Blade remporta un certain succès auprès du public, d’autant qu’il s’était affirmé comme la première adaptation cinématographique d’un personnage Marvel digne de ce nom. Une séquelle fut donc aussitôt envisagée, mais Stephen Norrington décida de ne pas la diriger, afin d’éviter de se répéter. La réalisation fut alors confiée à Guillermo del Toro, qui avait déjà abordé le thème du vampirisme de manière très expérimentale dans Cronos avant de mettre en scène Mimic, son premier film hollywoodien. Or en se réappropriant le légendaire personnage de Blade, Del Toro trouve enfin le parfait équilibre entre sa sensibilité artistique et les contraintes d’une superproduction de studio, menant tambour battant une séquelle très supérieure au film original. Le scénario de David S. Goyer, truffé de rebondissements et de chausse-trappes, s’articule autour d’un commando de vampires dirigé par l’arrogant Reinhardt (l’excellent Ron Perlman) que Blade est obligé d’épauler pour lutter contre un ennemi commun des plus redoutable : le Faucheur, un mutant insensible à l’argent, au pieu et à l’ail, et se nourrissant du sang des vampires !
Et c’est parti pour 100 minutes d’action ininterrompue, propres à ravir les fans d’horreur, d’arts martiaux et d’effets spéciaux spectaculaires. Dans ce dernier domaine, le mélange de 3D et de maquillages spéciaux permet de visualiser l’ouverture des hideuses mâchoires des Faucheurs, conçues comme des gueules carnassières multiples et visqueuses qui rappellent celles d’Alien et de Predator. Les trucages numériques permettent également de mettre en scène d’étonnantes désintégrations lorsque les vampires sont touchés par des balles d’argent ou lorsque les Faucheurs sont exposés à la lumière du jour. Les combats, très nombreux et pourtant jamais répétitifs, s’inscrivent dans l’héritage logique du cinéma de Hong-Kong et des jeux vidéo, mais sans pour autant marcher sur le terrain balisé par Matrix. Plus charismatique que jamais, Wesley Snipes mouille une fois de plus sa chemise et délivre au passage la célèbre réplique « garde tes amis proches de toi et tes ennemis encore plus proches », se référant ainsi à Sun Tzu comme il le fit déjà dans Passager 57, Soleil levant et L’Art de la guerre.
Le sang des vampires
Au beau milieu de cette frénésie musclée, Blade 2 se permet pourtant une poignée de moments franchement émouvants, comme dans la scène où Blade offre son sang à Nyssa (Leonor Varela) pour qu’elle survive, ou au cours d’un dénouement magnifique et poignant. Emaillant le film de références à d’autres héros de comic books (Daredevil, Docteur Strange, Hellboy), Guillermo del Toro se permet aussi quelques touches d’humour irrésistibles. Témoin ce passage où un personnage à qui Blade demande « êtes-vous humain ? », lui répond sans sourciller « à peine, je suis avocat » ! Blade 2 est donc une surprise permanente, un cinéma jouissif et extrême qui fait vraiment plaisir à voir. Et pour ne rien gâter, Marco Beltrami a remplacé Mark Isham, qui avait signé une bande originale sombre et planante dans le premier Blade, pour composer une musique pleine d’emphase et d’énergie.
© Gilles Penso
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