Produit en marge de la série officielle, ce James Bond "dissident" permet à Sean Connery de faire définitivement ses adieux à l'agent 007
NEVER SAY NEVER AGAIN
1983 – GB
Réalisé par Irvin Kershner
Avec Sean Connery, Klaus Maria Brandauer, Max Von Sydow, Kim Basinger, Barbara Carrera, Bernie Casey, Rowan Atkinson
THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND
On peut légitimement se demander ce qui poussa Sean Connery à reprendre le smoking de James Bond douze ans après Les Diamants sont éternels, alors qu’il avait justement clamé haut et fort « jamais, plus jamais ! ». Les plus cyniques argueront que le succès modeste des films qu’il interpréta dans l’intervalle (notamment les inénarrables Zardoz et Meteor) le motiva probablement, mais la genèse de ce James Bond « pirate », réalisé et produit en marge de la saga officielle d’Albert Broccoli, remonte au début des années 60. A cette époque, Ian Fleming céda les droits de son roman « Opération Tonnerre » à Kevin McClory. Celui-ci produisit donc la première adaptation avec Connery en 1965, puis proposa au comédien de co-écrire avec Len Deighton le scénario d’un remake. A cause des difficultés juridiques liées au projet, celui-ci stagna jusqu’à ce que l’avocat et producteur Jack Schwartzman parvienne enfin à le concrétiser.
Une équipe étrangère à l’univers 007 se trouve donc derrière la caméra, notamment Irvin Kershner, réalisateur de L’Empire contre-attaque, Douglas Slocombe, chef opérateur des Aventuriers de l’Arche Perdue, Lorenzo Semple Jr, scénariste de Flash Gordon, et Michel Legrand, compositeur attitré de Jacques Demy. Ici, James Bond ne bénéficie plus de l’entière confiance de ses supérieurs et doit faire à nouveau la preuve de ses capacités physiques. Envoyé dans un établissement spécialisé pour y subir une cure de jouvence, l’agent 007 doit cependant reprendre rapidement du service pour combattre le diabolique Blofeld et son organisation le S.P.E.C.T.R.E. Utilisant Maximilain Largo, le S.P.E.C.T.R.E. a réussi à détourner deux missiles et menace de les utiliser si les grandes puissances n’acceptent pas ses conditions. Comme son titre l’indique, Jamais plus jamais tourne en dérision les propres propos d’un Sean Connery qui assume là pleinement son âge respectable (53 ans et une moumoute toute neuve). D’où une forte propension au second degré, assortie d’un casting surprenant.
La guerre des James Bond
Si les James Bond Girls sont comme toujours d’incontestables beautés (la débutante Kim Basinger et l’exotique Barbara Carrera), le maléfique Largo, bedonnant, borgne et grimaçant dans Opération Tonnerre, est ici interprété par le jeune et sympathique Klaus-Maria Brandauer, tandis que Felix Leiter, d’habitude blanc comme neige, est devenu le Noir Bernie Casey, que le chauve Blofeld a pris les traits affables de Max Von Sydow, et que « M », que l’on connaît âgé, dégarni et vénérable, est ici le jeunot Edward Fox… Il fallait tout de même oser ! Les dialogues jouent volontiers la carte du double sens salace (« Je suis toute mouillée ! » s’exclame la fatale Fatima Blush en se jetant dans les bras d’un Bond imperturbable qui rétorque « heureusement que mon Martini Dry est resté sec »). Ce grand moment d’action et d’humour sortit sur les écrans quelques mois après Octopussy, mais la « Guerre des James Bond » annoncée avec délectation par la presse n’eut pas vraiment lieu, chacun des deux films ayant connu les fastes du box-office tout en séduisant un public aux anges: deux 007 la même année, c’était presque trop beau pour être vrai !
© Gilles Penso
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