Une production Roland Emmerich qui sature l'écran d'araignées géantes soudain lâchées dans la nature
EIGHT LEGGED FREAKS
2002 – USA
Réalisé par Ellory Elkayem
Avec David Arquette, Kari Wuhrer, Scott Terra, Scarlett Johansson, Doug E. Doug, Rick Overton, Leon Rippy, Matt Czuchry
THEMA ARAIGNEES
La promotion faite autour de Arac Attack évoquait beaucoup celle de L’Invasion des araignées géantes en 1975, sauf qu’ici, avec Roland Emmerich et Dean Devlin à la production, les images de synthèse haut de gamme de la compagnie CFX et le fantasticophile Ellory Elkayem derrière la caméra, on s’attendait tout de même à autre chose que la série Z de Bill Rebane. Et effectivement, les séquences spectaculaires et audacieuses abondent dans Arac Attack, d’autant que le mélange de plusieurs espèces d’araignées géantes permet de varier les plaisirs : les sauteuses qui poursuivent une équipe de motocross, la tarentule colossale qui renverse voitures et camions sur la route, les tisseuses qui enferment leurs victimes dans un cocon…
La qualité de la 3D est variable, oscillant entre l’hyperréalisme et l’animatique de jeu vidéo, mais dans l’ensemble la dynamique des arachnides est mise en scène avec beaucoup d’efficacité. D’autant que le film, ne s’embarrassant pas des longues séquences d’exposition généralement de mise dans les films catastrophe, ne connaît guère de pertes de rythme, entrant assez vite dans le vif du sujet. Question scénario, il faut avouer que Elkayem ne s’est pas excessivement creusé les méninges. Le gigantisme soudain des bestioles octopodes est simplement expliqué par des produits chimiques déversés accidentellement dans l’eau par un camionneur distrait, comme dans les années 50. L’eau contaminée est absorbée par des insectes, eux-mêmes croqués par les nombreuses araignées que possède le propriétaire d’une ferme exotique interprété par Tom Noonan, l’inoubliable tueur du Sixième sens. Dès lors, les arachnides se mettent à croître plus que de raison, envahissant bientôt une tranquille petite ville d’Arizona qui répond au doux nom de Prosperity.
Des monstres conçus pour le grand public
Fidèles à leurs habitudes, Emmerich et Devlin puisent leur inspiration dans les productions Spielberg. Mais ici, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, c’est moins Arachnophobie que Gremlins qui sert de mètre étalon. Les araignées géantes sont blagueuses, elles attaquent les habitants avec une bonne humeur apparente, et elles poussent même des petits cris façon Mogwaïs ! Cette approche évacue forcément tout potentiel horrifique, et les amateurs d’épouvante en sont pour leurs frais. Pour suivre cette logique “familiale”, le gore ne pointe jamais le bout de son nez, et même la séquence des arachnides qui emplissent la bouche d’un ouvrier tourne à la farce. Nous sommes bien loin des débordements de L’Au-delà ! Cette tendance au spectacle grand public est confirmée par la gentille bluette entre David Arquette et Kari Wuhrer, qui sous-tend mollement l’intrigue générale. Du coup, l’assaut final dans le supermarché laisse un peu indifférent, malgré des clins d’œil manifestes au Zombie de George Romero, tout comme le happy end assez convenu. Le court-métrage Larger Than Life, qu’Ellory Elkayem réalisa en 1997 et qui ne mettait en scène qu’une seule héroïne et qu’une seule araignée, était à vrai dire bien plus efficace que cette superproduction très modérément inspirée.
© Gilles Penso
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