Highlander le retour partait dans des délires tellement excessifs qu'il fallait inverser la vapeur. D'où ce troisième opus qui imite sagement le premier film
HIGHLANDER 3 : THE SORCERER
1994 – USA
Réalisé par Andy Morahan
Avec Christophe Lambert, Mario Van Peebles, Deborah Unger, Mako, Raoul Trujillo, Jean-Pierre Perusse
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA HIGHLANDER
Renié par tous ceux qui y ont participé, rejeté sans appel par tous les fans du premier Highlander, Highlander 2 était un film embarrassant à plus d’un titre, mêlant dans l’anarchie la plus totale les mythes ancestraux et la science-fiction futuriste en accumulant toutes les fautes de goût possibles et imaginables. La franchise semblait donc morte dès son second épisode. Mais la force du concept initial laissait espérer quelques variantes potentielles, pour peu qu’on fasse abstraction de cette suite. Une série télévisée fit donc suite au premier film, avec Adrian Paul dans le rôle vedette, et remporta un certain succès auprès du public. L’idée d’un nouveau long-métrage ne tarda pas à germer, et c’est Andy Morahan, réalisateur jusqu’alors de clips prestigieux (pour Gun’s and Roses, Michael Jackson, Elton John), qui s’installa sur la chaise du réalisateur. Et Christophe Lambert de réendosser sans conviction le rôle de Connor McLeod. D’autant que cet Highlander 3 cherche tant à ignorer le deuxième film qu’il bascule dans l’excès inverse, se contentant d’imiter platement le premier opus. Tout y est donc soigneusement reproduit (méchant médiéval, combats à l’épée, flash-backs ponctuant l’intrigue, apprentissage initiatique…) mais avec mille fois moins de talent.
Highlander 3 démarre dans le Japon du moyen-âge. Connor MacLeod y poursuit sa formation chez Nakano, successeur spirituel de Ramirez et ersatz de Yoda qui demande notamment à son élève d’intercepter des balles avec un sabre alors qu’il a les yeux bandés (ceux qui se souviennent de l’apprentissage de Luke Skywalker dans La Guerre des étoiles reconnaîtront l’influence directe de la scène en question). Mais attention : un grand danger menace le Highlander. Pour le protéger de Kane (Mario Van Peebles) et de ses sbires, Nakano fait s’écrouler la montagne de Niri. Et hop, nous voilà au vingtième siècle, alors qu’une équipe d’archéologues découvre les lieux. Or en 400 ans, Kane a acquis une partie des pouvoirs de Nakano, posédant dès lors le statut de maître de l’illusion. Maintenant, il veut retrouver MacLeod et le décapiter vite fait bien fait pour assouvir sa soif de conquête….
Un final à la Terminator 2
Certes, Andy Morahan ne manque pas de style : caméras virevoltantes, éclairages extrêmement sophistiqués, clignotements des lumières, montage nerveux… Mais tous ces effets ne sont que des caches misère et ponctuent un peu vainement l’intrigue jusqu’au final, calqué sur celui de Terminator 2. Le décor y est similaire (une usine abandonnée) et le méchant, à l’instar du T-1000, imite les traits de l’héroïne pour tromper MacLeod. Le reste est à l’avenant, alignant sagement les clichés. Lambert semble de moins en moins concerné par son personnage, Deborah Unger s’avère peu crédible dans le flash-back de la Révolution française, et seul Mario Van Peebles tire son épingle du jeu, en méchant pittoresque succédant logiquement à Clancy Brown et Michael Ironside. On en vient sincèrement à se demander laquelle des deux séquelles est la pire : Highlander 2, qui n’avait quasiment plus rien à voir avec l’original, ou Highlander 3, qui imite son modèle jusqu’à l’outrance.
© Gilles Penso
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