes à mourir. Avant de rendre l’âme, il se dresse face à Lucas, affreusement calciné, pour lui dire qu’il reviendra le persécuter post-mortem. Et effectivement, le spectre ricanant et électrique de Jenke se libère pour venir harceler celui qui l’a arrêté et pour hanter sa demeure.

L’évadé de la chaise électrique

Le postulat délirant de House 3 évoque irrésistiblement Shocker et Prison, qui sont sortis sur les écrans à la même période et mettent eux aussi en scène un « évadé de la chaise électrique ». Le film repose beaucoup sur la présence charismatique de Lance Henriksen et sur la prestation excessive de Brion James qui s’amuse visiblement comme un fou dans le rôle du tueur au hachoir (ce serait l’un de ses rôles préférés). Hélas, l’intrigue se résume finalement à peu de chose et les situations deviennent vite limitées, au point que James Isaac se fend de quelques effets de sursaut balourds pour tenter de dynamiser les choses. L’entame était pourtant prometteuse et le scénario aurait gagné à entretenir le doute sur la santé mentale du héros. Mais cette ambiguïté fait long feu au profit d’une mécanique de slasher plus routinière. Autre problème : un laxisme total concernant les capacités de cet assassin revenu d’entre les morts. Parfois il se comporte comme un poltergeist qui éteint les ampoules et agite la chaudière, d’autres fois il est soumis aux mêmes lois physiques que les mortels, à moins qu’il ne se téléporte d’un lieu à l’autre ou qu’il imite la voix des autres pour faire des blagues ! Si les créatures délirantes des deux films précédents cèdent le pas à des effets gore plus réalistes, l’atelier d’effets spéciaux KNB nous offre tout de même quelques visions surréalistes, notamment cette dinde fourrée qui se transforme en monstre hybride arborant le visage du tueur, ce ventre de femme enceinte qui gonfle démesurément, ou cette blessure pantelante qui s’ouvre sur une poitrine façon Videodrome. Les séquences sanglantes du film sont d’ailleurs atténuées au montage pour éviter une interdiction aux moins de 18 ans. Face au résultat final, le distributeur MGM décide de retitrer le film Horror Show pour l’exploiter de manière autonome, indépendamment de la franchise House. Dans le reste du monde, il conserve son titre de House 3.

 

© Gilles Penso


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