Dans le futur, certains conflits sont réglés grâce à une unité de combat secrète équipée d’armes et de véhicules sophistiqués…
MEGAFORCE
1982 – USA / HONG-KONG
Réalisé par Hal Needham
Avec Barry Bostwick, Michael Beck, Persis Khambatta, Edward Mulhare, Henry Silva, George Furth, Mike Kulcsar, Ralph Wilcox, Evan C. Kim, Anthony Pena
THEMA FUTUR
Malgré les apparences, Megaforce n’est pas une énième série B post-apocalyptique s’inspirant du succès de Mad Max 2 mais une superproduction ambitieuse de 20 millions de dollars confiée à Hal Needham, ancien cascadeur star (avec plus de cent films à son actif) devenu réalisateur spécialisé dans le cinéma d’action tout public (Cours après moi shérif, L’Équipée du Cannonball). La Golden Harvest, qui finance le film, croit suffisamment en son potentiel pour dépenser sans compter : une impressionnante armada de véhicules et d’armes futuristes conçus par William Frederick, l’utilisation d’effets visuels de pointe tels l’Introvision (un système de projection frontale alors expérimental) et le Zoptic (inventé à l’occasion de Superman), une figuration nombreuse, des cascades, des effets spéciaux, de la pyrotechnie, bref du gros spectacle en perspective. Mais le film manque singulièrement de vision et de cohésion artistique, comme si le réalisateur ne savait pas trop comment gérer cette énorme « boite de jouets » à sa disposition. Le problème se ressent dès le casting. Pourquoi choisir des seconds rôles aussi savoureux que Persis Khambatta (révélée dans le rôle de la troublante Ilya de Star Trek le film) et Henry Silva (une « gueule » habituée à jouer les seconds couteaux mémorables) pour ne rien leur offrir à faire, si ce n’est minauder bêtement pour l’une, ricaner hystériquement pour l’autre, puis disparaître pendant la grande majorité du métrage ? Tout repose donc sur le héros incarné par Barry Bostwick, dont la spectaculaire absence de charisme, les poses super-héroïques ridicules, le sourire crispé et la coupe de cheveux improbable jouent singulièrement en défaveur du film.
Dès le générique de début, scandé par la musique outrageusement « eighties » de Jerrold Immel, on sent bien que Megaforce nous entraîne sur le terrain glissant du nanar qui s’ignore. Nous sommes dans un futur proche, où la paisible République de Sardun (totalement imaginaire) subit l’agression de l’armée de Gamibie (tout aussi fictive). Incapables de se défendre contre cette invasion, les autorités de Sardun sollicitent le général Byrne-White (Edward Mulhare) et le major Zara (Persis Khambatta) pour trouver une solution. Tous deux partent donc dans le désert à la rencontre de la Megaforce, une armée secrète composée de soldats internationaux équipés d’armes et de véhicules de pointes bourrés de gadgets high-tech. Leur commandant Ace Hunter (Barry Bostwick) accepte de mener une mission d’envergure visant à détruire les forces de Gamibie, lesquelles sont dirigées par son rival et ancien camarade de régiment le duc Guerera (Henry Silva)…
Tanks, bombardiers et motos volantes
Sur ce prétexte scénaristique co-écrit par Hal Needham, James Whittaker, Albert S. Ruddy et Andre Morgan, Megaforce s’efforce d’en donner aux spectateurs pour son argent. Mais comment prendre au sérieux ces motards en tenue ultra moulante qui chevauchent en éclatant de rire leurs motos customisées puis s’enfoncent dans une base secrète futuriste cachée à l’intérieur d’une grotte, comme dans un vieux James Bond ? Comment croire à ce chef de commando au look de patineur artistique qui tente régulièrement de petits traits d’humour désopilants sans parvenir à dérider les spectateurs ? Comment ne pas soupirer d’impatience face à ces séquences interminables de saut en parachute ou de décollage de bombardiers qui semblent avoir pour seul but d’amortir les frais engagés sur le film ? Car de ce point de vue, Megaforce n’y va pas avec le dos de la cuiller : les motos défilent par trentaines, les avions nous offrent de beaux numéros aériens, d’impressionnantes rangées de chars d’assaut défilent dans le désert… Mais nous assistons à ce défilé de véhicules et à ce déferlement d’explosions sans nous intéresser réellement à ce qui se passe sur l’écran, dans la mesure où les scènes de batailles ressemblent à des démos de cascadeurs et de pyrotechniciens expurgées du moindre enjeu dramatique. Et puis vient ce moment surréaliste où le fier Ace Hunter s’envole dans les airs avec sa moto soudain délivrée des lois de la pesanteur, via un trucage optique tellement maladroit qu’il provoque d’irrépressibles éclats de rire. Comme on pouvait s’y attendre, Megaforce fut un gigantesque flop au box-office, ne rentra jamais dans ses frais et ne donna naissance à aucune suite.
© Gilles Penso
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