Dans ce second Frankenstein produit par la Hammer, Peter Cushing ranime un monstre qui semble tout droit échappé du studio Universal…
THE EVIL OF FRANKENSTEIN
1963 – GB
Réalisé par Freddie Francis
Avec Peter Cushing, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont, Sandor Eles, Katy Wild, David Hutcheson, James Maxwell, Kiwi Kingston
THEMA FRANKENSTEIN
La sortie de La Revanche de Frankenstein divisa l’opinion et ne remporta pas le succès escompté. Pour le second opus de cette relecture en couleurs du roman de Mary Shelley, la Hammer changea son fusil d’épaule en récupérant tout un tas d’éléments des films de la série Universal, ignorés jusqu’alors par la firme britannique : folklore de l’Europe de l’Est, monstre mort précédemment mais retrouvé vivant et intact… D’où le désistement du réalisateur Terence Fisher et du scénariste Jimmy Sangster, visiblement trop anticonformistes pour s’impliquer dans cet élan rétrograde (Fisher, victime d’un accident de voiture, n’aurait de toutes façons pas pu assurer physiquement la direction du film). Le prologue de L’Empreinte de Frankenstein, nerveux à souhait, s’avère pourtant prometteur. Dans un vieux moulin, Frankenstein y réanime le cœur d’un cadavre volé. Un prêtre surgit soudain dans le laboratoire et détruit tout. Découverts, Frankenstein et son assistant Hans (Sandor Eles) s’enfuient. L’aventure peut alors vraiment commencer.
En fuite, le baron décide de se rendre à Karlstadt afin de vendre le mobilier du château familial et se rééquiper. Mais les villageois n’ont pas oublié son monstre, qui mourut dans la montagne. Profitant de la fête du village, les deux parias passent inaperçus. Mais Frankenstein, comprenant qu’il a été dépossédé de ses biens en voyant l’une de ses bagues au doigt du bourgmestre, se fait repérer. Il gagne alors la montagne avec Hans, où une jeune mendiante sourde-muette (Katy Wild) les conduit dans sa grotte. Le baron y retrouve sa créature, prise dans les glaces, que la jeune femme semble vénérer comme une étrange divinité. Frankenstein ramène le monstre au château et tente en vain de le ranimer. Il demande alors l’assistance du magnétiseur Zoltan (Peter Woodthorpe). Ce dernier réussit sans encombre, mais il en profite pour ordonner à la créature de voler de l’or au village, puis de tuer le bourgmestre et un policier…
Hommage à Karloff ?
On le voit, le scénario d’Anthony Hinds (sous le pseudonyme de John Elder) puise largement son inspiration dans Le Fils de Frankenstein (le retour dans un village inhospitalier, la découverte de la créature inanimée, Zoltan se servant du monstre pour sa vengeance personnelle comme le fit jadis Ygor), d’autant que le look de la créature imite sans finesse celui de la franchise Universal. En effet, les savants maquillages de Jack Pierce sont ici remplacés par un masque grossier de Roy Ashton recouvrant l’ancien catcheur Kiwi Kingston dont seule la taille et la carrure s’avèrent impressionnantes. Il fallut tout de même que la compagnie Universal donne officiellement son accord pour que le grimage de Boris Karloff serve de source d’inspiration. Le studio américain distribua d’ailleurs le film et y ajouta des séquences quelque peu superflues – notamment une poignée de flash-back avec la mendiante et le monstre – pour sa diffusion télévisée en 1968. Malgré ses maladresses, L’Empreinte de Frankenstein se distingue par une magnifique photographie (Freddie Francis étant avant tout un chef opérateur de talent) et par le jeu toujours savoureux de Peter Cushing. Cette épisode mineur sera suivi par un opus beaucoup plus subversif : Le Retour de Frankenstein.
© Gilles Penso
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