Un couple sans enfant recueille un jeune garçon amnésique qui possède des facultés intellectuelles et physiques hors du commun. Quel est son secret ?
Né à Sydney, le réalisateur Simon Wincer fait ses débuts au sein de la télévision australienne, pour laquelle il dirige des centaines d’épisodes de séries entre 1972 et 1980. Son premier long-métrage pour le cinéma, Harlequin, est très remarqué à travers le monde pour son approche surprenante du fantastique, de la magie et du surnaturel. Après le drame familial Phar Lap, il se laisse bercer par les sirènes hollywoodiennes et dirige son premier film américain : D.A.R.Y.L. Co-écrit par David Ambrose (Nimitz retour vers l’enfer), Allan Scott (Ne vous retournez pas) et Jeffrey Ellis (dont ce sera le seul titre de gloire), le scénario du film contient un twist important. La Columbia s’efforce donc de le conserver secret et de ne pas révéler ce que les initiales du titre cachent. Les fuites sont évitées tout au long du tournage, qui se déroule pendant huit semaines dans les célèbres studios britanniques Pinewood, puis dans des extérieurs naturels captés à Orlando, en Floride et en Caroline du Nord.
A la suite d’un spectaculaire accident dont il semble avoir échappé par miracle, Daryl (Barret Oliver), un jeune garçon de dix ans, erre sur la route, totalement amnésique. L’enfant est recueilli par Joyce et Andy Richardson (Mary Beth Hurt et Michael McKean), un couple sans enfants avec lequel il sympathise immédiatement. Daryl apparaît comme un enfant très ordonné, bien élevé et surdoué. Ses facultés intellectuelles et physiques sont en effet hors du commun. Mais quelques mois après l’arrivée de Daryl chez les Richardson, un couple vient le rechercher. Ce ne sont pas ses parents biologiques, comme on aurait pu le croire, mais des scientifiques au service d’une puissance agence gouvernementale liée à l’armée. Quant à Daryl, ce n’est définitivement pas un enfant comme les autres…
L’enfant venu d’ailleurs
D.A.R.Y.L. est une œuvre assez surprenante qui commence à la manière d’une comédie dramatique sur le thème de l’adoption et de l’enfant surdoué, puis bascule aussi soudainement qu’étonnamment dans la science-fiction pure et dure. Passé le retournement de situation mis en place à mi-parcours de l’intrigue, le milieu du film connaît un passage à vide qui accuse de sérieuses pertes de rythme. Car rien d’aussi fort que cette surprise, d’un point de vue dramaturgique, n’attend dès lors le spectateur. Le film se rattrape en structurant son dernier acte autour d’une course-poursuite haletante, intégrant quelques cascades automobiles très spectaculaires et un prototype d’avion futuriste qui évoque beaucoup celui du Firefox de Clint Eastwood. Il faut saluer la solidité de la mise en scène de Simon Wincer, aussi à l’aide avec les scènes intimistes qu’avec l’action mouvementée. Le film bénéficie aussi du jeu très convainquant du petit Barret Oliver, héros du court-métrage Frankenweenie de Tim Burton et de L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen. E.T., War Games et même le mythe de Frankenstein semblent avoir beaucoup influencé le scénario de D.A.R.Y.L. dont on regrette surtout cette vision caricaturale de la vie banlieusarde américaine, de toute évidence héritée des productions Amblin. Nous nous serions volontiers passés de ces interminables parties de base-ball, de cette cellule familiale débordant de mièvrerie et de ce happy end d’une désarmante facilité.
© Gilles Penso
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