Pour son tout premier rôle au cinéma, Jennifer Aniston affronte un lutin diabolique incarné par la star de Willow !
LEPRECHAUN
1993 – USA
Réalisé par Mark Jones
Avec Warwick Davis, Jennifer Aniston, Ken Olandt, Mark Holton, Robert Hy Gorman, John Sanderford, Shay Duffin, Pamela Mant
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA LEPRECHAUN
Scénariste pour la télévision depuis la fin des années 70 (principalement au service de séries animées comme Scoubidou, Capitaine Caverne, Mister Magoo, Yogi Bear, mais aussi sur des épisodes de L’homme qui tombe à pic, Riptide, Rick Hunter, L’Agence tout risque), Mark Jones décide de passer au format cinéma et d’en profiter pour faire son baptême de metteur en scène. Pour y parvenir avec un budget raisonnable, Jones se laisse tenter par l’idée d’un film d’horreur contenant quelques éléments humoristiques. Séduit par l’approche des Gremlins et des Critters, il cherche à varier les plaisirs avec un autre monstre miniature ricanant susceptible de mener la vie dure à un petit groupe de héros. C’est en se laissant inspirer par la mascotte des céréales Lucky Charms que Mark Jones développe le concept d’un lutin irlandais légendaire se transformant en psycho-killer surnaturel prêt à tout pour retrouver son or. La compagnie Trimark, qui cherche alors à développer son activité de production et de distribution de longs-métrages, flaire là un filon intéressant et donne son feu vert. Pour incarner le petit monstre, le choix se porte assez naturellement sur Warwick Davis, qui connaît alors un petit passage à vide après avoir incarné avec succès le personnage-titre de Willow, et accepte avec enthousiasme, troquant son accent anglais natif contre des intonations irlandaises volontairement exagérées. Le rôle féminin principal, quant à lui, est attribué à une débutante qui impressionne beaucoup Mark Jones lors des séances de casting : Jennifer Aniston.
C’est sans prélude que démarre Leprechaun. Après un plan énigmatique où la créature plongée dans la pénombre se lance dans une ode à son précieux trésor en parfait émule de l’Harpagon de Molière, un homme nommé Dan O’Grady (Shay Duffin) revient dans sa maison du Dakota après un séjour en Irlande où il a subtilisé un sac d’or appartenant au Leprechaun. Mais le farfadet l’a suivi et entend bien récupérer son dû, quitte à semer la mort sur son chemin. O’Grady cache le trésor et enferme le monstre dans une malle en posant un trèfle à quatre feuilles sur le couvercle pour s’assurer qu’il ne sortira pas. Dix ans plus tard, JD (John Sanderford) et sa fille Tory (Jennifer Aniston) quittent Los Angeles pour s’installer à la campagne, précisément dans l’ancienne maison d’O’Grady. Esquissant déjà le rôle d’enfant gâtée snobe au franc-parler qui fera la popularité du personnage de Rachel Green, la future star de Friends s’horrifie face à cette mansarde poussiéreuse couverte de toiles d’araignées. « A qui l’as-tu achetée, à Dracula ? », demande-t-elle à son père. Tous deux sont bientôt rejoints par un improbable trio de jeunes peintres en bâtiment venus les aider à retaper la maison. Mais ils réveillent par mégarde le Leprechaun et la panique s’installe bientôt…
La ruée vers l’or
Leprechaun semble sans cesse hésiter entre la tonalité d’un conte pour enfants (les gentils Ozzie et Alex qui découvrent un sac d’or au pied d’un bel arc-en-ciel) et celle d’un film d’horreur pour adolescents (avec quelques morts brutales assez gratinées). Ce grand écart s’explique par des changements de cap successifs en cours de production. Warwick Davis, qui trouve le scénario trop violent et trop premier degré, insiste pour ajouter une bonne dose d’humour. Le petit film d’horreur initialement envisagé se transforme donc quelques jours avant le début du tournage en comédie d’épouvante. Mais en voyant le résultat, les producteurs trouvent qu’il n’est pas assez ciblé vers les teenagers. Mark Jones revoit donc sa copie et part tourner des scènes gore additionnelles. En charge de ces séquences sanglantes, le maquilleur Gabe Bartalos (Frère de sang) est aussi responsable du design très réussi du lutin, un croquemitaine haut comme trois pommes que Davis incarne à merveille. Décomplexé, drôle, suffisamment insolite et improbable pour distraire raisonnablement, Leprechaun est tout de même un film au concept très limité qui aurait pu sombrer dans un oubli légitime. Seulement voilà : en 1994, la série Friends cartonne sur les petits écrans et transforme Jennifer Aniston en superstar. De fait, les ventes VHS et DVD de Leprechaun explosent soudain et marquent le point de départ d’une saga à l’incroyable longévité.
© Gilles Penso
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