Un Mad Max à la française avec Johnny Hallyday dans le rôle principal ? En théorie, ça ressemblait à une bonne idée…
TERMINUS
1987 – FRANCE
Réalisé par Pierre-William Glenn
Avec Johnny Hallyday, Karen Allen, Jürgen Prochnow, Gabriel Darmon, Julie Glenn, Djeter Schidor, Dominique Valera
THEMA FUTUR
Avant de s’attaquer à Terminus, Pierre William Glenn avait déjà réalisé un court-métrage, un film documentaire et un drame avec Fanny Ardant et François Cluzet, Les Enragés. Mais il s’était surtout affirmé comme l’un des chefs opérateurs les plus doués de sa génération, signant la lumière d’œuvres aussi diverses que La Nuit américaine, Le Juge et l’assassin ou Coup de torchon. L’annonce de son prochain long-métrage en tant que réalisateur fut relayée par une importante campagne publicitaire nous présentant Johnny Hallyday, relooké et peroxydé, comme un digne successeur de Mel Gibson dans la trilogie Mad Max. Mais à la vérité, Terminus est une foire d’empoigne laborieuse qui n’a pas grand-chose à voir avec les films post-apocalyptiques de George Miller.
Dans un futur proche, les hommes se livrent à une course de camions dans laquelle tous les coups sont permis pour arrêter l’adversaire. Jusqu’à présent, personne n’est parvenu à atteindre le Terminus, une base technique installée en plein désert. Dans cette nouvelle course, le seul concurrent est « Monstre », un camion équipé d’un ordinateur et piloté par une femme, Gus (Karen Allen). Cette course, qui est suivie depuis le quartier général de Terminus par l’énigmatique Docteur (Jurgen Prochnow) et le petit génie de l’informatique Mati (Gabriel Damon), intéresse grandement le démoniaque Monsieur qui va tout faire avec le camion fantôme « Petit Frère » pour empêcher « Monstre » d’atteindre son but. Stomp (Hallyday), un prisonnier en cavale, va bientôt se retrouver au volant de ce dernier, seul espoir d’évasion pour lui.
« Petit Frère » contre «Monstre »
Quel dommage de gâcher autant d’argent, d’effets spéciaux, de cascades spectaculaires et de décors de qualité ! « C’est le plus gros travail que j’ai jamais effectué », nous confiait Jacques Gastineau, responsable des designs et des effets spéciaux. « Nous avions trois millions de francs pour réaliser les effets spéciaux. Ce labeur harassant nous a sollicités pendant onze mois ininterrompus, car j’avais sous ma responsabilité les camions futuristes, les décors, les accessoires, les objets, les enfants-mutants… » Et de conclure en soupirant : « malgré tout ça, c’est un mauvais film » (1). On ne peut hélas que donner raison à Gastineau. Dénué de rythme, de direction d’acteur, voire de trame digne de ce nom, Terminus se traîne péniblement sans que le spectateur ait la possibilité de s’y projeter et de s’y intéresser. Il faut dire que le scénario n’offre pas de grandes occasions de se démarquer utilement des films de George Miller dont il semble vaguement s’inspirer. D’autre part, Karen Allen et Jürgen Prochnow, pourtant des valeurs sûres, sont manifestement peu concernés par leurs personnages. L’absence totale de direction artistique empêche enfin d’assurer une quelconque unité esthétique entre les différentes composantes du film, affublé en outre d’une photographie banale signée Jean-Claude Vicquery. Ce travers surprend évidemment beaucoup de la part de Pierre William Glenn, qui s’en tiendra là en matière de mise en scène et reprendra avec talent ses activités de chef opérateur.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1995
© Gilles Penso
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